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9 mars 2008 7 09 /03 /mars /2008 17:03

Cécile Hennion, le Monde

samedi 8 mars 2008, sélectionné par Spyworld
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Un débat majeur agite Al-Qaida et le monde très clandestin du djihad international. Deux des principaux idéologues du mouvement djihadiste, Ayman Al-Zawahiri, principal lieutenant d’Oussama Ben Laden, et Sayed Imam Al-Chérif, alias "Dr Fadl", son ancien mentor emprisonné en Egypte, débattent de la notion même de "guerre sainte", des attentats-suicides, des actions menées en terres musulmanes, en Afghanistan, en Irak et ailleurs.

La polémique a débuté en 2007 par un appel d’Imam Al-Chérif à renoncer à toute lutte armée, jugée "improductive" et "en violation des lois du Coran", en terre d’islam comme en Occident. Ayman Al-Zawahiri a apparemment estimé le message suffisamment perturbateur pour rédiger une réponse sous forme d’un livre de 358 pages, téléchargeable sur Internet. Son titre peut être traduit par "Acquittement" ou "Absolution".

Imam Al-Chérif, dans son texte d’une centaine de pages, titré Révisions : document sur les activités du djihad dans le monde et publié en novembre et décembre 2007 dans les quotidiens égyptien Masri Al-Yaoum et koweïtien Al-Jerida, attaquait vivement les chefs d’Al-Qaida. Oussama Ben Laden était qualifié de "traître" envers le mollah Omar, le chef suprême des talibans, et Ayman Al-Zawahiri de "fourbe". Tous deux étaient jugés responsables de la "perte" de l’Afghanistan après le 11-Septembre. Cet appel à mettre fin au djihad tel qu’il est mené par le tandem Ben Laden-Zawahiri a été considéré comme un "événement" par la presse arabe.

La contre-attaque n’a pas tardé. Ayman Al-Zawahiri estime que les Révisions, écrites du fond d’une geôle égyptienne, reflètent "la volonté des services secrets des pays arabes, mais aussi de la CIA, qui travaillent jour et nuit à humilier les moudjahidin et à tromper l’Oumma (communauté des musulmans)". Dénonçant une propagande orchestrée par les services de renseignement égyptiens, il souligne que les attaques d’Al-Chérif "n’ont pas seulement été écrites sous la torture et la peur qui règnent dans les prisons, mais sous la direction et le financement des croisés et des juifs."

"Aujourd’hui, l’Oumma est agressée de toutes parts, écrit Zawahiri, en s’adressant directement à Imam Al-Chérif. Tu sais, toi, qu’aucune armée ne la protège et que seuls les moudjahidin la défendent. Pensez-vous vraiment, toi et (ceux) qui t’approuvent, que Hosni Moubarak (le président égyptien) ou Abdallah Ben Abdel Aziz (le roi d’Arabie saoudite) défendront les droits de l’Oumma islamique ? (...) Les moudjahidin ne seront jamais influencés par cette mise en scène."

"Avant toi, combien de dirigeants du djihad se sont détournés, produisant des fatwas et des déclarations afin d’étrangler l’esprit du djihad ?" écrit Zawahiri. Et il ajoute : "Nous savons tous que ces révisionnistes sont tombés dans l’oubli, tandis que le djihad a persévéré, et l’islam triomphé. En raison de quoi, je déclare que si, un jour, je suis capturé, moi ou un frère du djihad, et que nous prononçons des discours en contradiction avec nos écrits actuels, ne les acceptez pas !"

Les "révisionnistes" du djihad n’avaient jamais suscité une réaction aussi forte du numéro deux d’Al-Qaida, même si les querelles sont fréquentes. La guerre d’Irak a notamment mené à de vifs débats entre djihadistes, lorsqu’Al-Qaida en Irak avait, sous le commandement d’Abou Moussab Al-Zarqaoui, décrété la guerre aux chiites.

Dans son livre, Ayman Al-Zawahiri conteste l’abandon des opérations "martyres" prôné par Imam Al-Chérif, qui citait l’exemple des attentats en Egypte et du 11-Septembre aux Etats-Unis pour dénoncer la mort "de musulmans et d’innocents non musulmans". "Si tu prétends que ces opérations ne sont pas légales, alors il devrait en être de même pour les opérations menées en Palestine", répond Zawahiri, en notant que jamais Al-Chérif n’a remis en cause les actions du Hamas et du Djihad islamique palestiniens. La notoriété de l’auteur et son influence au sein des milieux islamistes ont fait prendre au sérieux le revirement idéologique d’Al-Chérif. "Dr Fadl" est le plus ancien compagnon d’armes de Zawahiri, "émir" avant lui à la tête du Djihad égyptien, groupe armé qui prônait la destruction du gouvernement "apostat" d’Egypte et dont les membres ont constitué les premières recrues d’Al-Qaida en Afghanistan. Actif jusqu’en mars 2004, date de son arrestation au Yémen lors d’une opération conjointe des forces yéménites et américaines, il a ensuite été transféré en Egypte où il purge une peine de prison à perpétuité. Son "revirement" intervient à un moment délicat pour le mouvement djihadiste. L’armée américaine multiplie en effet les rapports affirmant qu’Al-Qaida en Irak a été mise en échec à Bagdad et se trouve en difficulté dans plusieurs provinces du pays.

