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11 octobre 2009 7 11 /10 /octobre /2009 23:20

Analyse de Khaled Asmar

Des révélations peu rassurantes assombrissent les horizons. Comment le Liban a-t-il échappé au pire, la semaine écoulée ?
Une provocation évitée par miracle, mais qui ne sera pas la dernière

 

dimanche 11 octobre 2009 - 19h36, par Khaled Asmar - Beyrouth

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L’assassinat, le 6 octobre 2009, d’un jeune chrétien à Aïn El-Remaneh, devait servir de détonateur provoquant une nouvelle razzia de Beyrouth. Le fait que les exécutants de ce plan se soient tout simplement trompés de cible a permis au Liban d’éviter une nouvelle escalade de violence. Mais le plan de déstabilisation semble à présent migrer vers le Nord. Nous exposons ici les détails de ce plan machiavélique.

Une source libanaise proche des services de renseignement nous a fait part de son pessimisme quant aux « provocations ambulantes » que connaît le Liban depuis plusieurs semaines, et qui ont culminé, ces derniers jours, par l’assassinat du jeune Georges Abou Madi à Aïn El-Remaneh. Pour rappel, ce quartier chrétien de la banlieue sud-est de Beyrouth fut le théâtre du premier accrochage avec les Palestiniens du Fatah, le 13 avril 1975, marquant le début de la guerre (1975-1990). Aïn El-Remaneh a, depuis, été la ligne de front face au quartier chiite de Chiyah, l’un des principaux fiefs du Hezbollah. Abou Madi a été poignardé par des jeunes chiites qui circulent en mobylettes. Selon notre interlocuteur, « ces bandits seraient venus justement de Chiyah non pas seulement pour semer la terreur, mais surtout pour provoquer les chrétiens et les pousser à commettre l’irréparable. Selon ce plan, prévu par l’encadrement du Hezbollah, la riposte chrétienne étant non calculée, allait permettre au parti chiite de prendre d’assaut tout Beyrouth, comme il l’avait déjà fait le 7 mai 2008 ».

Selon notre source, « ce plan a échoué par miracle, puisque la victime appartenait au Courant patriotique libre du général Michel Aoun (CPL), l’allié du Hezbollah. Son assassinat n’a ainsi pas provoqué la réaction escomptée ». Car, notre source admet que si la victime appartenait aux chrétiens de la majorité, ceux-ci auraient usé de leur droit légitime d’autodéfense, et l’embrasement aurait été inévitable. L’erreur dans le choix de la cible a tout simplement mis en échec l’ensemble de la suite telle qu’imaginée par le Hezbollah. Notre source ajoute : « cyniquement, ce crime abominable a deux avantages : le premier est qu’il a épargné au Liban un nouveau cycle de violence ; et le second est qu’il embarrasse le CPL du général Aoun et mécontente sa base populaire ». D’autant plus qu’il s’agit du deuxième incident grave justifié par Aoun, après l’assassinat de l’officier de l’armée de l’air Samer Hanna, abattu par le Hezbollah alors qu’il pilotait son hélicoptère dans le Sud.

Et notre source d’expliquer les circonstances de la provocation : « elle est intervenue à la veille de l’arrivée à Damas du roi d’Arabie saoudite, Abdallah Ben Abdelaziz, qui a effectué une visite officielle de deux jours en Syrie (7 e 8 octobre), mettant ainsi un terme à l’isolement de Damas sur la scène arabe. Le dossier libanais devait occuper la part de lion dans les discussions saoudo-syriennes, comme il fut au menu des rencontres franco-syriennes. Sous cette pression croisée, la Syrie était obligée, du moins officiellement, de lever les obstacles devant la formation d’un gouvernement libanais. Mais en sous-main, elle ne voulait rien céder. Un embrasement provoqué à Aïn El-Remaneh aurait ainsi permis à ses alliés de s’emparer de Beyrouth, d’écraser la majorité défendue par Riad, et de mettre le roi Abdallah devant le fait accompli. Le plan a échoué par miracle ». Ce qui explique que Georges Abou Madi soit, depuis, considéré comme le martyr de tout le Liban, puisque son assassinat a sauvé le pays.

