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5 octobre 2009 1 05 /10 /octobre /2009 14:05
Avec Jean-Jacques CECILE


1ère Partie

Nous avons récemment fait écho à la parution
du 9è ouvrage de Jean-Jacques CECILE, consacré au "Special Air Service" britannique. L'auteur a bien voulu signer avec nous une série de plusieurs entretiens éclairant les enjeux et défis  actuels pour "les hommes de l'ombre" de la Défense des Etats démocratiques. Un parcours hors-normes au service de la France et de l'information "discrète".

Prochain entretien : de la Chute du Mur à l'après-11-septembre :
 



*****

Monsieur Cécile bonjour. Merci d’avoir accepté cet entretien. Pour cette première interview, pourriez-vous nous éclairer sur votre parcours militaire au sein du 13e Régiment de dragons parachutistes ?

 

J’ai eu l’honneur de servir dans les rangs du 13e RDP mais je n’ai pas fait que cela ! Après sept années à Dieuze, garnison que j’ai quittée en 1985, j’ai servi trois ans au 1er Régiment de spahis en tant que spécialiste renseignement, deux ans au Secrétariat général de la Défense nationale, organisme de coordination dépendant du Premier ministre, puis deux années au bureau « renseignement » de l’état-major de la 1e Armée.


J’ai également appartenu à d’autres organismes mais dans des emplois sans rapport, du moins officiellement, avec le renseignement. En tout, une carrière de dix-huit années.


Chez les dragons, j’ai tout d’abord été intégré à une équipe de recherche en tant que radio puis en tant qu’adjoint au chef d’équipe avant d’être transféré au bureau « opérations » du régiment.


Ma principale expérience de terrain, si l’on excepte les épisodes sur lesquels la discrétion est encore de rigueur, consiste à avoir séjourné pendant quatre mois derrière le Rideau de fer en tant que pilote rattaché à la Mission militaire de liaison près du haut commandement soviétique en Allemagne. Officiellement, la Mission, comme son nom l’indique, était chargée d’accomplir des tâches de liaison entre le commandement soviétique et le commandement des forces françaises en Allemagne. Mais en pratique, il y avait peu de liaisons et beaucoup de renseignement !

 

Avant, vous étiez un espion militaire, si je puis m’exprimer ainsi. Maintenant, en tant que journaliste d’investigation, vous révélez les secrets des espions militaires. Comment passe-t-on de l’un à l’autre ?

 

Cela s’est fait fortuitement. L’un de mes camarades sous-officier avait brièvement fréquenté le rédacteur en chef du mensuel RAIDS sur les bancs de la même fac. A l’époque, j’avais la plume assez facile et j’écrivais volontiers des articles au profit des bulletins de cohésion qui existe dans la plupart des organismes militaires. C’est ainsi que j’avais publié un texte sur les forces spéciales américaines dans la revue interne du Secrétariat général de la Défense nationale. Je l’ai donné à lire au rédacteur en chef en question, comme ça, pour voir, et à ma grande surprise, il a apprécié. J’ai donc commencé à publier dans RAIDS sous un nom d’emprunt puis sous ma véritable identité après avoir quitté l’uniforme.


Depuis, mes activités se sont diversifiées. Je collabore avec deux revues militaires, une lettre d’information vendue exclusivement sur abonnement, ai rédigé neuf ouvrages et interviens dans les entreprises ainsi que des centres de formations dans des domaines tels que la sensibilisation aux vulnérabilités humaines en matière d’intelligence économique, la sensibilisation aux menaces terroristes ou encore la gestion de petites équipes en ambiance de stress sévère.

 

A quel moment de l’histoire peut-on situer les origines des forces spéciales ?

 

Pour répondre à cette question, il serait auparavant nécessaire de définir très exactement les critères qui font que ces forces sont spéciales.


