29 juillet 2007
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"Imams volants" et Reichstags
Par Jonathan S. Tobin
Adaptation française de Sentinelle 5767 ©
"Si vous voyez quelque chose, dites le." Acte de prudence ou phobie raciste ?
Il se trouvait que les seules personnes que je connaissais, qui soient préoccupées du comportement de leurs compagnons de voyage de masse étaient des Israéliens. Mais c’était avant le 11 septembre, « l’homme à la bombe dans la chaussure » d’une ligne aérienne, les attaques des transports ferrés à Madrid, et les attaques suicide à la bombe dans le métro de Londres.
Que vous l’appréciez ou pas, le Mantra : “Si vous voyez quelque chose, dites le” n’est qu’une part de la réalité de la vie dans l’ère de la guerre contre le terrorisme islamiste. De fait, c’est exactement ce type de vigilance de routine de la part d’un jeune employé dans un point de vente de matériel électronique dans une circonscription de la ville, ce printemps, qui a conduit à la découverte d’un complot islamiste local, projetant le meurtre de soldats américains à Fort Dix dans le New Jersey.
Mais alors que ce jeune homme était légitimement fêté pour sa bonne action, d’autres ayant des soupçons tout aussi raisonnables face à un comportement répugnant, peuvent s’attendre à quelque chose de très différent : des poursuites judiciaires.
Soupçons justifiés
Des passagers sur un vol domestique américain à Minneapolis en novembre dernier, ont remarqué six religieux islamiques se comportant de façon suspecte. Ce n’était pas seulement par leurs prières à voix forte à l’embarquement, mais ils ne se sont pas assis à leurs sièges assignés, et se sont répandus à travers l’avion en demandant des extenseurs de ceintures de sécurité non nécessaires.
Effrayés par l’éventualité d’un détournement d’avion, les passagers ont rapporté ce comportement aux autorités. Les six Musulmans, connus sous le non « d’imams volants », ont été interrogés puis relâchés. Mais l’histoire ne se termina pas ici.
Plutôt que d’exprimer leur compréhension de la situation, avec l’aide du « CAIR » (Conseil des Relations Américano-Islamiques), les imams ont accusé tous ceux impliqués dans l’incident de préjugé anti-musulman, et poursuivent en justice les passagers qu’ils ont effrayés.
Le but de cette procédure judiciaire n’est pas seulement de se venger de leur mésaventure, mais d’adresser un message à tous ceux qui associent les Musulmans avec le terrorisme – peu importe à quel point les soupçons peuvent être justifiés – du fait qu’ils devraient songer à deux fois avant de dire quoi que ce soit.
La possibilité de telles poursuites judiciaires, pour ne pas mentionner la certitude que « CAIR » les qualifiera de « racistes », dissuadera ceux qui rapportent une activité suspecte aux autorités, et ainsi facilitera les opérations de terroristes à découvert.
Certains membres du congrès ont répondu à ce problème, en cherchant à ajouter un amendement à une loi sur la Sécurité Intérieure, qui donnerait l’immunité à tous ceux rapportant de bonne foi une activité suspecte dans les transports de masse. Bien que la disposition parrainée par le Républicain Peter King (représentant New York) soit passée dans les deux chambres du congrès, elle pourrait être écartée si des lois concurrentes de la Chambre des Représentants et du Sénat sont conciliées en réunion plénière.
Si cela advient, ce sera parce que certains de nos politiciens sont plus intéressés à leur guerre contre l’administration, que de conférer aux honnêtes citoyens une protection contre les poursuites judiciaires frivoles des coureurs d’appâts islamistes de « CAIR », dont les racines en tant que groupe de soutien au Hamas trahissent leur propre projet extrémiste.
Mais ce n’est pas seulement la partialité qui est au cœur de cette controverse, ou le désir de protéger d’innocents Musulmans de l’humiliation. Ce dont il s’agit, c’est de la légitimité de la guerre contre le terrorisme islamiste.
Un aperçu de ce dilemme a été fourni, assez ironiquement, par le premier Musulman déclaré élu au Congrès : le nouveau député à la Chambre Keith Ellison (représentant Démocrate du Minnesota.).
Ellison a provoqué un cirque regrettable quand certains experts ont exprimé maladroitement leur opposition à sa décision de prêter serment à sa charge en janvier dernier en jurant sur le Coran. Ses défenseurs ont cherché à minimiser la notion que cet ancien partisan de Louis Farrakhan [noir américain converti à l’Islam, et violemment antisémite, Ndt], était autre chose qu’un ardent défenseur des libertés civiles.
