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Jeudi 26 Avril 2007 | 5:00 | Beyrouth |
M. Bishara, qui a présenté sa démission dimanche à l’ambassade israélienne au Caire, « est soupçonné d’avoir fourni des informations au Hezbollah pendant la deuxième guerre au Liban (juillet-août 2006) et d’avoir reçu de l’argent en contrepartie », a indiqué une source policière à l’AFP. À cette fin, il est soupçonné d’avoir « contacté un agent ennemi », a ajouté cette source en soulignant qu’il est « aussi soupçonné d’avoir enfreint l’interdiction de financement d’une organisation terroriste, de blanchiment d’argent ». L’enquête visant M. Bishara est soumise depuis le 26 mars à un black-out de la censure militaire israélienne qui a été partiellement levé hier. M. Bishara a quitté Israël début avril.
M. Bishara, virulent critique de la politique israélienne à l’égard des Palestiniens et proche de la Syrie, a présenté sa démission de la Knesset en annonçant depuis Le Caire qu’il ne retournerait pas pour le moment en Israël. Il se trouvait hier au Qatar.
L’ancien député a démenti ces accusations dans un communiqué publié par son parti, le Rassemblement national démocratique (RND), plus connu sous son acronyme hébreu Balad. « Le docteur Azmi Bishara et le RND démentent catégoriquement les chefs d’accusation fabriqués contre le docteur Bishara. Il s’agit de calomnies éhontées incitant à faire couler son sang en Israël », selon le communiqué. Le texte accuse « l’establishment israélien de chercher à anéantir l’idéologie et les idées du RND qui lui posent un sérieux défi ».
Le porte-parole de la police Micky Rosenfeld a affirmé que M. Bishara avait été « interrogé sous avertissement » à deux reprises avant de quitter le pays, jouissant alors encore de l’immunité parlementaire. « Malgré son engagement, il ne s’est pas présenté aux interrogatoires supplémentaires qui étaient prévus » et dont le dernier devait avoir lieu le 22 avril, a ajouté M. Rosenfeld.
En dépit de sa démission, M. Bishara, 50 ans et qui était député depuis 1996, reste à la tête du RND et entend poursuivre ses activités politiques de l’étranger. Chrétien originaire de Galilée, M. Bishara, docteur en philosophie, défend la conception d’un État d’Israël « pour tous ses citoyens », qui se traduirait en pratique par un partage égal du pouvoir entre les juifs et les quelque 1,2 million d’Arabes de descendance palestinienne dont il est un des représentants les plus connus. Excellent orateur, il est coutumier des provocations qui lui ont valu l’ire de l’establishment en Israël, où plusieurs hommes politiques se sont ouvertement réjouis de sa démission. « Il faut que le procès de Bishara devienne un jugement public contre les Arabes israéliens qui se conduisent comme une cinquième colonne parmi nous », a déclaré hier Arié Eldad, député du parti d’extrême droite Union nationale. « Il faut capturer Bishara. Son véritable visage de traître à Israël a été révélé », a renchéri son collègue Zvoulon Orlev, chef du Parti national religieux.
La Cour suprême d’Israël avait annulé en février 2006 des poursuites engagées contre M. Bishara pour avoir fait l’éloge de la « résistance populaire » contre Israël en 2001 depuis Damas. Un tribunal israélien avait aussi annulé en avril 2003 un acte d’accusation contre lui pour « organisation de voyages illégaux d’Arabes israéliens en Syrie ». Sa dernière visite à Damas remonte à septembre 2006.