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BILLET D’HUMEUR :
SOS MINISTRES DES AFFAIRES ETRANGERES
Par Jacques BENILLOUCHE
Une race en danger a besoin de toute notre attention : la race des ministres des affaires étrangères. Il est vrai que le poste est souvent octroyé à un méritant, non pas pour ses capacités relationnelles ou intellectuelles, mais pour ses courageuses prises de position ; une sorte de récompense pour service rendu, non pas au pays, mais à un parti politique. Il est souvent attribué à une prise de guerre comme un pilier de l’opposition ou un symbole d’une communauté délaissée. On se rappelle la nomination de David Levy à ce poste alors qu’il ne parlait ni le français, ni l’anglais et ni le Yiddish mais il personnifiait la réussite des sépharades à un poste prestigieux. Il n’a pas marqué d’une pierre mémorable son passage au ministère sinon d’avoir été à l’origine de la carrière internationale du maire de la petite ville de Shlomi, Yéhouda Lancry.
Aujourd’hui, deux ministres sont en difficulté existentielle. Avigdor Lieberman est persona non grata en Europe et aux Etats-Unis car certains s’inquiètent d’avoir à lui serrer la main. Seuls quelques subalternes sont mandatés pour se substituer à ses homologues. Le vice-président Joe Biden, en visite officielle en Israël, a prévenu bien avant son arrivée qu’il n’aurait aucun entretien avec ce ministre car il l’estimait étranger aux affaires. Une sorte de gale politique contagieuse empêchait tout contact. Israël subit ainsi les foudres de ses pays amis qui estiment devoir mettre le nez dans les nominations au ministère le plus important de l’Etat. Le ministre n’existe donc pas, entrainant une politique étrangère israélienne absente sur la scène politique internationale.
Avigdor Lieberman devrait constituer une sorte d’association de protection des ministres des affaires étrangères avec Bernard Kouchner. Le français constituait une prise de guerre puisqu’il émargeait auparavant au parti socialiste mais il vient de tomber en disgrâce parce qu’il s’occupait des affaires qui ne lui était pas étrangères. Le 21 février il se montrait favorable à « la reconnaissance immédiate d’un Etat palestinien ». Deux jours plus tard, lors de la visite de Mahmoud Abbas à Paris, Nicolas Sarkozy prononçait un désaveu public et direct à son ministre : « Dans la déclaration de Bernard, il y avait de la prospective. Or, il faut un Etat palestinien viable, réel, pas simplement une idée. Que voudrait dire un Etat qui n’a pas de frontières, pas de continuité territoriale et pas de possibilité de fonctionner ? ». Il semble que Kouchner soit à présent sur un siège éjectable car ses rapports avec le président sont devenus exécrables. Nicolas Sarkozy a estimé devant ses ministres que « son interview n’a été visée ni par l’Elysée et ni par Matignon. Il a fait comme d’habitude des déclarations à l’emporte-pièce, uniquement par souci d’exister. Ca ne peut plus durer comme cela ».
Par Aschkel