Tripoli au Liban subit les retours de flammes du conflit syrien
Le dirigeant syrien Assad ne s’appuie plus seulement sur les agents iraniens au Liban et sur le Hezbollah, pour mener à sa place la guerre secrète contre ses ennemis occidentaux et arabes. Des sources militaires proches de Debkafile dévoilent qu’il transmet, désormais, ses instructions directes à l’armée libanaise (56.000 hommes) quant au rôle qu’elle doit tenir dans les opérations visant à éradiquer le soulèvement syrien.
Le résultat immédiat s’est traduit par une recrudescence des hostilités armées dans la ville pluriconfessionnelle de Tripoli au Nord-Liban. Depuis samedi 12 mai, les divers groupes armés et confessionnels se jettent à la gorge les uns des autres : les Alaouites locaux, qui sont aux côtés du dictateur syrien et l’armée libanaise, d’un côté, mais dans des attaques séparées, et les groupes sunnites dirigés par l’ancien Premier ministre Sadd Hariri, ses propres milices Al-Mustaqbal et les salafistes, de l’autre.
L’armée libanaise est parvenue, jusqu'à présent, à maintenir le nombre de pertes relativement bas, mais elle admet 8 morts (dont cinq ce lundi 14) et plus d'une cinquantaine de blessés. Elle cherche à conserver le contrôle de ces troubles qui tirent le pays vers la guerre interconfessionnelle. Mais, lundi, trois autres personnes ont été tuées et 10 autres blessées, dans les combats au petit matin.
Nos sources militaires nous informent que ces affrontements à Tripoli découlent des incidents sanglants entre les tanks d’Assad et les forces rebelles dans la ville syrienne de Homs. Des éléments sunnites libanais déversent des combattants, des armes, de l’argent, des médicaments et de la nourriture aux forces rebelles assiégées de Homs.
Saad Hariri, qui est un dirigeant Sunnite, a juré de renverser Assad, dont les hommes de main ont assassiné son père, l’ancien Premier ministre Rafiq Hariri, en 2005. Son groupe Al-Mustaqbal a établi un commandement avancé à Tripoli pour fournir un appui logistique aux rebelles syriens.
Et puis, il y a les milices salafistes commandées par le Cheikh Ahadi Al-Mawlawi qui aide les Frères Musulmans et les cellules d’Al Qaeda en Syrie. Ils distribuent des armes, des munitions, de l’argent et des renseignements de l’intérieur, qui leur sont fournis par les agences de sécurité saoudiennes et qataries.
Afin de couper la ligne de vie des rebelles syriens à la source, l’Etat-major général syrien à Damas a envoyé, la semaine dernière, au chef de l’Etat-Major libanais, Jean Kahwagi, un ultimatum brutal : « Prenez, vous-mêmes, soin de ceux qui aident les rebelles syriens à Tripoli, sans quoi l’armée syrienne entrera au Liban et fera le travail à votre place ». En réponse à quoi, le Département de la Sécurité Générale libanaise a commencé à encercler des personnalités-phare sunnites qui soutiennent activement les rebelles syriens. Samedi, le Cheikh salafiste al-Mawlawi a été placé en détention sous des accusations « d’opérations terroristes ».
Les milices sunnites, averties que les officiers de la sécurité libanaise avaient agi sous les ordres de Damas, plutôt qu’à ceux de Beyrouth, se sont alors retournées contre les sympathisants alaouites d’Assad, à Tripoli, pour contraindre à mettre un terme aux arrestations et à ce que les détenus soient relâchés.
Dimanche, l’équipe d’Hariri a exigé que le Premier ministre Nabil Miqati (Sunnite originaire de Tripoli, mais associé en affaires au clan Assad, notamment dans la téléphonie mobile) démissionne pour avoir échoué à stopper le bain de sang à Tripoli – et a indirectement sous-entendu qu’il devait arrêter de jouer dans le camp de Damas. Il a rejeté la déclaration de Miqati, disant qu’une décision était prise par le gouvernement national à Beyrouth « de ne fournir aucune couverture politique à aucun violateur de la sécurité dans la ville de Tripoli au Nord ».
Pour endiguer le flux de matériel de guerre en direction des rebelles, les unités des garde-frontières d’Assad soumettent également les villages frontaliers du Liban à de fréquents bombardements transfrontaliers, soutenus, de l’autre côté de la frontière, par le Hezbollah sous commandement syrien conjoint.
http://www.debka.com/article/22001/
DEBKAfile Reportage exclusif 14 mai 2012, 10:54 AM (GMT+02:00)