Mais intuitivement, on peut affirmer que les ninjas ont probablement été les premiers représentants de cette confrérie. On retrouve dans les tactiques, techniques et procédures de ces guerriers du Japon anciens quelques caractéristiques en effet très spéciales : contrairement aux samouraïs, ils n’étaient pas liés par le code d’honneur du Bushido, ils maîtrisaient les techniques d’infiltration, ils utilisaient des artifices pour tromper leurs adversaires, il étaient spécialisés dans le renseignement ou l’élimination physique des leaders ennemis…


Plus près de nous, la guerre de Sécession américaine a été riche en détachements spéciaux revêtant au besoin l’uniforme de l’ennemi pour se livrer à des raids en zone tenue par l’adversaire.


En Grande-Bretagne, il est intéressant d’observer que l’Ecosse est liée directement ou indirectement à toute une lignée d’unités spéciales : pendant la guerre des Boers, les Lovat Scouts étaient des unités mises sur pied à l’initiative d’un chef du clan Lovat et faisant de la reconnaissance profonde avant l’heure ; Lovat est également un nom indissolublement lié aux commandos ; mentionnons enfin le Special Air Service créé par David Stirling, un Ecossais dont la mère appartenait au clan Lovat. Pourquoi un tel phénomène ? Parce que dans les Highlands, nombreux étaient les chasseurs accoutumés à se camoufler, à utiliser des méthodes d’observation, d’approche puis de tir à longue distance. Ces activités leur conféraient les qualités recherchées par les unités de commandos, de forces spéciales ou de snipers : patience, endurance, furtivité, ténacité, rusticité. Il est intéressant de noter que sur le continent, une approche semblable a été observée. Dans son ouvrage intitulé Les chasseurs noirs – La brigade Dirlewanger, Christian Ingrao évoque des unités prussiennes composées de « chasseurs et leurs doubles illégaux, les braconniers » ; il précise : « Frédéric II de Prusse créa les premières unités qui servirent pêle-mêle de police militaire, de groupes de reconnaissance en milieu hostile et de tireurs d’élite ».

 

A votre avis, quelles sont les unités de forces spéciales qui se distinguent du lot et pourquoi ?

 

C’est difficile à dire et je ne sais pas s’il est vraiment judicieux d’initier un tel débat. Il n’y a pas longtemps à propos de l’affaire du voilier Tanit, Christian Prouteau, le fondateur du Groupe d’intervention de la Gendarmerie nationale puis du Groupe de sécurité de la présidence de la République, s’est signalé aux médias en opposant le GIGN au commando Hubert (NDLR : Commando des nageurs de combat de la Marine Nationale : http://commandohubert.free.fr/). Ce sont là des polémiques malsaines où personne n’a quoi que ce soit à gagner. Et puis il n’est d’unité que d’hommes. Prenons le cas du 13e RDP : j’ai connu des gens qui n’avaient manifestement rien à y faire (moi le premier, diront les mauvaises langues…) et j’ai connu dans d’autres unités des hommes qui auraient grandement mérité d’y être. Il est indéniable que j’ai un intérêt particulier envers le Special Air Service mais cela m’est venu de manière fortuite, comme je l’explique d’ailleurs en introduction de mon ouvrage.

 

Que peut-on dire de l’approche doctrinaire différenciée des pays quant à leur emploi des forces spéciales ?

 

Il y a effectivement des différences, voire des disparités. Les forces spéciales françaises, officiellement du moins, agissent exclusivement en uniforme, tandis que leurs homologues américaines et britanniques délaissent volontiers le Battle Dress.


Aux Etats-Unis, l’influence de l’ancien secrétaire à la Défense Donald Rumsfeld a fait que les troupes de l’United States Special Operations Command ont délaissé les missions de guerre non conventionnelle pour se focaliser sur les missions d’action directe visant à appréhender les leaders des mouvements terroristes et plus particulièrement d’al-Qaeda.


