Traduction de la part de Gilles que je sais très occupé et que je remercie! d'un texte du Washington Times mis en ligne avant-hier en anglais. Son auteur est Eli Lake, expert en pointe dans le domaine du renseignement, du dossier sur les liens entre Al Qaeda et l'Iran-Hezbollah, puisqu'il en parle depuis des années (2006, plus officiellement) :
Les Etats-Unis et Israël ont formé un groupe de travail sur l’Iran. Ce groupe est destiné à évaluer les progrès des négociations et à partager des renseignements.
« Les Etats-Unis et Israël ont formé un groupe de travail de haut niveau afin d’évaluer les progrès des négociations du Président Obama avec l’Iran et pour partager des renseignements sur le programme d’armes nucléaires de la république iranienne » ont déclaré mardi des fonctionnaires des deux pays familiers du dossier.
L'accord, conclus lors de la réunion de lundi entre le premier ministre israélien Benjamin Netanyahou et M. Obama, donne aux États-Unis le champ libre pour communiquer avec le nouveau gouvernement israélien tout en leur permettant de garder un ½il sur les plans d'urgence militaires qu'Israël peut prendre si la diplomatie échoue et l'Iran développe ses capacités d'armes nucléaires.
« Alors que M. Netanyahu a soutenu publiquement le plan du Président Obama sur les négociations avec l'Iran, le leader israélien a également insisté pour l’établissement d’un calendrier de négociations et a cherché un engagement ferme de M. Obama sur ce qui arriverait si la diplomatie s’avérait incapable de convaincre l’Iran à mettre fin à l’enrichissement d'uranium » ont dit les officiels israéliens.
Les officiels israéliens, qui demandent ne pas à être nommés parce qu'ils reproduisent des conversations privées entre les deux leaders, ont déclaré que le groupe de travail devrait commencer à examiner maintenant des plans d'urgence si de l'Iran poursuivait un programme d'armes nucléaires. M. Obama, pour sa part, a refusé de définir une date d'échéance pour la diplomatie, mais a dit qu'il serait en mesure d'évaluer les progrès des négociations US face à l'Iran à la fin de cette année.
Après leur réunion de lundi, M. Netanyahou a dit aux journalistes Israéliens qu'il avait « atteint un partage des points de vue sur l'Iran » avec M. Obama, et que le Président avait compris que l'Iran était un « risque à contenir. »
Les deux dirigeants ont autorisé des aides pour former le groupe de travail dès le lundi suivant l’entretien Netanyahou-Obama. Les officiels familiers avec les consultations ont déclaré que les derniers détails sont encore à discuter, mais que le côté américain serait représenté par le Conseiller à la sécurité nationale adjoint Thomas E. Donilon ou par le Conseiller à la sécurité nationale James L. Jones. Le côté israélien serait représenté par l’homologue de M. Jones, Uzi Arad.
Israël et les États-Unis collaborent étroitement depuis longtemps sur des questions stratégiques, mais le nouveau groupe de travail se concentrera exclusivement sur l'Iran. Israël considère capacité nucléaire iranien comme une menace existentielle, et M. Netanyahou a fait campagne sur la promesse de contrer cette menace.
«Un dialogue stratégique U.S.-Israël a toujours existé et depuis beaucoup de temps se concentre sur l'Iran, », a déclaré Suzanne Maloney, une spécialiste de l'Iran au Brooking Institution’s Saban Center for Middle East Policy. « Donc cet accord semble simplement institutionnaliser un dialogue qui existe déjà. Dans la mesure où il donne une pleine place aux Israéliens dans le processus diplomatique, il est positif. Mais il pourrait aussi exacerber la paranoïa iranienne sur les intentions des U.S. et rôle d'Israël dans la définition de la politique étrangère américaine. »
Jusqu'à présent, M. Obama a axé sa politique sur la diplomatie, par opposition à une action militaire et a rarement utilisé l'expression « toutes les options sont sur la table », contrairement à l'ancien président George W. Bush. La terminologie faisant référence à action militaire, pour laquelle M. Obama espère clairement qu’elle ne se produira pas.
