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3 mai 2009 7 03 /05 /mai /2009 09:03

Texte aimablement communiqué par Claire :


Le Figaro magazine, 27 septembre 2008, pp. 78-79

 

http://georgeorwellfans.com/files/2008/12/george-orwell3.jpg

George Orwell, disparu il y a près de soixante ans, est surtout connu pour son roman « 1984 ». Il faut cependant découvrir l'œuvre entière de ce combattant antitotalitaire.

http://data3.blog.de/media/475/2259475_d881bacb3c_m.jpg

Avec Soljenitsyne vient de mourir le « dernier homme en Europe ». Ce titre devait être celui de l'ultime roman de l’anglais George Or­well (1903-1950) ; 1984. Dans ce livre, Winston Smith, homme parmi les au­tres hommes, souhaite penser par lui-­même, à l'abri du regard de Big Brother, et vivre comme un être humain. Pour ce crime, il sera brisé dans son corps, dans son esprit et dans son âme. Il devait comprendre que 2 + 2 peuvent faire, indifféremment, 4 ou 5, selon la volonté du « ministère de la Vérité ». Telle est la froide logique des régimes tota­litaires. Soljenitsyne, né quinze ans après Or­well, fit en 1945, dans une lettre privée, quel­ques remarques acerbes sur Staline. TI sera arrêté et condamné au bagne : lui aussi de­vait comprendre.

Pourquoi 1984 et L’Archipel du Goulag res­teront-ils comme les œuvres du XXe siècle ayant contribué le plus efficacement à dénoncer la réalité du monde totalitaire ? Pour avoir relaté, en détail, l'expérience singulière d'individus des plus ordinaires, brisés par le système des camps. Pour avoir fait œuvre d'écrivains, en luttant contre toutes les putréfactions du langage et en jetant des torches dans les abîmes politiques du siècle.

http://jide.romandie.com/get/12008/orwell.jpg

"Si vous désirez une image de l'avenir, imaginez une botte piétinant un visage humain, éternellement." (1984, Georges Orwell) ...


 

 

                 

La France connait le romancier George Orwell, mais est en train de découvrir sa pensée politique. Viennent de paraître 80 chroniques, écrites par Orwell entre 1943 et 1948 et regroupées sous le titre de A ma guise. Elles sont autant de leçons de journalisme. On y retrouve son esprit d'en­quête sur le terrain, avide de ces détails qui en disent long. Là, il s'en prend d'une ma­nière générale à la bêtise des journalistes, et en particulier aux intellectuels de gau­che qui, lors du soulèvement de Varsovie, en août 1944, s'alignent sur la propagande soviétique. Orwell est d'une gauche libre, non inféodée à Moscou, d'un socialisme antitotalitaire, soucieux avant tout de pré­server les libertés individuelles. Cette conviction lui vient de son engagement du­rant la guerre d'Espagne.


C'est ce que montre bien sa biographie de référence, œ1le écrite par Bernard Crick, publiée dans une nouvelle édition. Eric Blair, alias George Orwell, né en 1903 en Inde, passé par Eton, part s'engager dans la police coloniale en Birmanie, avant de quitter cette vie toute tracée pour se consacrer à son seul travail d'écriture. Il s'installe à Paris et à Lon­dres, et subit une vie d'échecs et de pauvreté. En 1937, il s'engage aux côtés des républicains espagnols, puis, pendant la Seconde Guerre mondiale, en Angleterre, il défend dans ses articles et ses livres une certaine idée de la démocratie, au nom du socialisme. Quand parait son dernier roman, 1984, il rencontre enfin la gloire littéraire et l'aisance financière, lui qui n'avait connu ni l'une ni l'autre. Mais, malade, il meurt le 21 janvier 1950, six mois après la sortie de ce qui reste le plus célèbre de ses livres.

Pourquoi Simon Leys considérait-il déjà, il ya vingt-cinq ans, qu'il était urgent de faire d'Orwell un « usage pratique» ? Urgence que martèle depuis lors Jean-Claude Michéa, dont vient de reparaître l'intéressant Orwell, anar­chiste tory.


