Autodétermination
Par Alain Rubin
Pour aschkel.info et lessakele.
L’autodétermination est une des dimensions nécessaires du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Ce droit inclus, bien entendu, les moyens pratiques pour décider de son avenir.
Pour certains, la décision est emportée par l’érection d’un parti ou d’un « front de libération», en qualité d’interlocuteur unique et exclusif de l’autorité « coloniale » ou étrangère. Les populations du Vietnam et d’Algérie connaîtront cela, avec les effets délétères que l’ont a vu. L’indépendance n’y débouchant pas sur la souveraineté populaire, mais sur des chaînes « nationales » nettement plus lourdes que les chaînes coloniales.
Aux Comores, au grand dam des « anticolonialistes » de métier et d’officines de l’ONU, une des îles (Mayotte) refusera, à une écrasante majorité, de cesser d’être un bout océanien de la république française. Les nationalistes locaux fulmineront, ulcérés par l’inconscience des votants et par le fait que l’on tiendra compte de leur vote. Leurs alliés « internationalistes » dénonceront l’impérialisme et le néocolonialisme français. Consulté une seconde fois, vingt deux ans plus tard, pour savoir s’ils voulaient devenir pleinement français, les habitants de Mayotte confirmeront à une majorité plus écrasante encore (98%) leur choix de 1977. On entendra encore les sirènes de l’anti-impérialisme dénoncer avec des trémolos dans la voix, le « néocolonialisme » français.
Et au Liban sud...
Depuis ces dernières semaines, l’angoisse étreint le cœur des habitants du village de Ghajar au Liban sud. En effet, ces centaines « d’arabes », compatriotes des Alaouites de Syrie, habitant une bourgade incorporée au Liban, vivent sous souveraineté israélienne depuis presque un quart de siècle. Israël a accepté de restituer au Liban ces quelques arpents. Mais, les habitants ne sont pas d’accord, les ingrats. Ils veulent rester « colonisés »...
A la rédaction du quotidien « le monde », à la direction du PCF, du NPA et de toutes ces petites boutiques politiques frénétiques, on dit : à Ghajar, ils sont occupés ! Sous-entendu, « ils sont séquestrés par ces horribles sionistes ».
Mais, répétons-le, la population alaouite du village libanais n’est pas d’accord, ni avec l’ONU, ni avec la cohorte des boycotteurs d’Israël. Elle ne veut pas que ses maisons et ses terrains deviennent « libanais ».
Devenir libanais, pour ces gens modestes, ce serait, aujourd’hui, devenir sujet sans droits du hezbollah, ce serait devenir des massacrés en sursis, une libération ?
La milice politico-religieuse, financée, encadrée, équipée de A à Z par le fascisme iranien, -qui vient de menacer d’amener jusqu’aux pieds de la potence cent mille iraniens, si nécessaire, pour « défendre la révolution islamique »-, et qui pour impressionner et intimider les Libanais fait régulièrement défiler ses hommes au pas de l’oie en tendant le bras façon hitlérienne ou les fait courir dans les rues de Beyrouth à la façon des chemises brunes du Duce Benito Mussolini, la milice armée injurie les villageois de Ghajar, modestes paysans cultivant leurs lopins ou ouvriers travaillant en Israël. Ce sont : des « traî-tres », éructent Nasrallah et ses hommes de mains, ainsi que les comparses antisionistes du genre Hessel et tutti quanti.
Pensez, ces salauds de villageois de Ghajar se sont autodéterminés eux-mêmes.
Pensez, ils ont voté avec leurs pieds. Pensez, ils ont demandé et obtenu la nationalité israélienne... quels ignobles traîtres à la botte de l’entité sioniste que ces Alaouites, ils préfèrent l’entité coloniale sioniste à la Oumma arabo-islamique ?? Hou ! Hou !!! répondent en échos les organisateurs de boycott, ainsi que les Lefort et autres dépités face au suffrage démocratiques, souvent des enthousiastes orphelins de la défunte dictature stalinienne.
Un accident le choix, l’autodétermination spontanée, des villageois de Ghajar ?
Le 15 juin 1936, trois notables syriens alaouites, écrivaient au Président du conseil français, le socialiste SFIO Léon Blum, qui se trouvait depuis deux mois à la tête du gouvernement du Front Populaire. Que lui disaient-ils au nom de tous les leurs, nos Alaouites ?
Lui demandaient-ils que la France renonce au mandat confié par la Société des Nations (la SDN), comme il lui était très fortement conseillé par certains, les partisans du mufti Husseini notamment ?
Relisons ce passage très significatif de leur courrier adressé à Léon Blum.
« (...) ces braves Juifs ont apporté la civilisation et la paix aux Arabes musulmans, et ils ont dispensé l’or et la prospérité sur la Palestine, sans dommage à quiconque, et sans rien prendre par la force. Malgré cela, les musulmans ont déclaré la guerre sainte contre eux et n’ont pas hésité à massacrer leurs enfants et leurs femmes (...) ainsi un destin terrible attend les Juifs et les autres minorités dans le cas ou les mandats seront annulés et ou la Syrie musulmane sera réunie avec la Palestine musulmane. »
(Lettre du 15 juin 1936 de Baddaoui Al Sabal, Ibrahim Al Kinj et Soliman Al Assad).
Le courrier envoyé au chef du gouvernement français est intéressant, à plus d’un titre. Il montre que la peur panique des Alaouites de Ghajar n’est pas sans cause. Elle a eu un précédent, celle des Alaouites de Syrie. Il montre aussi que la cause de ces craintes lourdes étaient les mêmes : à savoir le caractère meurtrier du djihad. Il réfute les assertions qui sont colportés, telle la rumeur moyenâgeuse, selon laquelle Israël opprime ses voisins et impose un apartheid à ses habitants et citoyens non juifs.
Les habitants de Ghajar n’auraient pas droit à l’autodétermination ?
Les habitants de Ghajar n’auraient droit qu’au tranchant effilé des poignards des hommes de mains du Hezbollah ?
C’est ce qui ressort des pressions exercées sur Israël, plus particulièrement par la bureaucratie du quai d’Orsay dont le futur ex chef de pacotille, l’ancien fringuant « french doctor », s’en est allé aux frais du contribuable, remettre la Légion d’honneur à un fanatique qui ne rêve que d’une chose, réaliser les objectifs inassouvis de la guerre déclenchée par la Ligue arabe à l’automne 1947, à savoir : jeter à la mer les rares Juifs d’Israël survivants du djihad.
Pour l’anecdote, un des trois signataires de la lettre envoyée au Président Léon Blum le 15 juin 1936 n’est autre que l’arrière-grand-père d’un des commanditaires du führer du Hezbollah, en l’occurrence le chef actuel de la dictature baathiste en Syrie.
Alain Rubin