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1 mai 2012 2 01 /05 /mai /2012 11:30
Un nouveau modèle de croissance possible en France

LE CERCLE.   La France pourrait se repositionner sur l’échiquier de l’économie mondiale en s’inspirant du modèle entrepreneurial israélien et des atouts qu’offre la finance participative.

 

http://lecercle.lesechos.fr/economie-societe/politique-eco-conjoncture/politique-economique/221146340/nouveau-modele-croissance-


En ce premier semestre 2012, la France vit une période cruciale quant à son avenir, dans un contexte géopolitique tendu et un monde économique plus qu’incertain. Toutefois, force est de constater que les thèmes de l’innovation de rupture et de l’entrepreneuriat n’ont malheureusement pas été élevés au rang de priorité absolue par les équipes de campagne de la plupart des candidats à l’élection phare que représente la présidentielle et les législatives qui s’ensuivent.

En effet, bien que les personnalités politiques favorites des Français soient sensiblement toutes d’accord pour défendre l’initiative personnelle créatrice de valeur ajoutée et de prospérité en vue d’un bien collectif, trop peu d’entre elles ont réellement tenu un discours allant pleinement dans ce sens, trop peu ont proposé une réelle valorisation et une facilitation de la vie des entrepreneurs, seules solutions peut-être pour sortir le pays de la crise. 

La réalité est qu’en France, même en 2012, la valeur travail, l’entreprise, l’entrepreneuriat et la réussite individuelle ne sont pas très populaires, voire paraissent presque jalousés ou suspects, un clivage marqué semblant s’opérer au sein même des grandes familles politiques, des médias et de la population. Le très respectable patron du groupe Publicis en a fait récemment l’amère expérience.

Le moment ne serait-il venu de "cesser une politique de la défiance généralisée", au profit d’une France "business friendly" qui "réduirait son taux de répulsivité", comme l’affirmaient respectivement Elie Cohen et Denis Kessler à l’occasion du colloque "La France dans la mondialisation : conquérir plutôt que subir" organisé en mars 2012 par le gouvernement français et le Centre d’Analyse Stratégique, sous l’égide du secrétaire d'État chargé du Commerce extérieur Pierre Lellouche ?

Tenir un discours visant à essayer de "produire en France" sans pour autant mettre en exergue les potentialités, les atouts d’une valeur ajoutée pour le pays et les territoires, sans regarder en face les vrais problèmes qui se posent à des pays développés en phase de désindustrialisation comme la France par exemple, sans mettre en place une réelle et indispensable politique industrielle, voire sans proposer une stratégie de puissance au niveau international, semble par avance voué à l’échec.

Comme il est préconisé à l’EGE, une nouvelle grille d’analyse reposant sur les dimensions "marché, puissance, territoire" serait tellement plus pertinente et adaptée aujourd’hui. Ainsi, dans le "Manuel d'intelligence économique" publié aux éditions Puf sous la direction de Christian Harbulot, est-il clairement rappelé que "l’intelligence économique apprend à penser autrement en sortant des sentiers battus.

Elle forme les futurs managers à un usage offensif de l’information pour conquérir des marchés dans une mondialisation des échanges qui est loin d’être pacifiée". Churchill disait, lorsqu’on a un problème, "il faut prendre l'événement par la main avant qu'il ne vous saisisse à la gorge". Il serait ainsi peut-être de bon ton de se relever, de regarder devant soi et non pas dans le rétroviseur ou son propre nombril, afin de prendre exemple sur les bonnes pratiques à l’international dont certaines pourraient être transposables et bénéfiques en France.

Comme j’ai déjà pu l’exposer le 11 mai et le 23 septembre 2011, la remarquable réussite économique d’Israël mérite de s’y intéresser. Israël est un pays qui a su, dans un environnement hostile, faire émerger et prospérer un écosystème favorable au développement d’entreprises innovantes de la high-tech, offrir d’importantes capacités d’investissements en capital-risque. Ses capacités en recherche et développement ont également attiré de très nombreuses entreprises étrangères notamment américaines et allemandes.

Cela tient en partie à un esprit caractérisé par l’absence de hiérarchisation dans la société, un fort métissage d’individus hautement qualifiés issus de l’immigration, le brassage social que favorise le service militaire, une certaine insatisfaction incitant à se remettre en question en permanence. Mais cela découle surtout d’un état d’esprit entrepreneurial reposant sur des valeurs de progrès et de résistance et d’un profond sentiment de liberté, ceci dès le plus jeune âge.

Israël est aujourd’hui devenu un vrai pôle d’innovation au niveau planétaire et l’on parle désormais d’"Israël Valley" en référence à la Silicon Valley. À ce sujet, sans doute un ouvrage de Daniel Rouach et Édouard Cukierman va faire référence : "Israël Valley, un modèle d’innovation" aux éditions Village Mondial. Ceci dit, les économies israéliennes et françaises ont en commun un certain nombre de caractéristiques notamment celles des importantes capacités innovantes de leurs écosystèmes du secteur du numérique et de l’internet.

