La Turquie a rappelé jeudi son ambassadeur à Washington, après le vote par la commission américaine des Affaires étrangères d'une résolution reconnaissant le génocide arménien. Les relations se tendent entre Ankara et Washington. La commission des Affaires étrangères de la Chambre des représentants américaine a approuvé jeudi une résolution sur la reconnaissance...
du génocide arménien par la Turquie en 1915. En signe de protestation, Ankara a immédiatement rappelé son ambassadeur aux Etats-Unis «pour consultations». «Nous condamnons cette résolution qui accuse la nation turque d'un crime qu'elle n'a pas commis», a déclaré le gouvernement turc.
Elle n'a «aucune valeur aux yeux du peuple turc», a ajouté le président turc Abdullah Gul, qui menace de «conséquences négatives (…) dans tous les domaines». Selon Ankara, ce vote montre «un manque de vision stratégique» parmi les élus américains, alors que les deux pays «travaillent ensemble sur un large éventail de questions».
La Turquie, alliée de longue date de l'OTAN, joue un rôle important dans les intérêts américains au Moyen-Orient et en Afghanistan ainsi que dans la médiation face à Téhéran dans le dossier du nucléaire iranien. Hillary Clinton avait pourtant mis en garde les membres de la commission contre l'adoption d'une telle position.
Cela «pourrait dresser des obstacles devant la normalisation des relations» entre la Turquie et l'Arménie, soutenue par Washington, avait averti la secrétaire d'Etat américaine. Ce qui n'a pas empêché le texte d'être voté par 23 voix contre 22. «Les Turcs disent que voter la résolution pourrait avoir des conséquences terribles pour nos relations bilatérales, et peut-être y aura-t-il en effet des conséquences», a déclaré le président de la Commission, Howard Berman.
«Mais je crois que la Turquie tient à ses relations avec les Etats-Unis au moins autant que nous tenons à nos relations avec la Turquie.» Le texte n'a pas encore force de loi La question est un champ de mines diplomatique.
Alors que les massacres commis entre 1915 et 1917 par l'empire ottoman sont qualifiés de «génocide» par la France, le Canada ou encore le Parlement européen, l'importante diaspora américaine aux Etats-Unis fait pression depuis des années en ce sens. Selon les Arméniens, plus d'un million et demi d'entre eux ont été tués dans ce génocide.
La Turquie reconnaît qu'entre 300.000 et 500.000 personnes ont péri mais, selon elle, dans le chaos des dernières années de l'Empire ottoman, et non pas victimes d'une campagne d'extermination. Elle récuse donc la notion de «génocide». Le texte voté jeudi appelle le président américain à «qualifier de façon précise de génocide l'extermination systématique et délibérée de 1.500.000 Arméniens».
Pour avoir force de loi, il doit désormais faire l'objet d'un vote devant la Chambre des représentants en séance plénière. En 2007, une résolution similaire avait déjà été approuvée mais à l'époque, le président George W. Bush avait empêché que le texte soit soumis à l'ensemble des élus du Congrès. Barack Obama, qui avait promis lors de sa campagne électorale la reconnaissance du génocide arménien, a toutefois renoncé à employer ce terme peu après son élection.