Mais les planificateurs de la déstabilisation ne s’avouent pas vaincus. Ils déplacent désormais les troubles à Tripoli. Depuis le 7 octobre, des roquettes et des grenades sont lancées par des inconnus sur deux quartiers qui se font face : l’un alaouite à Jabal Mohsen, l’autre sunnite à Bab El-Tebbaneh. La tension entre les deux communautés est ancestrale et la moindre étincelle est susceptible d’embraser toute la région.

Notre interlocuteur craint, en effet, que « cette déstabilisation ne permette, à terme, à la Syrie d’intervenir au Liban sous prétexte de protéger la minorité alaouite, qu’elle avait elle-même installée à Tripoli pendant son occupation du Liban ». Et de rappeler que « les Syriens évoquent, depuis plusieurs semaines, une présence massive de radicaux sunnites liés à Al-Qaïda dans le Nord du Liban, et que cette présence constitue une menace pour la sécurité nationale syrienne ». Pourtant, la seule frontière par laquelle ces radicaux pourraient accéder au Nord du Liban est la frontière syrienne. Damas récidive en jouant le pyromane. L’officier libanais redoute en effet que « les services syriens ne fomentent un attentat en Syrie afin de l’attribuer à Al-Qaïda au Liban, et de justifier ainsi une opération punitive contre ce pays. Un tel scénario machiavélique pourrait également servir à Damas d’éliminer un ou plusieurs témoins encombrants dans l’assassinat de Rafic Hariri, comme il avait l’habitude d’en éliminer » (les exemples sont nombreux : le suicide de Ghazi Kanaan qui s’est tiré trois balles dans la tête en octobre 2005, l’exécution de Mohammed Sleimane dans sa résidence sécurisée de Tartous en juillet 2008, ou encore l’attentat de Damas en septembre 2008…) .

« L’analyse de notre interlocuteur paraît digne d’un scénario à la James Bond », estiment des partisans du CPL, tout en admettant l’expérience de la Syrie en la matière. Ils reconnaissent cependant que le crime de Aïn El-Remaneh aura des conséquences dramatiques sur la popularité de Michel Aoun. D’autres Libanais, moins adeptes de la théorie du complot, pensent au contraire qu’à travers l’incident de Aïn El-Remaneh, « le Hezbollah a cherché à signifier à la Syrie et à l’Arabie, ainsi qu’à tous les autres acteurs régionaux et internationaux, les limites de leur influence sur le Liban. Les assassins de Georges Abou Madi – sur ordre ou spontanément – ont tout simplement voulu rappeler le rôle incontournable du Hezbollah dans toute solution au Liban ». Ce faisant, le parti cherche aussi à s’émanciper à l’égard de la Syrie et à renforcer l’influence de l’Iran sur la scène libanaise. Car « le Hezbollah craint de faire les frais du marchandage syrien en cours. Pour se protéger et se réhabiliter, le régime de Damas tente en effet d’attribuer l’assassinat de Rafic Hariri au Hezbollah ».

Quelque soit le scénario retenu pour comprendre les dessous de la razzia de Aïn El-Remaneh, la seule certitude est que l’avenir proche du Liban reste assez sombre.

Khaled Asmar

© Nos informations, analyses et articles sont à la disposition des lecteurs. Pour toute utilisation, merci de toujours mentionner la source « MediArabe.info »

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Puisque nous nous sommes aujourd'hui habillés de bleu, il conviendrait de rentrer plus a fond dans l'explication du mot lessakel.

En fait Lessakel n'est que la façon française de dire le mot léhasskil.

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Racines, bilitères, trilitères et quadrilitères.

La majorité d'entre elle sont trilitères.

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