Obama et la politique des concessions.
Par MARK HELPRIN
Traduit par : Dominique Bloch
MORE IN OPINION »
http://online.wsj.com/article/SB10001424052970204488304574426880110463194.html
L`Iran et la Russie ont soumis Obama au test, la semaine dernière, et celui-ci s`est incliné à deux reprises.
Durant la campagne présidentielle de l`an dernier, le Sénateur Joe Biden a fait une célèbre déclaration selon laquelle si son camp l`emportait, il ne faudrait pas longtemps avant que « le monde teste Barack Obama comme John Kennedy » sur sa politique internationale. La semaine dernière, le président Obama exerçant brillamment les pouvoirs que lui confère sa fonction, a réussi à échouer au test, non pas une seule fois mais bien deux fois : en se dérobant face à la pression de la Russie et en recevant un véritable camouflet de la part de l`Iran.
Avec une économie en chute libre et des réserves de gaz naturel suffisantes pour produire 270 ans d`électricité, le surplus étant exporté, l`Iran, n`a nul besoin d`électricité nucléaire à un prix nettement plus élevé que celle produite par ses installations d`extraction de gaz. Il a, en revanche, toutes les raisons, selon ses propres déclarations, de vouloir l`arme nucléaire pour dissuader toute intervention américaine ; pour combattre un Irak renaissant ; pour contrebalancer les puissances nucléaires voisines du Pakistan, de la Russie et d`Israël ; pour obtenir l`hégémonie dans le golfe persique ; pour faire face à la gêne que représente la puissance militaire plus forte de l`Arabie Saoudite ; pour débarrasser le monde islamique de la domination occidentale ; pour neutraliser la capacité nucléaire israélienne en créant simultanément la possibilité de détruire Israël en une seule bombe ; et du fait des évènements de la semaine dernière, d`utiliser l`intimidation nucléaire pour inciter l`Europe a se dresser entièrement contre les intérêts américains au Moyen Orient.
Chad Crowe
Certains experts de la sécurité peuvent réussir a se rassurer eux-mêmes, en ayant l`illusion que l`Iran, devenant sous peu une puissance nucléaire, est une option raisonnable. Mais aucun pays, proclamant aussi complètement le culte du martyr et de la mort en envoyant ses propres enfants marcher dans des champs de mines pour dégager celles-ci, ne peut être considéré comme rationnel. Alors que les États-Unis ont déjà utilisé par deux fois l`arme nucléaire au cours de la deuxième guerre mondiale et ont envisagé de l`utiliser a nouveau en Corée puis au Vietnam.
L`occident est peut être trop pusillanime pour détruire directement le potentiel nucléaire iranien, mais sommes-nous arrivés au point où nous refusions même de développer une défense passive ? Le président veut vous faire penser que non, nous n`en avons pas besoin, mais pour quelle raison ?
Nous allons arrêter de développer la possibilité d`intercepter pendant 5 ans les missiles balistiques intercontinentaux (ICBM) que dans 5 ans l`Iran est susceptible de posséder en faveur de bases navales d`interception de missiles uniquement utiles pour intercepter les missiles iraniens qui ne peuvent du sol iranien menacer Rome, Paris, Londres ou Berlin.
Mais il est possible, pour les Etats-Unis, de modifier les missiles Standard Block II avec la technologie plus avancée des véhicules Kill qui pourraient mettre hors service les missiles iraniens dans leur phase de croissance et qui nécessiteraient, pour les transporter des Destroyers Aegis, afin de pouvoir rôder dans les eaux peu profondes et confinées du Golfe, où des opérations antimissiles pourraient servir à intercepter les missiles iraniens et attaquer.
Les intercepteurs qui pourraient couvrir efficacement l`Europe de l`Ouest sont trop gros pour les cellules de lancement vertical des bâtiments Aegis, ou même de leurs coques.
