MEMRI Middle East Media Research Institute
Dépêche FR n° 270
Capitaine d´équipe de football féminin en Arabie saoudite : Un jour, je représenterai mon pays
Voir les extraits vidéo sur MEMRI TV :
http://www.memri.org/clip/en/0/0/0/0/0/0/3052.htm
Ci-dessous des extraits d´une émission sur les femmes et le sport en Arabie Saoudite, diffusée sur Al-Arabiya le 8 juillet 2011 :
Présentateur : Capitaine Rima, de nombreux téléspectateurs se demandent probablement comment une femme peut être capitaine [d´équipe de football], vu que les sports [de femmes] ne sont pas reconnus officiellement en Arabie Saoudite. Racontez-nous comment vous êtes devenue capitaine.
"Nous avons décidé… d´investir toute notre énergie à remplir le vide de nos vies"
Rima Abdallah [joueuse de football] : Nous avions pris l´habitude de jouer au foot, et les filles se débrouillaient bien. Au début, c´était un hobby ; on jouait ensemble pendant notre temps libre. Lors de ces séances entre amies, j´ai réalisé qu´il y avait un cadre qu´il serait dommage de perdre, que nous pourrions l´officialiser et que les filles pourraient se mettre à jouer à un jeune âge. Nous avons décidé d´aborder le problème de front et de nous y consacrer, d´investir toute notre énergie à remplir le vide de nos vies avec un hobby que nous aimions. Nous avons décidé de commencer à nous entraîner trois fois par semaine, chaque séance devant durer deux ou trois heures.
Présentateur : Combien de joueuses aviez-vous au début ?
Rima Abdallah : Au début, nous étions une seule équipe.
"Nous cherchions toujours des terrains de foot isolés, loin des hommes"
Présentateur : Quand était-ce ? En 2006 ?
Rima Abdallah : C´était il y a environ six ans. Au début, nous jouions dans des zones fermées derrière des clôtures, afin que personne ne sache. À un certain point, j´ai réalisé qu´il fallait se développer. Je me suis tournée vers les médias pour sensibiliser les autorités au fait qu´il y a des femmes en droit de représenter le pays un jour, d´une manière agréable à Allah, en harmonie avec nos traditions et la charia. Nous avons continué à jouer de cette façon. Nous avons payé tous les frais de nos propres poches. Nous n´avions pas nos propres terrains de foot ; nous avons donc dû les louer. Nous cherchions toujours des terrains de foot isolés, loin des hommes. [...]
Il y a environ un an, un tournoi de football féminin a été organisé à Bahreïn, et je suis triste de dire que la seule équipe qui n´y a pas participé était l´équipe saoudienne.
Présentateur : De tous les pays du Golfe ?
Rima Abdallah : De tous les pays arabes. Le Koweït, Oman, et quelques autres Etats du Golfe y ont participé, ainsi que les pays arabes.
Présentateur : Sauf l´Arabie Saoudite ?
Rima Abdallah : Oui. Nous avons demandé à y participer, mais parce que nous ne sommes pas reconnues par la FIFA ou l´Association de football d&a cute;Arabie saoudite, notre demande a été refusée.
[...]
"les Saoudiennes ont été classées comme ayant le plus fort taux d´obésité dû à l´immobilité"
On doit réaliser, en Arabie saoudite, que les Saoudiennes ont été classées comme ayant le plus fort taux d´obésité dû à l´immobilité. En outre, 94% des femmes en Arabie souffrent de diabète. Ils nous disent qu´il y a des gymnases où les femmes peuvent aller, mais toutes les femmes saoudiennes ne peuvent pas se permettre de payer 5000 ou 10.000 rials pour s´entraîner avec un équipement. Au lieu de cela, je peux m´adonner à un hobby qui me rend heureuse, me donne un but et, surtout, présente une continuité dans le temps. J´espère de tout mon cœur qu´un jour, je participerai [à un tournoi de football] et élèverai le drapeau de mon pays, d´une manière agréab le à Allah. Il y a des équipes féminines arabes où les femmes jouent toutes avec des hijabs et des vêtements longs, recouvrant entièrement le corps, sans que cela altère leurs performances sur le terrain.
Présentateur : Qu´est-ce que vous portez lorsque vous jouez ?
Hadir Sadqa [joueuse de b asket] : Si nous jouons dans une cour fermée, avec des femmes uniquement, nous portons cela.
Présentateur : Pouvez-vous nous montrer ? Il n´a pas de manches...
Hadir Sadqa : C´est vrai, mais quiconque veut porter…
Présentateur : Et en bas, quel est votre uniforme ?
Hadir Sadqa : Nous porter des shorts.
Présentateur : Des shorts normaux, arrivant à la moitié de la cuisse, c´est bien ça ?
Hadir Sadqa : Non. < BR>
Présentateur : C´est ce que vous portez quand vous êtes avec des femmes seulement ?
Hadir Sadqa : Oui.
Présentateur : des shorts ?
Hadir Sadqa : Jusqu´aux genoux. C´est la même chose aux clubs l´Al-Ahli et Al-Hilal.
Présentateur : Mais seulement en compagnie de femmes.
Hadir Sadqa : Mais quand nous apparaissons dans les médias ou quand il y a des hommes dans le public, nous portons de longs vêtements blancs, conformes à la charia, en plus des vêtements de sport.
Présentateur : Vous portez le hijab ?
Hadir Sadqa : Oui.
Présentateur : Comme ce hijab noir que vous portez en ce moment ?
Hadir Sadqa : un blanc.
Présentateur : Et si pendant le jeu, votre couvre-chef tombe ?
"Il existe des couvre-chefs spéciaux, comme des masques. Rien ne peut les déplacer"
Rima Abdallah : Il existe des couvre-chefs spéciaux, comme des masques. Nos sœurs syriennes ont des couvre-chefs comme des masques. Rien ne peut les déplacer.
Présentateur : Les membres de la famille [des joueuses] vous font-il s des problèmes et ont-ils quelque chose à redire ?
"L´une des attaques les plus virulentes à mon égard fut émise lors d´un sermon du vendredi"
Rima Abdallah : Quand tout a commencé, j´ai rédigé un document : toute fille qui voulait se joindre à nous devait obtenir de son tuteur une permission écrite signée. De cette façon, je me suis déchargée de cette responsabilité et me suis protégée. Quant à la société dans son ensemble… Quand nous avons fait notre première apparition en public, nous avons été attaquées. L´une des attaques les plus virulentes à mon égard fut émise lors d´un sermon du vendredi. Tout le sermon portait sur Rima Abdallah, comme si je poussais les femmes saoudiennes à la promiscuité avec les hommes, ou à quelque chose de ce genre.
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