Nous souhaitons rendre hommage aux 54 policiers et gendarmes français mis à l'honneur, à l'initiative de la République Française et du Mémorial Yad Vashem (http://www.yadvashem.org/ ), dans une exposition itinérante qui se déplacera dans tous les départements français, écoles des jeunes enfants et centres de formation de la police et de la gendarmerie, tout au long de l'année 2010. Ces policiers et gendarmes ont, fréquemment mis leur vie en péril pour aider les Juifs, notamment des camps de Drancy, à fuir la concentration vichyste et l'extermination nazie. Nombre d'entre eux ont été torturés par la Gestapo et la milice française au service de l'occupant, des centaines fusillés ou déportés. "Désobéir pour sauver" aurait pu être la devise de ces derniers "gardiens de la Paix" authentiques jusqu'au sacrifice, aujourd'hui au fronton de l'éthique de leurs intitutions respectives.
A titre personnel, mon père me contait comment les Juifs polonais, notamment, avaient pu aller faire du porte-à-porte dans Paris pour exhorter les Juifs de Paris et environs à quitter la capitale, dès le 10 juillet 1942. Sur une rafle prévue au nombre de 30 000 personnes, Bousquet n'est parvenu qu'à déporter qu'un peu plus de 13 000, signifiant que la moitié et plus des parisiens juifs avaient pris la tangeante. Cela n'a pu être possible, connaissant le quadrillage opéré sur la base de listes exhaustives, cage d'escalier par cage d'escalier, que grâce à des "fuites" venues de la Préfecture de police de Seine et, certainement, des cas de désobéissance passant les journées précédentes, pour freiner l'hécatombe planifiée...
Des policiers et des gendarmes Justes parmi les Nations COMITE FRANCAIS POUR YAD VACHEM
http://blogyadvashemfr.blogspot.com/

Exposition :
Cette exposition est répartie sur 19 panneaux dont voici les thèmes :
1. Editorial de Mme Simone Veil, marraine de l'exposition.
2. Avant-propos et présentation des partenaires dont le Comité Français pour Yad Vashem.
3. La reconnaissance des Justes (Yad Vashem et le Titre de Juste parmi les Nations).
4. Policiers, gendarmes et Juifs aux heures sombres de Vichy : 1940-1941.
5. Idem : 1942-1944.
6. Le choix de la désobéissance des Justes policiers et gendarmes à l'application des lois de Vichy.
7. Falsifier (identités, documents...).
8. Prévenir (rafles...).
9. Accueillir les persécutés.
10. Sauver des camps.
11. Franchir la ligne.
12. Le prix de la désobéissance.
13. Les amitiés entre sauvés et Justes.
14. Justes pour l'éternité.
15 - 16 - 17 et 18. Biographies des 54 policiers et gendarmes Justes parmi les Nations.
19. Témoignage de Boris Cyrulnik et appel à témoignage pour compléter la liste des Justes.
Réalisée par le Département de la mémoire combattante de l'Office national des anciens combattants et victimes de guerre (ONACVG), cette exposition a bénéficié d'un partenariat avec la Gendarmerie nationale, avec la Direcion de la mémoire, du patrimoine et des archives du ministère de la défense, avec la Police nationale, avec la Préfecture de police, avec l'Institut Yad Vashem de Jérusalem, avec le Comité Français pour Yad Vashem et avec l'Association des anciens combattants de la police nationale.

- "En France, 76.000 Juifs dont 11.400 enfants ont été ainsi déportés du seul fait d'être nés juifs (...). J'ai fait partie, avec ma famille, de ce terrible cortège. Pas un jour ne passe sans que je ne pense à ce qui s'est passé là-bas. Dans des conditions atroces, on nous enleva tout espoir et toute dignité. Nous avions la mort pour seul horizon (...).
La majorité des Français ne pouvaient s'imaginer le terrible sort qui nous était réservé, la plupart des policiers et des gendarmes non plus. Ils savaient cependant à travers les ordres qui leur étaient donnés que rien de bon ne nous attendait. En effet, policiers et gendarmes étaient chargés de faire respecter les lois racistes (...). Comme ailleurs, il se trouva parmi les agents de la force publique, comme parmi les employés des administrations, des personnes exécutant avec zèle les directives infâmes. Mais il y eut aussi des gens de bien qui souvent fermaient les yeux devant une évasion ou aidaient activement les Juifs malgré les risques encourus.