Aujourd'hui, alors que les idéologies se dégonflent, la démocratie semble se retourner contre elle-même. L'ennemi n'est plus à l'ex­térieur, mais à l'intérieur.

http://www.20th.ch/Georges_Orwell.jpg

 

http://religiousfreaks.com/UserFiles/Image/fashionable.burkas.jpg

 

 

Orwell a considéré qu'il fallait, certes, s'en prendre aux hydres totalitaires, mais aussi défendre une démo­cratie empirique et sensible - celle qui nous permet d'être heureux. Pour lui, il faut être toujours vigilant. Et d'abord vis-à-vis des risques de corruption de la langue. En régime totalitaire, le « ministère de la Vérité» ne cesse d'organiser ce travail de sape. Il supprime les mots et les remplace par d'autres. Quand meurent les dictionnaires, meurt la liberté.

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Autre vigilance démocratique : l'idée de la liberté. Celle des modernes consiste à nier toute détermination, toute histoire préexis­tante, au profit d'une liberté de s'inventer en permanence. Pour Orwell (Michéa le mon­tre bien), la liberté est avant tout « une somme de fidélités et d'habitudes » qu'il faut protéger et partager avec d'autres. En cela, Orwell est un « anti-moderne ». Pour lui, la liberté se trouve dans les fils noués, les amitiés prolon­gées, l'amour partagé.


Troisième vigilance: le sens moral. Or­well dénonce cette intelligentsia qui, pour s'être étourdie de théories inhumaines à force d'être trop logiques, s'est moralement dévoyée. Or l'écrivain insiste sur le carac­tère naturel de ce qu'il nomme la « common decency ». Cette « décence commune », ce sens commun nous avertit, presque d'instinct, des lignes de séparation entre le bien et le mal. Bruce Bégout, jeune philosophe du quotidien, vient d'y consacrer un bel essai. Il en fait le négatif d'une indécence publi­que qui est celle, généralement, des élites politiques et culturelles. Elle n'est donc pas une vertu des gens éduqués, nous dit Or­well. Au contraire, elle est commune à tous, donnée aux gens ordinaires pour mieux résister à l'injustice, quand le monde est sens dessus dessous.



George Orwell nous donne de belles leçons de civilité, avec cette méfiance vis-à-vis des grands systèmes, ce souci des libertés de proximité, ce goût de la décence et cet attachement pour les fidélités qui nous font membres d'une communauté. Leçons pour tous ceux qui souhaitent cultiver leurs vigilances spirituelles et politiques.

Why the Burka?

There is no greater symbol of the oppression and horror of Afghanistan than the Burka.  Afghanistan is the only country in the world in which the Burka is worn nationwide (in some Afghan areas of Pakistan, women still wear the Burka).

 

 


 

 http://www.20th.ch/ailleurs_land.jpg

DAMIEN LE GUAY

A ma guise. Chroniques 1943-1947, George Orwell, Agone, 208 p., 25 Euros.

George Orwell, Bernard Crick, Flammarion, 712 p., 26 Euros.

Orwell, anarchiste tory, Jean-Claude Michéa. Climats, 178 p., 16 Euros.

De la décence ordinaire, Bruce Bégout, Allia, 128 p., 6,10 Euros.

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A tous nos chers lecteurs.

 

Ne vous est-il jamais venu à l'esprit d'en savoir un peu plus sur le titre de ce blog ?

Puisque nous nous sommes aujourd'hui habillés de bleu, il conviendrait de rentrer plus a fond dans l'explication du mot lessakel.

En fait Lessakel n'est que la façon française de dire le mot léhasskil.

L'hébreu est une langue qui fonctionne en déclinant des racines.

Racines, bilitères, trilitères et quadrilitères.

La majorité d'entre elle sont trilitères.

Aussi Si Gad a souhaité appeler son site Lessakel, c'est parce qu'il souhaitait rendre hommage à l'intelligence.

Celle qui nous est demandée chaque jour.

La racine de l'intelligence est sé'hel שכל qui signifie l'intelligence pure.

De cette racine découlent plusieurs mots

Sé'hel > intelligence, esprit, raison, bon sens, prudence, mais aussi croiser

Léhasskil > Etre intelligent, cultivé, déjouer les pièges

Sé'hli > intelligent, mental, spirituel

Léhistakel > agir prudemment, être retenu et raisonnable, chercher à comprendre

Si'hloute > appréhension et compréhension

Haskala >  Instruction, culture, éducation

Lessa'hlen > rationaliser, intellectualiser

Heschkel > moralité

Si'htanout > rationalisme

Si'hloul > Amélioration, perfectionnement

 

Gageons que ce site puisse nous apporter quelques lumières.

Aschkel pour Lessakel.

 

 

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