Sarah Palin: bon ou mauvais pour les Juifs?
Alors que les analystes politiques américains se demandent si le choix surprenant de Sarah Palin par John McCain constitue un coup génial ou au contraire une erreur tactique fatale pour le candidat républicain, cette annonce à par contre très vite divisé les militants juifs de chaque Parti, qui se sont empressé de publier des communiqués contradictoires.
Certains s'empressent de louer la décision du sénateur de l'Arizona, d'autres émettent au contraire de vives critiques.
Au Parti Démocrate, on est tout de suite montés au créneau, notamment par la voix de Robert Wechsler, l'un des Juifs les plus influents du Congrès US: Sarah Palin serait "un choix désastreux et une gifle pour les Juifs des Etats-Unis" car elle aidé à différentes campagnes du candidat indépendant - certes marginal - mais ô combien hostile à Israël et même aux Juifs: Pat Buchanan, catholique traditionnaliste, fondateur du Reform Party. Buchanan est bien vu dans les milieux les plus isolationnistes et extrêmes des Etats-Unis, néonazis compris. Et il n'a jamais loupé une occasion de faire des déclarations sans équivoque, et rares dans le jargon politique américain: "Si cela dépendait de moi, l'aide américaine à Israël cesserait du jour au lendemain"; "La Colline du Capitole est devenu un territoire occupé israélien"; "Le Congrès est empli de prostituées qui ne savent pas résister à l'influence de l'AIPAC" ou encore "le procès du nazi Ivan Demanjuk est une véritable chasse aux sorcières".
Pour se défendre, Pat Buchanan avait argué "qu'il était en faveur d'un Etat d'Israël fort et indépendant mais que les intérêts des Etats-Unis et d'Israël étaient divergents". Ce qui n'avait convaincu personne, et effectivement, rien que son nom est devenu un chiffon rouge pour les Juifs américains, de quelque bord fussent-ils.
Du côté Républicain, on tente de minimiser cet appui quelque peu gênant en rappelant "que Sarah Palin a toujours précisé que son aide à Buchanan était purement logistique mais qu'elle n'adhérait pas à toutes ses idées". Et surtout, on insiste sur l'amitié manifestée par la gouverneur de l'Alaska envers Israël. Un richissime homme d'affaires juif d'Alaska s'est empressé d'être interviewé pour témoigner des "excellentes relations entre Sarah Palin et la communauté juive de cet Etat"…"qui ne compte que 6.000 personnes", se gaussent les dirigeants juifs démocrates! Mat Brooks, président de la Coalition Juive pour les Républicains, indique que "le choix de Palin est très important pour la politique étrangère américaine. Ses prises de position fermes et constantes en faveur d'une indépendance énergétique américaine vis-à-vis des pays arabes producteurs de pétrole ne peuvent qu'augurer de bonnes choses pour les relations israélo-américaines".
En fait, Sarah Palin, inconnue pour la plupart des américains, n'a pas été un choix effectué selon les "critères du vote juif juif". Même si l'amitié de John McCain pour Israël n'est plus à démontrer, et si l'électorat républicain est traditionnellement plus favorable à Israël, il semble que dans l'état-major de campagne de John McCain, on ait fait le calcul "simple" suivant: ramener quelques centaines de milliers de voix juives du camp démocrate est aujourd'hui électoralement moins "payant" que de provoquer un mouvement de masse féminin en faveur de Sarah Palin, ou de remobiliser tout l'électorat conservateur et évangéliste, qui représente des millions de voix, et qui n'a jamais eu McCain en odeur de sainteté du fait de ses prises de positions non-conformistes.
Les Juifs républicains et démocrates tomberont tout de même d'accord sur une chose: Sarah, quel beau prénom juif….!