Mais lors d’un discours le 8 juillet, Ellison s’est révélé être l’un de ceux qui considèrent le monde d’après le 11 septembre à partir d’un cadre de référence du « CAIR ». Il y compara la réponse de l’Amérique à cette attaque à la manière dont les nazis exploitèrent l’incendie du Reichstag en 1933 à Berlin.
La déclaration n’était pas seulement un exemple classique du style de Michael Moore, d’une haine démesurée contre Bush, mais a révélé une sensibilité qui envisageait de rendre tout l’effort de lutte contre al Qaïda, et les futures attaques terroristes, moins sujettes à être par définition illégitimes. Dans la vision d’Ellison, les efforts tardifs des Américains à s’éveiller à la réalité de la menace islamiste étaient un cauchemar fondé sur une fraude et une phobie de sosies des nazis, et pas ceux d’une nation affirmant son droit à se défendre contre le terrorisme.
Que de tels sentiments existent dans la fièvre des marais aussi bien des extrêmes Droite et Gauche de ce pays n’est pas un secret. Qu’ils soient mis en avant par des membres du Congrès - en particulier un homme adopté par des Musulmans américains comme leur modèle et leur porte-parole – est parlant.
Le discours a aussi provoqué l’une de ces controverses qui illustrent combien sont dénaturés, aussi bien le discours politique et ce que sont devenues les relations interreligieuses collectives
En réponse à l’utilisation d'une analogie nazie inappropriée, l’ADL [Ligue Anti-Diffamation, principale organisation de lutte contre l’antisémitisme aux USA, Ndt] s’est adressée à Ellison. Cherchant une relation amicale plutôt que de dégainer à l’emporte-pièce, l’ADL a rencontré le membre du Congrès pour essayer de le retirer avant le bord du gouffre. Mais bien que le représentant du Minnesota déclare maintenant qu’il est d’accord avec la position de l’ADL, il a été lent à faire marche arrière, et après que l’affaire ait traîné pendant des semaines, le dirigeant du groupe, Abe Foxman, a fini par émettre une déclaration pour le réprimander.
La réaction d’Ellison a été de jouer la victime et de se proclamer « rejeté à l’aveugle » pour la réprimande de Foxman puisqu’il avait enfin l’intention de dire quelque chose, mais qu’il n’en ferait rien désormais. Ainsi, plutôt que l’on se concentre sur les accusations sauvages d’Ellison, c’est Foxman qui a été atteint dans le procès.
Du fait du tour malicieux d’Ellison, la réaction à son discours a été traitée comme l’offense, et pas son appropriation de l’imagerie de l’Holocauste pour diffamer la campagne antiterroriste. La question est devenue l’impatience présumée de Foxman de se faire de la publicité et de « shrei gevalt » [« crier malheur ! », en Yiddish, Ndt], et non pas l’adoption par Ellison de la rhétorique extrémiste.
Mais Foxman avait absolument raison au sujet d’Ellison.
Pendant que l’Amerique dormait
Avant le 11 septembre, l’Amérique dormait face à la menace de terroristes islamistes, et de leurs apologues et justificateurs. Après ce trauma national, la plupart d’entre nous ont commencé de penser au danger et de prendre des mesures.
Il est vrai que le ministère de la sécurité intérieure créé pour coordonner notre défense a été un projet futile décevant. Et la peur d’accusations de racisme de CAIR a conduit au refus d’utiliser les techniques de profilage qui ont transformé les mesures de sécurité sur les lignes aériennes en plaisanteries, telles que des dames âgées pouvant être déshabillées, alors que ceux qui sont plus probablement dangereux sont laissés tranquilles. Mais bien que la possibilité d’une autre atrocité existe, il n’y pas eu de répétition du 11 septembre.
Alors que l’administration doit répondre pour quantité de fautes, le vrai danger est de retourner à l’état d’esprit apathique d’avant le 11 septembre qu’Ellison et ses alliés de CAIR encouragent.
Si nous en sommes rendus au point où ce sont les passagers aériens des USA et Abe Foxman qui sont considérés comme le problème – et non pas les justificateurs du jihad de CAIR, ou bien un membre du Congrès qui considère les députés Républicains comme des nazis – alors nous sommes de retour à la case départ de la guerre contre le terrorisme.
Jonathan S. Tobin est Rédacteur en Chef du “Jewish Exponent” à Philadelphia.
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