Comment expliquer " Israël " lorsque la presse israélienne est hostile à Nétanyahou ? Daniel Haik
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Le film " les hommes du Président " relate l'histoire de l'affaire Watergate qui conduisit en août 1974, le président Richard Nixon à démissionner. Dans ce film, il est une scène particulièrement marquante : les deux journalistes Carl Bernstein et Bob Woodward, qui s'apprêtent à révéler l'affaire, se retrouvent dans le bureau du rédacteur du Washington Post. Après avoir vérifié la teneur de leurs révélations, il leur dit : « Faites ce que vous avez à faire mais prenez toujours soin de ne jamais affaiblir cette nation ».
La presse israélienne qui se prétend être le chien de garde de la démocratie israélienne n'a apparemment jamais entendu cette réplique. En effet pendant toute la durée de la crise entre Washington et Jérusalem, l'immense majorité des commentateurs israéliens se sont montrés proprement incapables de faire la part des choses : la haine viscérale de certains d'entre eux pour Binyamin Nétanyahou et pour ce qu'il représente, les a conduits à se ranger presque automatiquement aux cotés de l'administration américaine. Sans mesurer qu'ils étaient en train d'affaiblir leur pays. Et ceci est particulièrement vrai pour les commentateurs du Yédiot A'haronot, le plus grand titre du pays qui ont saisi au vol cette occasion de s'en prendre délibérément au Premier ministre, sans percevoir que cette attitude faisait automatiquement le jeu des ennemis d'Israël. Qu'il n'y ait pas de malentendu possible : Binyamin Nétanyahou n'est pas exempt d'erreurs dans cette crise. Quant à la presse israélienne, elle a le droit et même le devoir de critiquer une attitude qui lui paraît incohérente. Mais il y a, dans chaque état, dans chaque démocratie, des limites à ne pas dépasser. La presse israélienne a pu constater que le tandem Obama-Clinton haussait le ton de manière exagérée. Les médias ont remarqué l'acharnement, ainsi que le ton méprisant de l'administration américaine envers Binyamin Nétanyaou. À cet instant, on aurait attendu d'eux un reflexe d'amour propre et de bon sens qui n'est jamais venu. On se serait attendu d'eux qu'ils rappellent aux Américains qu'ils n'ont pas de plus fidèle allié qu'Israël dans la région et que si Israël a besoin des États-Unis, ceux-ci ont aussi besoin d'un Israël fort. Mais au lieu de cela, la majorité des commentateurs a applaudi au bizutage qu'Obama a fait subir à Nétanyahou.
Comment dans un contexte interne aussi hostile, le gouvernement peut-il espérer mener à bien une campagne d'information auprès des européens et des Américains. Comment défendre Israël à l'extérieur lorsqu'à l'intérieur, l'attaque à outrance contre le gouvernement est l'arme la plus fréquemment utilisée ?
Mais ce n'est pas tout ! Là-dessus se greffent de sombres intérêts financiers qui guident une partie des quotidiens israéliens. Ainsi, depuis l'arrivée sur le marché du quotidien gratuit Israël Ayom, et surtout depuis son envol publicitaire, le Yediot A'haronot s'est transformé en véritable machine de guerre qui, semble-t-il s'est fixé pour objectif suprême de faire chuter le gouvernement Nétanyahou. Pour le Yediot, l'équation est simple : la chute de Nétanyaou entraînera irrémédiablement celle du journal qui le soutient inconditionnellement : Israël Ayom. À partir de là, tous les coups mêmes les plus bas sont permis comme celui de la plainte déposée par l'intendante de Sarah Nétanyahou, Lilianne Peretz, révélée dans le Yédiot, ou encore comme la double page dans laquelle le Yédiot reproche à Nétanyahou d'avoir empoché un salaire d'un million de shekels de la part d'une association d'entraide (alors qu'il était simple citoyen). Pour les rédacteurs du Yédiot, du Maariv et, paradoxalement dans une moindre mesure, du Haaretz, Israel Ayom est l'acteur à abattre par tous les moyens: ainsi des députés centristes ont déposé un projet de loi interdisant à un citoyen qui ne serait pas israélien de détenir le contrôle d'un journal. Une loi dirigée contre le Israël Ayom et son puissant patron, le milliardaire juif américain Sheldon Edelson.
Vendredi dernier, le Yediot a publié un bilan de la première année de Binyamin Nétanyahou au pouvoir. Le mépris dont Nétanyahou fait l'objet dans le monde des médias est tel que pour la première fois, on voit les deux frères ennemis, Yédiot et Maariv conjuguer leurs efforts pour affecter le Premier ministre et l'affaiblir.
Ainsi chaque analyse de Ben Caspit, le correspondant politique du Maariv est un plaidoyer impitoyable contre le Premier ministre accusé de tous les maux de la terre. Paradoxalement, le Haaretz, qui est connu pour ses positions à gauche et parfois post-sionistes, est nettement plus équilibré et correct que ses deux " concurrents ".
Enfin impossible de ne pas revenir sur l'attitude ouvertement complaisante avec laquelle les accusateurs de Nétanyahou avaient " protégé comme un étrog " ses deux prédécesseurs, Ariel Sharon et Ehoud Olmert. Passons même sur le fait que Shimon Shiffer (Yédiot) fut l'ami de Sharon et que Nahum Barnéa (Yédiot) celui d'Olmert.
Le fait est que jamais un premier ministre n'a été aussi personnellement critiqué que l'est Binyamin Nétanyahou.
Dans un tel contexte, avec des médias hostiles, on est en droit de se demander légitimement, quel impact pourrait avoir une campagne d'information pro-israélienne à l'étranger ?
Gerard.David 26/03/2010 23:18
Hanna 25/03/2010 05:22