Au moment où la barbarie la plus absolue régnait dans les camps, ces Justes ont non seulement sauvé des vies humaines, mais ils ont aussi incarné l'honneur de l'humanité qui, grâce à eux, n'a pas totalement sombré à Auschwitz. En ayant eu le courage de suivre leur conscience plutôt que les ordres de leur hiérarchie, ils nous rappellent que l'Histoire est consituée d'une longue chaîne de responsabilités, individuelles et collectives, et que chacun de nous en est un maillon précieux qui fait que l'Histoire chavire ou au contraire avance.
Les Justes policiers et gendarmes l'ont fait avancer, ils ont été en cela des lumières dans la nuit de la Shoah."
Boris Cyrulnik :
- "A l'âge de six ans et demi, j'ai été arrêté à Bordeaux, la nuit, chez la famille Farges qui me cachait. J'ai le souvenir de quatre ou cinq policiers, autour de mon lit, lunettes noires (la nuit), arme au poing et torche électrique. Dans le couloir des soldats allemands, fusil à l'épaule regardaient le plafond. Mon souvenir est ainsi.
Madame Farges a dit : "On ne lui dira pas qu'il est juif". Un policier a répondu : "Il faut l"arrêter parce que plus tard, il commettra des crimes et deviendra un ennemi d'Hitler".
C'est ainsi qu'à l'âge de six ans j'ai appris que j'étais condamné à mort pour un crime que j'allais commettre.
Après mon évasion, au moment du transfert vers les trains qui emportaient les adultes et d'autres enfants à Drancy, relais vers Auschwitz, toute une chaîne de solidarité m'a protégé jusqu'à la Libération.
Récemment, j'ai découvert qu'une des premières personnes à participer à cette chaîne était un gardien de la paix (...). Il a gardé chez lui, un enfant qu'il ne connaissait pas et dont la simple présence compromettait sa carrière et peut-être même sa vie (...). D'autres policiers ont sauté sur leur vélo ou couru pour prévenir de l'heure de la rafle. Puis ils rentraient mettre leur uniforme et obéir : "Ca alors, l'appartement était vide !"
Parfois, c'est l'humanité d'un gardien qui s'exprimait plus fort que sa contrainte à obéir (...).
Par bonheur, il y aura toujours des Justes pour prouver la banalité du Bien."
Lire l'intégralité de l'article qui leur est consacré par le Matin.CH
http://www.lematin.ch/flash-info/monde/desobeir-sauver-policiers-gendarmes-sauvaient-juifs
Le Secrétaire d'Etat à la défense et aux anciens combattants, Hubert Falco, a inauguré cette exposition accompagné par l'Ambassadeur d'Israël, Daniel Shek, le Préfet Rémy Enfrun, Directeur général de l'ONACVG, Paul Schaffer, Président du comité français de Yad Vashem, Frédéric Pechnard, Directeur général de la Gendarmerie nationale et Roland Gilles, Directeur général de la Police nationale.
Au 1er septembre 2009, 54 policiers et gendarmes français ont reçu le titre de «Justes parmi les Nations» pour avoir sauvé des Juifs pendant la seconde guerre mondiale. Dans la France occupée par l'Allemagne nazie, ces hommes ont renoncé à l'obéissance que leur imposait leur fonction. Malgré les risques auxquels ils s'exposaient, mus par la seule voix de leur conscience et de leur humanité, ils ont refusé de « livrer » des Juifs à la Déportation, contrant les ordres donnés par les responsables du régime de Vichy.
Fruit d'un riche partenariat entre ministères et associations *, cette exposition, au sujet inédit, souhaite rendre hommage à ces 54 policiers et gendarmes « Justes » et à leurs nombreux collègues restés, à ce jour, anonymes, en mettant en lumière les valeurs humaines et citoyennes qui les ont animés.
La responsabilité de l'État français et le rôle des forces de l'ordre dans la répression antisémite puis la Déportation des Juifs de France y sont bien entendu rappelés. Toutefois cette évocation ne prétend, en aucun cas, dresser un panorama exhaustif de la France occupée, de la seconde guerre mondiale ni de la Shoah.
Véritable outil pédagogique et vecteur de citoyenneté, cette exposition espère susciter l'intérêt des jeunes générations et contribuer au rapprochement des forces de l'ordre et de la Nation.
* les partenaires : l'ONACVG, la DMPA, la Gendarmerie nationale, la Police nationale, la Préfecture de police, l'association des anciens combattants de la Police nationale, Yad Vashem Jérusalem et le comité français pour Yad Vashem.
Voir en ligne : GouvActu AdmiNet France
l’actu publique, gouvernementale, parlementaire et territoriale française