Par conséquent, à la lumière des difficultés d`installation qui contrarient un boost phase kill, afin de protéger l`Europe et les Etats-Unis, Mr Obama propose de déployer des missiles terrestres en Europe à une date ultérieure. Si c`est ce qu`il veut vraiment, pourquoi ne pas alors continuer à suivre les plans actuels ? La réponse est que, même s’il dit le contraire, il ne déploiera pas de missiles terrestres en Europe à la place des missiles terrestres européens, qu`il a annulé justement parce qu`ils étaient basés en Europe.
La situation actuelle est un hommage involontaire a Lewis Caroll : nous sommes en train d`annuler une défense qui prend 5 ans a être mise en place, car la menace ne se matérialisera pas avant 5 ans. Et nous ne déploierons pas des intercepteurs terrestres en Europe , parce que notre nouveau plan est de déployer des intercepteurs terrestres en Europe.
Cette question de la défense européenne associée a l`existence future des ICBM nucléaires iraniens qui provoqueraient l` instabilité et un préjudice potentiel grave sont deux affronts qui pourraient avoir des conséquences plus sérieuses que le problème dont il n`est que la conséquence. Rien, sauf la force, n`empêchera l`Iran d`acquérir l`arme atomique, son but suprême depuis 25 ans d`atermoiements et de secrets . A la dernière capitulation, le Président Mahmoud Ahmadinejad a exige 3 conditions de la part des Etats Unis : se retirer de l`Irak, montrer du respect pour le régime iranien (lire : faire des excuses), et retirer la question nucléaire de la table des négociations.
Nous sommes en train de nous soumettre benoîtement, et la semaine dernière après que l`Iran ait refusé toute discussion sur son programme nucléaire et que Mojtaba Samareh Hashemi, le conseiller politique en chef de Mr. Ahmadinejad prédisait « la défaite et l`effondrement » de la démocratie occidentale, les Etats-Unis ont accepte de participer à la discussion sur un projet qui, aussi incroyable que ça puisse paraître, est d`éliminer les stocks d`armes nucléaires américains. Même la presse zonbifiée s`est réveillée assez longtemps pour harceler le Chef du Département, P.J.Crowley, qui leur a répondu que tant que l`Iran veut bien discuter « Nous sommes d`accord pour étudier la proposition, OK ? »
Non ce n`est pas OK. Quand Neville Chamberlain est rentré de Munich, il pensait avoir au moins obtenu quelque chose en retour pour son apaisement.
La nouvelle politique américaine n`est rien de plus qu`un déluge sentimental de concessions unilatérales – pas moins, après quelques légères intimidations poutinesques. Annuler le déploiement de missiles de l`OTAN que Dmitry Rogozin, l`ambassadeur russe à l`OTAN, a décrit comme « les Americains….ont simplement rectifié leur propre erreur et nous ne sommes pas tenus de remercier quelqu`un qui ne fait que corriger ses propres erreurs -exactement l`inverse de ce qui s`est passé au cours de la résolution de la crise Euro-missiles par les américains de 1983, la dernière et définitive victoire de la guerre froide.
Staline a testé Truman avec le blocus de Berlin et Truman a tenu le choc.
Khrushchev a testé Kennedy, lors de la crise des missiles cubains, Kennedy a refusé de se laisser faire. En 1983, Andropov a pris la mesure de Reagan et l’a défié par millions dans la rue (ou se trouve actuellement la base Obama), Reagan n`a pas faibli .La semaine dernière le président iranien et le premier ministre russe ont mis la pression sur Obama et celui-ci s`est incliné, non pas une fois, mais deux.
Le prix à payer pour une faiblesse pareille a toujours été extrêmement élevé, même si ,comme c`est la coutume ces temps-ci, l`addition est à venir.
M. Helprin,senior fellow au Claremont Institute , est l`auteur de nombreux travaux dont "Winter's Tale" (Harcourt), "A Soldier of the Great War" (Harcourt) et plus récemment , "Digital Barbarism" (HarperCollins).