Au lieu de cela, M. Obama a dit qu'il existe une gamme d'options si l'Iran ne répond pas aux ouvertures U.S. Ces options se définissent par ce que la Secrétaire d'Etat Hillary Rodham Clinton a nommé les "sanctions invalidantes" plus tôt ce mois-ci au Capitole. Ces sanctions pourraient inclure des sanctions contre les sociétés étrangères qui vendent du pétrole iranien raffiné et fournissent des polices d'assurance pour les expéditions iraniennes.
Un officiel israélien a dit au Washington Times que le groupe de travail entend se réunir au moins une fois par mois. « Les propositions éventuelles comprendraient des sanctions et d'autres formes de pression, », a déclaré le fonctionnaire, qui a parlé sous anonymat en raison de la sensibilité du sujet.
Le Président Reagan avait signé une directive engageant le premier dialogue stratégique U.S.-Israël en 1983. Il a permis de discuter à l'origine des plans éventuels pour définir les grandes lignes dans la région, a déclaré Steven J. Rosen, l'ancien directeur de questions de politique étrangère pour l’American Israël Public Affairs Committee. Depuis, les consultations entre les deux pays ont été élargies et sont devenues particulièrement étroites au cours de la dernière administration.
John Hannah, qui a servi de conseiller de la sécurité nationale du vice-président Dick Cheney dit "Bien que le niveau de relation fut élevé dans l'administration Bush et le dialogue stratégique inter agences fut utile, il avait tendance à être formaliste, ce qui est différent dans un haut niveau de consultations stratégiques. Ce n’était pas le lieu pour discuter de ce qui se produira si la tension avec l’Iran augmente. »
M. Hannah a ajouté que la planification d'urgence pourrait couvrir une gamme d'options. « La planification dans ce contexte d'urgence pourrait porter sur développement de normes communes pour juger si les négociations fonctionnent, définir les étapes si l’ engagement échoue, et sous quelles conditions - le cas échéant – la force militaire peut être utilisée et enfin permettre de coordonner nos actions dans le cas d’un conflit avec l'Iran ».
Il a ajouté, "Il est bon de signaler que dans la dernière année de l'administration Bush, les Israéliens ont fait des demandes militaires liées à une possible contingence de l'Iran, y compris les bombes de bunker buster, les capacités de ravitaillement en vol et les survols de l'Irak. L'administration Bush a laissé ces demandes en suspens. Ce groupe sera-t-il l’espace pour les ressusciter ? »
Flynt Leverett, un ancien spécialiste du Moyen Orient au Conseil de sécurité nationale et défenseur d'un dialogue entre les U.S. et l'Iran, a déclaré que le nouveau groupe de travail pourrait miner la crédibilité de toute offre U.S. vers l'Iran. Jusqu'ici, l'administration d’ Obama n'a pas offert de nouvelles propositions, mais il a levé la condition de l'administration Bush que l'Iran suspende l’enrichissement d'uranium avant que les diplomates U.S. puissent parler directement avec Téhéran.
« Il s’agit là d’une idée qui est malheureusement conforme à un nombre d'autres déclarations et les décisions prises par l'administration d’Obama et qui minera complètement la crédibilité de toute ouverture U.S. aux yeux des dirigeants iraniens - en supposant que les États-Unis fassent ces ouvertures, », a-t-il déclaré. Les Iraniens trouveront cela comme un alignement sur la politique d’Israël à leur encontre.
Patrick Clawson, le directeur adjoint pour la recherche à l'Institut Washington pour la stratégie au Proche-Orient, dit, toutefois, qu'il était intelligent pour M. Obama d’avoir créé ce groupe de travail. « Cela permettra à l'Administration d’Obama d’avoir meilleure compréhension de ce qu'Israël pense et de ce qu'il envisage de faire. »
The Washington Times, LLC
Par Eli Lake mercredi 20 mai 2009,
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