Dans une lettre à Netanyahou et Barak, 58 officiers de réserve de Tsahal pressent le Premier Ministre et le Ministre de la Défense “de prendre une décision cruciale et de libérer Guilad Shalit”
Par Ahiya Raved
Adapté par Marc Brzustowski
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“Il est temps de prendre une décision cruciale et de libérer le soldat kidnappé Gilad Shalit, ont déclaré 58 officiers réservistes de haut-rang, dans une lettre envoyé lundi au Primier Ministre Benjamin Netanyahu et au Ministre de la Défense Ehud Barak.
La lettre est signée par trois colonels, 35 lieutenants-colonels et 20 majors.
“L’Etat est en train de violer de façon flagrante son devoir moral envers ses combattants en général et Guilad Shalit en particulier”, déclare ce courrier. « Le sentiment , c’est que vous, en tant que chefs de l’Etat, n’en faites pas assez pour ramener Guilad à la maison, ce qui provoque chez nous la question des valeurs de camaraderie, de la responsabilité mutuelle de ne pas abandonner les combattants sur le champ de bataille ».
“Comment pourrions-nous mener nos troupes à la bataille », demandent les officiers. « L’absence de recours de l’Etat dissout les valeurs fondamentales sur lesquelles reposent l’ordre « suivez-moi » - ce même appel qui fait que des combattants sacrifient leur vie pour nous et pour cet Etat ».
“Il est temps de prendre les décisions cruciales qui libéreront Guilad. Ses souffrances sont nos souffrances, et l’abandonner, c’est nous abandonner tous ».
Le Lieutenant-Colonel Benny Hefetz, commandant-adjoint de Brigade dans le corps des artilleurs, a expliqué à Ynet que la lettre avait été écrite et envoyée comme effet rétroactif de l’impasse dans laquelle se trouvent les négociations censées sécuriser la libération de Shalit, et du fait que l’attention du public et des médias pour les conditions de survie du captif déclinait.
“Nous avons senti que suffisamment de temps avait passé et que rien ne s’était produit », explique Hefetz, professeur de chimie environnementale à l’Université Hébraïque.
Questionné sur le prix qu’ Israël pourrait se voir exiger dans le cadre d’un futur échange de prisonniers, Hefetz a répondu : « Je crois qu’une part du problème vient de l’usage du terme « kidnappé ». Guilad est un soldat détenu par le Hamas. Durant la Guerre de Yom Kippour, nous avons libéré plus de 8000 prisonniers égyptiens, qui étaient responsables de la mort de bon nombre de soldats israéliens. C’est indubitablement un prix élevé, mais personne n’a remis en cause la nécessité de l’acquitter ».
L’un des initiateurs de la lettre, le Lieutenant-Colonel Mike Biton, a expliqué que “les soldats que nous commandons sentent que nous sommes totalement engages à faire tout ce qui est en notre pouvoir pour les défendre et prendre soin d’eux si quelqu’un est blesse ou pris en otage.
“Mais le sentiment est que, lorsqu’on en vient aux rangs les plus élevés, l’Etat ne partage pas notre engagement et ne fera pas la part qui lui revient. Et cela, lorsque nous avons un réel problème sur le terrain ».
Selon Biton, “Guilad est un exemple radical du problème que leur crée le fait que nos engagements soient mis en doute. Je ne prétends pas savoir quelles considérations doivent être prises en compte, du point de vue du Ministre de la défense ou du Premier Ministre, mais je vois que les Américains ne négocient pas avec les terroristes, ce qui n’empêche pas que des soldats américains soient constamment kidnappés. »
“Guilad Shalit se trouve en captivité depuis quatre ans et il y a toujours beaucoup de motivation parmi les organisations terroristes à kidnapper des soldats supplémentaires”.
Il a ajouté qu’il comprenait les sentiments de ceux qui sont opposés à un accord d’échange de prisonniers, « mais au bout du compte, cela dépend de la motivation de l’autre camp à perpétrer d’autres attaques, et leur capacité à lancer des attaques n’augmentera pas si nous libérons plus ou moins de gens. Cela ne dépend pas du fait de relâcher plus de terroristes ».
Boaz Fyler a contribué à ce reportage