Mokhtar Belmokhtar, sous les ordres directs d'Ayman al Zawahiri.

Par THOMAS JOSCELYN 17 Janvier 2013

Il y a à peine un mois, un porte-parole de Mokhtar Belmokhtar, le terroriste affilié à Al Qaeda, soupçonné d’avoir planifié et exécuté le siège d’un champ pétrolier, près d'In Amenas, dans le Sud-Est de l’Algérie, a déclaré que Belmokhtar continuait scrupuleusement de suivre les ordres de la Centrale d’Al Qaeda.

L’Associated Press a interviewé par téléphone Oumar Ould Hamaha, “un proche lieutenant” de Belmokhtar. Hamaha, qui détient ou a détenu des positions de commandement au sein de chacun des trois groupes lié à Al Qaeda qui ont la mainmise sur le Nord-Mali, a expliqué la motivation de Belmokhtar à rompre avec Al Qaeda au Maghreb Islamique (AQMI), pour constituer son propre groupe dissident. Ce même groupe, opérant sous le nom de « Ceux qui Signent avec leur Sang », a revendiqué l’attaque menée en Algérie.

“C’est vrai”, a expliqué Hamaha. « C’est de cette façon que nous pouvons mieux opérer sur le terrain et la raison pour laquelle nous avons quitté ce groupe qui est lié à l’appellation « Maghreb ». Nous voulons élargir notre zone d’opération à travers le Sahara tout entier, allant du Niger jusqu’au Tchad et au Burkina Faso ».

Le reportage de l’AP continue : “Hamaha a affirmé, cependant, que même si Belmokhtar et lui-même avaient fait sécession vis-à-vis de la branche nord-africaine, ils restent totalement sous les ordres de la Centrale d’Al Qaeda ».

Ce que reconnaît par là Hamaha n’est que la dernière de plusieurs admissions faites par les terroristes affiliés à AQMI (Les forces de Belmokhtar et d’Hamaha, continuent, selon toute vraisemblance, de se battre aux côtés d’AQMI, malgré des différences apparentes qui se sont développées entre les diverses factions).

Il y a plus de deux ans, la Centrale d’Al Qaeda a décidé d’exercer un contrôle plus serré sur les opérations de prise d’otages réalisées par AQMI.

Droukdel.

En novembre 2010, Abdelmalek Droukdel, l’Emir d’Al Qaeda au Maghreb Islamique, a fait une révélation surprenante, au cours d’une vidéo diffusée sur Al Jazeera. Droukdel a déclaré que la France devrait négocier directement avec Ossama Ben Laden en personne, si elle veut s’assurer de la libération de plusieurs otages français.

Droukdel a affirmé que : “toute forme de négociations futures à ce sujet ne serait menée par persone d’autre que par notre Cheikh Ossama Ben Laden… et uniquement selon ses propres termes », selon l’Agence France Presse.

 “Si vous voulez que vos citoyens que nous détenons captifs restent sains et saufs”, poursuivait Droukdel, “ alors vous devez vous dépêcher de retirer vos troupes hors d’Afghanistan, selon un calendrier spécifique que vous annoncerez officiellement ». [Ce qu'a, d'abord, fait N.Sarkozy pour 2013, puis qu'a mis en oeuvre F. Hollande, dès son arrivée au pouvoir, au décours de l'affaire Merah, pour la fin décembre 2012].

Deux mois plus tard, en janvier 2011, Ben Laden a publié un message audio, adressé au peuple français. « Le refus du Président Nicolas Sarkozy de retirer ses forces d’Afghanistan n’est rien d’autre qu’un feu vert donné à l’assassinat des otages français », déclarait Ben Laden, d’après le Telegraph (GB). « Mais nous ne procéderons pas à leur exécution selon l'agenda qui lui convient ».

D’après un résumé préparé par Reuters, la radio France Info a fait mention, en septembre 2011, du fait que Ben Laden avait l’intention de « discréditer le Président Nicolas Sarkozy et sa politique sécuritaire, avant l’élection présidentielle… probablement en tuant ces otages ».

Ben Laden “a diffusé des instructions écrites aux membres des filières d’Al Qaeda d’Afrique du Nord, connues sous le label d’AQMI, sur la façon de traiter un groupe d’otages, comprenant cinq nationaux français, capturés au Niger », en 2010.

Les sources du Renseignement français ont informé France Info que les autorités l’ont appris “ à partir de documents découverts dans la résidence de Ben Laden à Abbottabad, au Pakistan », où le Chef Suprême d’Al Qaeda a été éliminé, en mai 2011.

D’autres nouvelles preuves du rôle déterminant du Central d’Al Qaeda dans les opérations de kidnapping menées par AQMI ont fait surface, il y a à peine un mois.

Le 25 décembre, Sahara Media a fait un reportage autour d‘une vidéo d’Abu Zeid, un Commandant d’AQMI, qui est lourdement impliqué dans les kidnappings, que l’organe de presse a pu obtenir. Dans cette vidéo, Zeid répond aux requêtes des membres de la famille de certains des otages français encore détenus par AQMI.

Zeid affirme alors que le dossier des otages “était, en tout premier lieu, entre les mains de la filière-mère d’Al Qaeda en Afghanistan”. Mais, « lorsque le dossier est revenu entre les mains d’AQMI, i ly a à peine un an », cette filière a averti la France qu’elle était disposée à négocier leur sort. Zeid a accusé la France d’avoir refusé de collaborer.

Certains ont voulu faire croire que Ben Laden n’était plus qu’un fanatique isolé, à la fin de ses jours. Mais le recoupement de faits, ici, ainsi que d’autres preuves, démontrent qu’il restait très impliqué dans la gestion des opérations du réseau terroriste, quelques mois à peine avant sa mort.

Les conséquences du rôle déterminant que joue la Centrale d’Al Qaeda dans ces prises d'otages ne sont pas entièrement connues. Mais cet épisode démontre que, dans un passé pas si éloigné, les cerveaux du Commandement Central d’Al Qaeda conservaient seuls la pleine maîtrise du dossier, pour ordonner à AQMI de se retirer des négociations concernant les otages.

Etant donné que le porte-parole de Belmokhtar a admis que celui-ci n’agissait que “sous les ordres de la Centrale d’Al Qaeda”, il y a à peine un mois, on est en droit de se demander quel rôle (s’il y en a un) le successeur de Ben Laden, Ayman Al Zawahiri, a directement joué au cours des tous récents évènements (prise de 41 otages et mort de la plupart, à In Amenas, en Algérie).

Pour en savoir plus : 

http://www.longwarjournal.org/archives/2013/01/analysis_al_qaeda_ce.php

Adaptation : Marc Brzustowski.