Effectivement, depuis quelques années l’économie française a vu émerger un nouveau type de start-ups, des plateformes internet particulièrement innovantes dans le registre de la finance participative, également appelée "Crowdfunding". Pour n’en citer que quelques-unes : Wiseed, FriendsClear, Prêt d’Union, Spear, Ulule, Arizuka, Finance Utile ou Particuliers Associés, qui permettent à de nombreux apporteurs d’argent d’investir de petites sommes dans des projets, offrant aux épargnants la possibilité de choisir la destination finale de leur argent (entreprise, projet créatif ou social), sous forme de dons, de fonds propres ou de prêts rémunérés ou pas.

La finance participative est un moyen pour redonner des marges de manœuvre individuelles et collectives aux concitoyens, pour leur permettre de se réapproprier la compréhension de l’économie et des projets. C’est aussi un outil à fort potentiel pour soutenir le développement économique local, le financement des projets à valeur commune ou encore pour aider des entreprises lors de phases critiques (création), temps forts délaissés par les financiers classiques. Par ailleurs, à l’instar de ce qu’il se passe dans les pays limitrophes de la France, il est possible de constater que la finance participative peut également devenir un relais de croissance pour créer des emplois.

Les décideurs politiques en France, en Europe et en Israël auront certainement dans les mois qui viennent l’opportunité d’approfondir une réflexion pour éventuellement faciliter l’émergence de ces nouveaux acteurs dans l’économie, comme viennent de le faire les États-Unis. À cet égard, le succès de la rencontre sur la finance participative organisée le 26 mars 2012 dans l’ancienne bourse parisienne par les opérateurs de plateformes internet, porteurs de projets, investisseurs et citoyens, avec le soutien de l’Ordre des experts comptables, afin d’exposer les potentialités de ce nouveau mode de financement, est de très bon augure.

Culturellement, la France ne manque pas d’esprit d'initiative. Elle est, après les États-Unis, le deuxième pays pour le nombre de réseaux de Business Angels et les montants investis annuellement par ces réseaux. Cependant, il s’agit dans ce contexte d’un esprit d’initiative entrepreneuriale d’un genre nouveau, qui dopé par internet, pourrait être susceptible d’apporter en partie les réponses perturbatrices et innovantes à des pays à économie mature qui se remettent en question.

Enfin, je terminerais en invitant à suivre les sages préceptes de Montaigne et à veiller dans la société à "privilégier la culture du questionnement, du doute, du débat, de la contradiction, de la remise en question". C’est peut-être à cette condition et en s’inspirant de la réussite entrepreneuriale israélienne que la France parviendra à se positionner dans une économie mondiale chamboulée, en harmonie avec ses partenaires commerciaux, et grâce à une confiance en ses propres forces et un nouvel état d’esprit encourageant la prise de risques.

Comme le rappelait dernièrement le président de la République, la vocation de la France, celle de Victor Hugo et du général de Gaulle, est d’agir. Plutôt que d’inciter les esprits créatifs à l’exode, elle pourrait alors inventer un "nouveau modèle français de croissance", où un "État entrepreneur" accompagnerait les talents à prendre leur destin en main.

Fabien Risterucci

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A tous nos chers lecteurs.

 

Ne vous est-il jamais venu à l'esprit d'en savoir un peu plus sur le titre de ce blog ?

Puisque nous nous sommes aujourd'hui habillés de bleu, il conviendrait de rentrer plus a fond dans l'explication du mot lessakel.

En fait Lessakel n'est que la façon française de dire le mot léhasskil.

L'hébreu est une langue qui fonctionne en déclinant des racines.

Racines, bilitères, trilitères et quadrilitères.

La majorité d'entre elle sont trilitères.

Aussi Si Gad a souhaité appeler son site Lessakel, c'est parce qu'il souhaitait rendre hommage à l'intelligence.

Celle qui nous est demandée chaque jour.

La racine de l'intelligence est sé'hel שכל qui signifie l'intelligence pure.

De cette racine découlent plusieurs mots

Sé'hel > intelligence, esprit, raison, bon sens, prudence, mais aussi croiser

Léhasskil > Etre intelligent, cultivé, déjouer les pièges

Sé'hli > intelligent, mental, spirituel

Léhistakel > agir prudemment, être retenu et raisonnable, chercher à comprendre

Si'hloute > appréhension et compréhension

Haskala >  Instruction, culture, éducation

Lessa'hlen > rationaliser, intellectualiser

Heschkel > moralité

Si'htanout > rationalisme

Si'hloul > Amélioration, perfectionnement

 

Gageons que ce site puisse nous apporter quelques lumières.

Aschkel pour Lessakel.

 

 

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