Cumul, mélange des genres et parachutage du « 1er cercle » : l’investiture Hoffenberg, comme députée des Français à l’étranger
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par Marc Brzustowski
Pour © 2011 lessakele et © 2011 aschkel.info
La façon dont est conçue la liste des investitures par l’UMP, arrêtée hier 11 avril, pour l’élection législative des députés des Français à l’étranger n’a pas fini de faire des vagues, au sein du parti. La majorité des « prétendants du Château » sont d’actuels et futurs anciens Ministres. A de rares exceptions près, leur choix s’est fait au détriment des conseillers des Français à l’étranger, hommes de terrain, élus, donc investis de la confiance de leurs concitoyens. Selon le Parisien du 11 avril, c’est ainsi que le méritant Francis Nizet, conseiller en Asie, s’est vu rayé des listes, au profit du Ministre des Transports, Thierry Mariani, qui a pris abonnement à l’Orient-express, assurément.
Il s’agit, d’abord, d’assoir une position de surplomb et un avantage stratégique à l’encontre de leurs concurrents. L’article du Parisien ne mentionne ainsi aucun des autres candidats déjà en lice, comme s’ils étaient là pour faire de la figuration programmée. Ne prédit-on pas 9 circonscriptions sur 11, à droite ? Sont mandatées des personnalités suffisamment proches, pour constituer un cordon « d’ambassadeurs bis » en vue de la Présidentielle, sans réelle considération pour la représentation des électeurs.
De fait, on peut se demander, sans qu’il y ait, pour autant, « trucage » avéré, s’il n’y a pas « conflit d’intérêts » et confusion des genres, entre le mandat officiel de « député » [représentant du peuple expatrié ou migrant], et celui de pur adoubé par la politique prônée d’en-haut.
Ainsi, à peine officiellement investie par son parti, la candidate fraîche et moulue du « Premier Cercle » [elle a excellé dans la collecte de fonds pour la campagne présidentielle de 2007-], Valérie Hoffenberg est de toutes les réceptions officielles, étoffant son carnet d’adresses, à force de mixer les fonctions :
Représentante spéciale de la France pour la dimension économique du processus de paix au Proche-Orient, au Ministère des affaires étrangères, le jour, elle est candidate à la législature, le soir. Elle tire ainsi pleinement parti de sa fonction pour faire campagne auprès des milieux d’affaires. Elle pourra, ensuite, s’appuyer sur ce réseau de relations pour snober l’homme de la rue.
Plus qu’une « parachutée », c’est une « missionnaire » : elle prépare sa chute et pare aux aléas ou à l’échec du « processus », depuis novembre 2009, tout en ménageant des voies de sortie économique. Quand la paix dans la sécurité n’est plus de mise, c’est le dernier argument pour tenter de monnayer un prolongement de trêve…
Chaperonnée par le Président, la candidate Hoffenberg incarne à la perfection le « déni de rupture » qui a marqué son quinquennat. A travers elle, il s’agit d’abord de réaffirmer l’attachement à un « processus d’Oslo » qui se réduit au refus permanent de négocier et à l’attente d’une reconnaissance unilatérale de l’Etat palestinien, de la part de l’ONU, fin septembre 2011.
L’approche économique à l’égard d’Israël est, ainsi, devenue le substitut à l’approfondissement des relations diplomatiques entre l’Etat hébreu et la France, alors que celles-ci butent sur des limites indépassables, pour cause de « politique arabe ».
Il est vrai qu’il y a de la marge, puisque la France reste le 10è client d’Israël, loin derrière :
les Etats-Unis, la Chine, l’Allemagne, la Belgique, la Suisse, l’Italie, l’Angleterre, la Hollande, l’Inde, la Turquie et le Japon. A égalité avec le Kirghizistan.
Tour à tour, Eric Besson (investi en Espagne), en janvier, Christine Lagarde (investie aux Etats-Unis), lors d’un forum en juin 2011, sont dépêchés sur place pour donner un coup d’accélérateur… à la candidature de Valérie Hoffenberg (entre collègues, on se doit bien ça), et, incidemment, à celle de Nicolas Sarkozy. L’homme a déçu par ses rodomontades contre l’actuel gouvernement israélien. On se souvient d’un fameux dîner du CRIF, le 9 février, où il sommait celui-ci de faire pression sur Israël pour qu’il « accepte de négocier » ( !), lorsqu’on attend Abbas à la table des pourparlers directs, depuis, tiens!, que Mme Hoffenberg est, tout spécialement, déléguée pour ce faire…
On ne verra, par exemple, Valérie Hoffenberg ne marquer que rarement -ou de façon confidentielle, sur son blog- son indignation face au quintuple meurtre d’Itamar de 5 ressortissants franco-israéliens, les Fogel. Elle ne saurait, personnellement, être en discordance avec la chape de plomb officielle qu’a défendue, sur son blog, son ami et obligé Enderlin. Ni éviter de commercer avec le Hamas, en accompagnant, à ses risques et périls, du reste, l’ex-Ministre des Affaires étrangères dans la Bande de Gaza, le 21 janvier dernier (http://www.lepoint.fr/monde/gaza-l-emissaire-hoffenberg-choquee-et-surprise-de-la-haine-21-01-2011-1286372_24.php). Que des double-nationaux, nombreux à Ashdod, parmi d’autres Israéliens, soient sous le feu des qassams et grads ou que Guilad Shalit, otage depuis 5 ans, soit, lui-même, binational, ne lui pose pas, non plus, de problème de « conflit d’intérêt ». Ingénue, elle se déclare même « choquée » par la haine que les Palestiniens de Gaza manifestent contre sa « neutralité diplomatique ». Il est vrai qu’on n’a guère entendu parler d’elle, lors de la pleine approbation, par la France et l’Union Européenne, du fumeux « Rapport Goldstone »… Vous savez ?, celui qui retombe comme un soufflé, de l’aveu même de son rédacteur en chef…
Alors, quel est l’intérêt d’une candidature, dont le bilan est frappé au coin de l’immobilisme dans les échanges bilatéraux? Et qui ne défend pas, non plus, ceux de ses concitoyens, victimes -entre autres- des réticences d’une politique à s’insurger contre les montages diabolisateurs ? Celui d’assujettir le destin de ressortissants d’une lointaine province, dont on préfère ignorer les vicissitudes et besoins réels, en termes de sécurité et de vie quotidienne ?