Ce revers, évoqué en filigrane par Al-Chérif, est réfuté par Zawahiri : "Alors que les moudjahidin appellent l’Oumma à se soulever, à mener le djihad et les opérations martyres, les révisionnistes l’appellent à la soumission et à la capitulation. Les moudjahidin ont fait échouer la stratégie américaine, et pourtant, ce sont eux qui sont visés par ces Révisions." "L’Amérique sait le danger que représentent le mouvement djihadiste et Al-Qaida pour son avenir et sa position dans le monde, conclut le compagnon d’Oussama Ben Laden. Al-Qaida ne demande pas seulement le départ des croisés et des juifs des pays musulmans (...) (Nous demandons) aussi que le pétrole des pays islamiques soit vendu à son prix véritable. Le seul péché d’Al-Qaida est d’être devenu l’obstacle sur le chemin des Américains."

CHEFS ET THÉORICIENS

Oussama Ben Laden. Saoudien, né en 1957, il est le chef du mouvement Al-Qaida. Il a notamment revendiqué les attentats du 11 septembre 2001 contre New York et Washington.

Ayman Al-Zawahiri. Egyptien, né en 1951, il a rédigé un nombre important d’ouvrages, dont le premier, Le Livre noir : la torture des musulmans sous la présidence d’Hosni Moubarak, raconte sa propre expérience. En 1990, il écrit La Moisson amère, qui accuse les Frères musulmans d’avoir transgressé les principes fondamentaux de l’islam en renonçant au "djihad contre le tyran". Il est considéré comme le principal idéologue d’Al-Qaida et le bras droit d’Oussama Ben Laden.

Chérif Al-Imam ou "Dr Fadl". Egyptien né en 1950, il est l’un des fondateurs du groupe armé du Djihad, qu’il a dirigé avant Ayman Al-Zawahiri. Ses ouvrages, comme Principes de base à la préparation au djihad, et son manifeste sur La Quête de la connaissance religieuse l’ont placé parmi les plus influents idéologues du djihad.

Abdallah Yusuf Azzam. Palestinien, né en 1941, il a été tué dans un attentat à Peshawar (Pakistan) en 1989. Diplômé en jurisprudence islamique de l’université d’Al-Azhar (Egypte), où il a rencontré Ayman Al-Zawahiri. Auteur prolixe (plus de 100 livres), il est considéré comme le premier théoricien du djihad et l’un des fondateurs d’Al-Qaida en Afghanistan.

Sayid Qotb. Egyptien, né en 1906, membre des Frères musulmans, il a été exécuté au Caire en 1966. Son ouvrage Signes de piste est considéré comme à l’origine de la pensée islamiste radicale moderne.

 
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A tous nos chers lecteurs.

 

Ne vous est-il jamais venu à l'esprit d'en savoir un peu plus sur le titre de ce blog ?

Puisque nous nous sommes aujourd'hui habillés de bleu, il conviendrait de rentrer plus a fond dans l'explication du mot lessakel.

En fait Lessakel n'est que la façon française de dire le mot léhasskil.

L'hébreu est une langue qui fonctionne en déclinant des racines.

Racines, bilitères, trilitères et quadrilitères.

La majorité d'entre elle sont trilitères.

Aussi Si Gad a souhaité appeler son site Lessakel, c'est parce qu'il souhaitait rendre hommage à l'intelligence.

Celle qui nous est demandée chaque jour.

La racine de l'intelligence est sé'hel שכל qui signifie l'intelligence pure.

De cette racine découlent plusieurs mots

Sé'hel > intelligence, esprit, raison, bon sens, prudence, mais aussi croiser

Léhasskil > Etre intelligent, cultivé, déjouer les pièges

Sé'hli > intelligent, mental, spirituel

Léhistakel > agir prudemment, être retenu et raisonnable, chercher à comprendre

Si'hloute > appréhension et compréhension

Haskala >  Instruction, culture, éducation

Lessa'hlen > rationaliser, intellectualiser

Heschkel > moralité

Si'htanout > rationalisme

Si'hloul > Amélioration, perfectionnement

 

Gageons que ce site puisse nous apporter quelques lumières.

Aschkel pour Lessakel.

 

 

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