Traduction personnelle de l'article au lien suivant :
http://www.iraqslogger.com/index.php/post/2766/Iraqi_Papers_Monday_SIIC_Announces_Itself
Journaux irakiens, ce lundi : le SIIC change de nom
Lors d'une Conference de presse, le SCIRI réformé appelle au Federalisme en Iraq
par AMER MOHSEN Posted 7 hr. 18 min. ago

Az-Zaman
Le journal panarabe al-Hayat fait le compte-rendu d'une conférence de presse, qui s'est tenue à Baghdad, sous les auspices du club dirigeant du Conseil Suprême Islamique Irakien (SIIC, anciennement SCIRI, -NdT : le R signifiant "Révolutionnaire"-) afin d'annoncer et de commenter les derniers changements intervenus dans la plateforme du Parti.
Un communiqué lu par le leader du SIIC, Abd al-Azeez al-Hakim, a confirmé les rapports antérieurs qui proclamaient que le puissant parti shi'ite avait décidé de changer de nom et, plus important, qu'il officialisait son ralliement à l'autorité spirituelle de l'Ayatollah Ali Sistani, considérée comme la référence la plus importante par le Parti.
Le SIIC occupe 30 sièges au sein du parlement irakien et se trouve être, avec le courant Sadriste, le principal acteur au sein de la coalition shi'ite.
Al-Hakim a réitéré l'argument expliquant que l'abandon du terme "révolution" dans l'intitulé du Parti était dû à l'éviction de Saddam Hussein de la scène politique irakienne, faisant, de facto, tombé en désuétude le terme de "révolution".
Un autre leader du SIIC, Rida Jawad Taqi a ajouté, durant la même conférence de presse, que "le Comité Général avait approuvé la nouvelle dénomination en plein accord avec le nouveau système politique irakien, basé sur la Constitution."
Taqi a commencé son exposé en louant "l'autorité religieuse suprême en Iraq", comme étant l'Ayattolah "Ali Al Sistani" et fait le serment de "suivre ses recommandations et le chemin qu'il a tracé".
Les "fuites" précédentes concernant les réformes en cours au sein du SIIC étaient fondées sur le témoignage de leaders souhaitant garder l'anonymat et il y manquait, jusqu'à présent, une confirmation officielle. Plusieurs observateurs sont demeurés, toutefois, sceptiques, face à ces "changements" annoncés en fanfare. La conférence de ce jour pourrait, de ce point de vue, laisser plusieurs questions importantes en suspens.
Parallèlement, le cabinet de communication du SIIC a publié un communiqué protestant contre l'usage médiatique "de propos déformés attribués aux leaders du Parti" et affirmant que le nouvel agenda du parti "n'est dirigé contre personne" ; ce qui constitue probablement une référence à plusieurs analyses prédisant que ces réformes du Parti étaient le signe d'une rupture "brutale" à l'égard de l'Iran.
Cependant, ce communiqué ne dément non plus aucun des changements substantiels discutés dans les précédents reportages médiatiques, et se présente, pour le moins, comme une confirmation de ces allégations.
La sortie du SIIC hors du "parapluie" de Khameinei peut avoir surpris les observateurs (à l'origine, la Constitution du SCIRI déclarait que le parti se soumettait à l'autorité instituée du Wilayat al-Faqeeh, actuellement dirigé par l'Ayatollah Khameinei), en particulier parce que beaucoup des militants formant le noyau dur du SIIC se considèrent eux-mêmes comme de loyaux disciples de l'Ayatollah Khameinei ; mais il y a plusieurs facettes à cette façon de poser la question.
D'une part, seulement une fraction des Shi'ites irakiens sont adeptes de l'Ayatollah Khameinei et adoptent sa doctrine du Wilayat al-Faqeeh. Il n'existe pas de statistiques actualisées pour confirmer ou infirmer ce point de vue, mais beaucoup d'observateurs considèrent Ayattolah Sistani comme étant l'autorité religieuse la plus largement écoutée en Iraq.
Dans le même temps, le SCIRI a été fondé en Iran et accueilli par les institutions de la Révolution iranienne. Les premiers membres du SCIRI étaient essentiellement des Irakiens réfugiés en Iran par centaines de milliers (NdT : à cause des persécutions subies en Irak). Beaucoup d'entre eux sympathisèrent alors avec le nouveau Régime et supportèrent la Révolution islamique, et cela eut pour conséquence qu'ils suivirent aveuglément l'institution du Wilayat al-Faqeeh.
Après la chute du Régime de Saddam Hussein et le retour de nombreux Irakiens de leur exil en Iran, un fossé profond se ressentait dans les rangs du parti, entre ceux propageant une version khomeiniste militante et les partisans du SCIRI local se sentant aliénés par la loyauté peu coutumière de leurs pairs.
Les mêmes dissensions se sont étendues au grand public shi'ite ; les militants de Sadr et Fadhila tendent également à se placer sous l'autorité de Sistani, et les Sunnites ont fréquemment critiqué l'iconographie "iranisée" du SCIRI et l'ont accusé souvent de n'être qu'un instrument manipulé par le Clergé mollachique iranien. La décision du SIIC consistant à prendre ses distances à l'égard de Khameinei peut, sous ce jour, apparaître comme un stratagème bien calculé pour promouvoir le Parti au sein de la population shi'ite.
La conférence de presse a révélé un autre aspect de la nouvelle stratégie du SIIC : Al Hayat affirme que les leaders du SIIC ne cessent de multiplier leurs appels à la création de nouvelles "régions" en Irak. La nouvelle Constitution irakienne permet la formation de "régions" quasi-autonomes à travers le regroupement de plusieurs provinces en une seule unité et la création de conseils représentatifs locaux au sein d'un gouvernement régional de la nouvelle entité.
Cet arrangement a été conçu comme taillé sur mesure pour combler les revendications kurdes, à un moment où le Kurdistan est la seule "région" fédérale de l'Irak. Mais de nombreuses voix s'élèvent pour dénoncer cet article constitutionnel qui s'avérerait être, en fait, un prélude pour une division de facto de l'Iraq en régions shi'ite, kurde et sunnite.
La revendication du SIIC pour la création d'une "Région" shi'ite dans le Sud et le Centre du pays confirme l'opinion selon laquelle les espoirs et intentions du SIIC visent à préconiser une version du "nationalisme shi'ite" pas très éloignée de celle des partis kurdes. Une telle posture pourrait creuser une distinction entre le fédéralisme du SIIC et les Sadristes et Fadhila, foncièrement opposés au fédéralisme et à la division de l'Iraq et qui sont particulièrement actifs dans la poursuite de la plateforme nationaliste irakienne...
(commentaire ajouté : Or, Sadr, actuellement considéré comme réfugié en Iran depuis janvier 2007 (affaire des 5 Pasdaran d'Irbil), est l'allié privilégié des Mollahs : doit-on y voir la conception d'un plan A : tout l'Iraq sous l'influence des Mollahs et d'un plan B : au pire, ils pourraient se contenter du contrôle invisible d'une région prétendument "autonome"?
Cependant, la prise de distance officielle à l'égard de l'Iran peut aussi permettre l'émergence d'un Shi'isme irakien en partie pacifié, libéré de la tutelle iranienne et une forme de ralliement au nouveau paysage constitutionnel irakien, tout en essayant d'en tirer avantage en termes de contrôle de son bassin ethnico-religieux...)