Hani al Kaouasmi avait déjà remis sa démission le mois dernier en raison des violences entre factions palestiniennes, mais avait accepté de rester en poste.

En dépit de la trêve négociée par l'Egypte entre les deux factions palestiniennes, deux hommes ont été tués lundi à Gaza dans des affrontements entre groupes armés du Hamas et du Fatah. En trois jours, le bilan est de sept morts et d'une quarantaine de blessés.

L'accrochage s'est produit dans la ville de Gaza, où une fusillade a opposé plusieurs dizaines d'activistes du Hamas à des officiers de sécurité accompagnant un porte-parole du Fatah. De sources médicales, on précise que les deux victimes appartenaient à l'escorte de Maher Meqdad.

"MINISTRE SANS AUTORITÉ"

Kaouasmi, universitaire sans affiliation politique et quasiment sans expérience sur les questions de sécurité, avait été choisi comme une solution de compromis entre les islamistes du Hamas et les nationalistes du Fatah pour diriger le ministère de l'Intérieur au sein du gouvernement d'unité nationale mis en place à la mi-mars.

Ce poste avait été le plus difficile à attribuer.

Le ministre de l'Intérieur est censé superviser les forces de sécurité. En pratique, la plupart des services sont fidèles au Fatah de Mahmoud Abbas, hormis la puissante Force exécutive créée par le Hamas.

"J'ai informé toutes les parties que je ne pouvais tolérer d'être un ministre sans autorité", a-t-il dit lors d'une conférence de presse. Dans son entourage, on explique que Kaouasmi ne supportait plus la concurrence exercée par des responsables du Fatah sur ses attributions théoriques.

Sa démission fait planer une ombre supplémentaire sur l'avenir du gouvernement unitaire.

"Le gouvernement va débattre de sa démission (...) Nous espérons trouver une solution à très court terme", a dit Ghazi Hamad, le porte-parole du gouvernement. Dans l'immédiat, Haniyeh, un des dirigeants du Hamas, devrait assurer l'intérim.

Au sein du mouvement nationaliste du président Mahmoud Abbas, on estime que les tensions sont si élevées que le gouvernement d'unité nationale est menacé d'éclatement dans les prochains jours s'il n'est pas mis un terme aux effusions de sang.

L'Egypte, agissant en tant que médiatrice, avait obtenu dimanche soir des factions palestiniennes une trêve censée mettre fin aux violences. En vertu de cet accord, les deux factions avaient commencé à retirer leurs forces des rues et à échanger 14 membres du Hamas détenus en otages par le Fatah contre six membres du Fatah détenus par le Hamas.

"Les discussions de la nuit sont comme du beurre: elles fondent au lever du soleil", commente, fataliste, un Gazaouite rencontré lundi matin à proximité d'un barrage établi dans la ville par des hommes armés et masqués.