Au Moyen-Orient, les pays qui ont longtemps été soumis à l’influence soviétique ont parfois conservé une vision très particulière des forces spéciales qui ne sont, en fait, que des troupes aéroportées à peine spécialisées. Une situation en évolution rapide cependant car certains Etats moyen-orientaux désormais alliés des Etats-Unis, je pense en particulier à la Jordanie, bénéficient dans ce domaine d’actions de coopération qui haussent le niveau.

 

Pourquoi, comment se construisent vos ouvrages d’investigation ?

 

Pourquoi ? Par passion. En ce qui concerne le choix du thème, c’est une two-way street : cela peut venir d’un intérêt particulier de l’auteur qui « sent » bien un sujet mais cela peut également résulter d’une initiative de l’éditeur qui perçoit qu’une question va se retrouver sous les feux de l’actualité. Cette actualité peut être imprévisible ou prévisible. Prenez par exemple la chute du Mur séparant les deux Allemagne : le vingtième anniversaire de l’événement a induit la sortie d’une foultitude d’ouvrages sur la question. Comment se construisent mes ouvrages ? Je travaille surtout par synthèse de sources ouvertes. Mais je suis en train de m’essayer à d’autres méthodes puisque depuis plusieurs années déjà, je « fais causer » un « ancien » qui a eu une carrière assez étonnante dans le domaine du renseignement. C’est un domaine dans lequel j’ai la prétention d’avoir un peu roulé ma bosse, eh bien au fil de son récit, il arrive encore à me surprendre ! Le but est de remettre ses souvenirs en perspective dans un ouvrage aussi vivant et aussi prenant qu’un roman. Echéance probable : fin 2010.

 

Quelles seront vos prochaines cibles d’investigation ?

 

Secret défense. C’est quelque chose sur lequel on doit autant que possible rester discret pour deux raisons. La première est que, renseignée, une autre maison pourrait se mettre en devoir de vous couper l’herbe sous le pied. L’édition est un milieu qui s’apparente à une mer turquoise où nagent nombre de requins aux dents acérées ! Certains auteurs vont jusqu’à mener de véritables opérations d’intoxication en faisant ostensiblement semblant de s’intéresser à certains sujets pour mieux dissimuler le véritable objet de leurs recherches. Je pourrais vous citer des cas précis mais préfère là encore rester discret pour ne pas risquer de couper une branche sur laquelle je serais susceptible de m’asseoir un jour. La deuxième raison est que, pour réaliser un bon travail d’investigation, il est parfois indispensable d’avancer masqué et de ne pas annoncer d’emblée trop clairement la couleur.

 

Merci à vous, Monsieur Cécile, à bientôt!


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A tous nos chers lecteurs.

 

Ne vous est-il jamais venu à l'esprit d'en savoir un peu plus sur le titre de ce blog ?

Puisque nous nous sommes aujourd'hui habillés de bleu, il conviendrait de rentrer plus a fond dans l'explication du mot lessakel.

En fait Lessakel n'est que la façon française de dire le mot léhasskil.

L'hébreu est une langue qui fonctionne en déclinant des racines.

Racines, bilitères, trilitères et quadrilitères.

La majorité d'entre elle sont trilitères.

Aussi Si Gad a souhaité appeler son site Lessakel, c'est parce qu'il souhaitait rendre hommage à l'intelligence.

Celle qui nous est demandée chaque jour.

La racine de l'intelligence est sé'hel שכל qui signifie l'intelligence pure.

De cette racine découlent plusieurs mots

Sé'hel > intelligence, esprit, raison, bon sens, prudence, mais aussi croiser

Léhasskil > Etre intelligent, cultivé, déjouer les pièges

Sé'hli > intelligent, mental, spirituel

Léhistakel > agir prudemment, être retenu et raisonnable, chercher à comprendre

Si'hloute > appréhension et compréhension

Haskala >  Instruction, culture, éducation

Lessa'hlen > rationaliser, intellectualiser

Heschkel > moralité

Si'htanout > rationalisme

Si'hloul > Amélioration, perfectionnement

 

Gageons que ce site puisse nous apporter quelques lumières.

Aschkel pour Lessakel.

 

 

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