L’absence de Hosni Moubarak marque le sommet de la "réconciliation"
lundi 30 mars 2009 - 10h37, par Khaled Asmar - Beyrouth

Alors que le 21ème sommet arabe s’ouvre dans quelques instants à Doha, capitale du Qatar, les observateurs sont unanimes : la rencontre est déjà marquée par trois surprises, sans pour autant fonder beaucoup d’espoirs quant à la réconciliation interarabe.
La première surprise relevée par les spécialistes est intervenue à samedi, quand les responsables du Qatar ont admis avoir commis des erreurs en invitant, ces derniers mois, les représentants du Hamas palestinien et le président iranien Mahmoud Ahmadinedjad aux réunions tenues à Doha, pendant et après la guerre israélienne contre Gaza. La présence de l’Iran au sommet arabe, comme ce fut le cas au sommet du CCG (Conseil de Coopération du Golfe) irrite considérablement l’axe dit « modéré » et met en péril les efforts interarabes pour parvenir un minimum d’entente. Le cheïkh Hamad Ben Jassem a reconnu les erreurs et répété son mea culpa devant Amr Moussa, secrétaire général de la Ligue arabe : « plus jamais ça. Plus jamais le Hamas et plus jamais l’autre », faisant allusion au président de la République islamique d’Iran.
La deuxième surprise est la présence du président du Soudan, Omar Al-Bachir, arrivé dimanche à Doha en dépit du mandat d’arrêt le visant, lancé par la Cour pénale internationale. C’est la quatrième fois que le présumé responsable des massacres au Darfour défie la communauté internationale, après ses déplacements en Ethiopie, en Egypte et en Libye. Sa présence au Qatar, au même moment que le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-Moon tente de propulser la question du Darfour sur le devant de la scène. D’autant plus que le sommet arabe devrait apporter un soutien ferme des pays arabes à Khartoum, face à la CPI. Il faut noter ici que plusieurs chefs d’Etat arabe s’inquiètent de devoir faire un jour les frais de leur politique basée essentiellement sur la répression. Ils soutiennent Al-Bachir pour que son cas ne fasse pas école et ne les touche dans l’avenir.
La troisième surprise est l’absence du président égyptien Hosni Moubarak, dont les relations sont loin d’être pacifiées avec le Qatar. Le Caire aurait même exercé des pressions sur Mahmoud Abbas, le président de l’Autorité palestinienne, et sur le roi Abdallah II de Jordanie, pour qu’ils boycottent le sommet. En vain. Notons que le président algérien Bouteflika, engagé dans la campagne électorale en vue des présidentielles algériennes du 9 avril, a choisi de se faire représenter à Doha. Le roi du Maroc, Mohammed VI, ainsi que le Sultan d’Oman, Qabous Ben Saïd, et le président de Djibouti, sont absents.
Ainsi, la réconciliation interarabe, qui devrait occuper l’essentiel du sommet de Doha, reste la principale victime de l’absence de Hosni Moubarak. Il est légitime de craindre que ce sommet ne soit une énième déception des populations qui ne se reconnaissent plus dans leurs dirigeants.
Khaled Asmar
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