Sur France Inter, à l’émission Mémo du dimanche 23 septembre, les auditeurs ont eu droit à un plat réchauffé pour la énième fois : le massacre de Sabra et Chatila, il y a 25 ans.
Ce produit médiatique est devenu un grand classique de la radio, notamment publique. Il est là, dans les tiroirs, prêt à l’emploi.
Mais pourquoi être critique à l’endroit de cette icône médiatique de la guerre du Liban ?
Parce qu’elle illustre deux choses qui n’ont rien à voir avec un travail de journaliste digne de ce nom : un acharnement partial à l’encontre d’Israël et ses alliés d’une part, et une paresse intellectuelle concernant l’Histoire du Liban d’autre part.
Cette petite émission nous rapporte, dans un savant concentré, à peu près tout ce que les médias nous ont répété régulièrement depuis 25 ans.
A savoir la barbarie des milices chrétiennes alliées d’Israël, les cadavres de femmes, d’hommes, d’enfants, Sharon voulant « nettoyer » le Liban, la réprobation internationale, la manifestation de Tel Aviv, le résultat de la commission Khan concluant à l’accusation de non-assistance à personnes en danger, impliquant le Premier Ministre Begin, le Ministre Sharon, le Général Eytan,…
Il faut dire que cette condamnation n’est pas suffisante pour notre ‘’bien-pensance’’ médiatique. Le cuisinier de ce plat re-re-réchauffé, Simon Tivolle, expliquera que « selon certains témoignages » (lesquels ? On n’en saura rien, mais ce n’est pas important…), la responsabilité d’Israël est « bien plus grande que ça ». Ouf ! L’essentiel est dit.
En conclusion, on apprendra que le Liban a décrété une amnistie générale et une amnésie générale à l’encontre des auteurs de massacres, et de celui-là en particulier.
Concernant l’amnistie, on est sûr que pour nos journalistes, elle ne concerne pas Israël…
Quant à l’amnésie, à côté de ce plat x fois réchauffé, celle de nos médias est grande, car le nombre de massacres passés aux oubliettes de l’Histoire, durant la guerre du Liban, est grand.
Pour ne citer que quelques-uns parmi les plus importants :
Fin août 1975, plusieurs dizaines de chrétiens assassinés à Zahlé par des musulmans.
Septembre 1975, une centaine de chrétiens assassinés à Tripoli et Zghorta par des musulmans.
Décembre 1975, plusieurs centaines de musulmans assassinés à Beyrouth et ailleurs par des chrétiens.
1976, une centaine de Palestiniens assassinés par des chrétiens (après leur engagement dans les violences anti-chrétiennes…) dans le camp de la Quarantaine.
1976, plusieurs centaines de chrétiens assassinés par des combattants de l’OLP à Damour. (lire sur Primo)
1976, plusieurs milliers de Palestiniens assassinés par les Syriens dans le camp de Tall el Zatar.
Mars 1977, plus de 100 chrétiens assassinés par les Druzes dans le Chouf.
Septembre 1982, plusieurs centaines de Palestiniens assassinés par les milices chrétiennes alliées d’Israël dans le camp de Sabra et Chatila.
Septembre 1983, près de 1500 chrétiens assassinés par les Druzes dans le Chouf.
Mai 1985, plusieurs centaines de Palestiniens assassinés par les Druzes dans le camp de Chatila.
Etc…
Seul celui de septembre 1982 à Sabra et Chatila intéressera vraiment notre média bien-pensant.
Car il présente une excellente occasion de rappeler à l’opinion publique qui est le barbare dans cette région du monde.
D’habitude, ce sont des Juifs. Et là, ce sont des chrétiens alliés avec des juifs. C’est peut-être encore plus parlant…
Un formidable levier pour œuvrer à l’apaisement du monde arabo-musulman ?
Mais peut-être que notre journaliste ne va pas si loin dans le raisonnement…
Entre facilité, paresse intellectuelle et volonté d’accabler le grand méchant, la ligne est peut-être plus floue qu’on ne le pense. Qui sait ?
Jean-Daniel Chevalier © Primo, 25/09/07
Lire à ce sujet Sabra et Chatila : précisions utiles sur Primo