Décryptage de Chawki Freïha
http://mediarabe.info/spip.php?article1865
Mais le secrétaire général du Hezbollah se contredit : il annonce son adhésion à Wilayat al-Faguih et dément toute ambition iranienne au Liban !
mercredi 13 octobre 2010 - 21h14, par Chawki Freïha - Beyrouth
Le président de la République islamique d’Iran, Mahmoud Ahmadinedjad, a été accueilli ce soir par une foule monstre dans le stade "Al Raya" de la banlieue sud de Beyrouth. Plusieurs responsables de l’opposition libanaise, menée par le Hezbollah, étaient là, à l’exception de Hassan Nasrallah qui n’ose toujours pas sortir de sa cachette depuis l’été 2006.
D’ailleurs, Nasrallah, dont la voix est rayée et qui semble enrhumé (tenant un mouchoir), s’est contenté de prononcer un discours par écrans géants interposés, pendant un quart d’heure. Il a multiplié les remerciements à l’Iran, au Guide et au Président, au gouvernement et au peuple, pour « le soutien indéfectible qu’ils ont apporté à la Résistance ».
Malgré sa peur qui l’empêche de quitter sa cachette et le sous-sol de la banlieue sud de Beyrouth, Nasrallah s’est montré très puissant. Il a en effet salué le courage du Guide de la République islamique Khamenaï, celui de son prédécesseur Khomeiny, et surtout celui d’Ahmadinedjad « qui ne cesse de défendre et promouvoir les idées des Guides et de répéter sa profonde conviction devant le monde entier : “Israël est un pays illégitime. Cette entité doit et va disparaître” ».
La puissance de Nasrallah tient à celle de l’Iran, « qui n’a pourtant pas de projet politique pour le Liban, ni pour la Palestine, encore moins pour le monde arabe. Tout ce qui se dit sur ce sujet est de pure invention américano-sioniste », a insisté Nasrallah. Bien au contraire, « l’Iran est une garantie pour les musulmans et les chrétiens contre leurs divisions et leurs déchirements voulus par les Américains et les Israéliens... L’Iran ne veut pour la Palestine que ce que les Palestiniens veulent pour eux-mêmes. L’Iran ne veut que reprendre le combat des Arabes, abandonné depuis des années ; ce combat lancé jadis à Khartoum (sommet arabe du Soudan, septembre 1967, NDLR) par l’ancien président égyptien Nasser et son fameux “triple Non” », a encore précisé Nasrallah. Ce faisant, il a tenté de rassurer les Sunnites et les Arabes sur les intentions de l’Iran, mais il a surtout essayé de faire main basse sur le dossier palestinien en voulant sensibiliser et rallier l’opinion publique arabe.
Concernant le Liban, le chef du Hezbollah a affirmé que « l’Iran n’a aucun projet pour le pays, à part ce que veulent les Libanais. L’Iran soutient leur unité et les aide financièrement, sans contrepartie. L’Iran, ce pays de justice, de droit, de sciences et des valeurs de la République islamique, aide tous les opprimés de la terre face à la tyrannie de l’Amérique. En face, l’Amérique et Israël n’ont répandu dans la région que massacres, tueries, expulsions de populations et destructions... », a également ressassé Nasrallah.
Mais l’homme s’est trahi en réitérant son appartenance au concept de Wilayat el-Faguih et en affirmant entretenir des liens étroits avec la direction iranienne. En faisant l’éloge de Wali el-Faguih, Nasrallah a indirectement dévoilé son rêve,déjà prononcé dans les années 1980, celui justement d’appliquer le concept de Wali el-Faguih au Liban. Mais Nasrallah n’est pas à une contradiction prêt.
Voici l’essentiel du discours de Nasrallah, en arabe
Première partie (7 minutes)
Deuxième partie (7 minutes)
Ahmadinedjad invite la Turquie à intégrer son front anti-israélien
Très applaudi, Ahmadinedjad a pris la parole pour réitérer « le soutien iranien au Liban en général et à la Résistance libanaise et palestinienne en particulier ». Il a estimé que « l’entité sioniste vacille et son projet est dans l’impasse. Aucune puissance dans le monde ne peut désormais empêcher Israël de sombrer. D’où la tentation israélienne de commettre de nouvelles aventures qui précipiteront sa disparition ». Ahmadinedjad a accusé « l’Occident d’avoir fourni à l’Etat hébreu des armes nucléaires pour soumettre la région, et pour la même raison, l’Occident veut empêcher l’Iran et les autres pays d’accéder à cette technologie ». Ahmadinedjad est revenu sur les attentats du 11 septembre 2001, en proposant « la création d’une commission d’enquête indépendante afin de faire la lumière sur ces attaques » qu’il attribue aux services américains et israéliens afin de justifier leurs guerres contre l’islam et les musulmans.
En outre, le président iranien a souhaité « former un front de résistance comprenant la Palestine, le Liban, la Turquie et l’Iran pour que la Nation islamique retrouve sa dignité ». Il a conclu en annonçant « le retour imminent de l’imam Al-Mahdi, le descendant du Prophète et son successeur, pour faire régner la justice dans le monde... ».
Chawki Freïha
© Nos informations, analyses et articles sont à la disposition des lecteurs. Pour toute utilisation, merci de toujours mentionner la source« MediArabe.info »