Des détails sur le nouvel incident inter-coréen !
mardi 23 novembre 2010, par
Le 23 novembre de 14 h 3O à 16 h, heure locale, l’artillerie DPRK [1] a ouvert le feu sur l’île sud-coréenne de Yeonpyeongdo, située juste en-dessous du 38è parallèle qui sépare les deux Corée. Ce sont près de 2OO roquettes qui ont été tirés et qui ont tué 2 fusilliers-marins ROK [2] et ont blessé un grand nombre d’autres militaires (on parle de plusieurs dizaines).
La ROK a réagi en tirant 80 obus d’artillerie [3] sur des positions militaires DPRK, en envoyant des chasseurs F16 survoler la zone et en mettant toutes ses forces armées en état d’alerte maximum.
Les troupes US, massivement présentes en ROK, n’ont pas participé aux combats mais se sont également mises en état d’alerte.
Cette attaque se déroule au moment où l’armée ROK est en train de tenir d’importantes manœuvres militaires réunissant 70.000 hommes provenant de toutes les composantes des forces armées.
Ce n’est bien évidemment pas la première provocation nord-coréenne mais son degré d’intensité est particulièrement inhabituel, si on excepte le torpillage d’une corvette ROK en mars dernier.
Les raisons ?
Le régime nord-coréen est tellement imprévisible et le pays est tellement sous contrôle qu’il est très difficile d’analyser le pourquoi d’une telle escalade communiste. On n’est même pas sur qu’il y ait une logique tant le dirigeant actuel et son fils (appelé à être son successeur probable) semblent être des caricatures de dictateurs mégalomanes.
Mais il peut tout aussi bien y avoir des raisons plus terre-à-terre. Il peut s’agir des résultats de tensions internes crées par la lutte de succession de Kim Jong Il. Lutte quasi-officiellement ouverte depuis le récent et dernier congrès du Parti Communiste [4] . Au sein de l’armée, entre autres, on semble voir la mise en avant du fils du Guide d’un assez mauvais œil…
Cela peut aussi être une tentative de fuite en avant. Cet événement arrive en effet au moment où la communauté internationale vient de découvrir l’existence au Nord, de nouvelles installations d’enrichissement d’uranium et où des rumeurs parlent d’un prochain nouvel essai nucléaire des nordistes.
Il pourrait aussi s’agir d’essayer de regrouper la population autour du régime.
Les suites
Si cela s’arrête là, le pire aura été une nouvelle fois évité. Mais en cas de nouvelle attaque, il est probable que la ROK et les USA, qui sont officiellement les alliés de la ROK dans une guerre qui n’est toujours pas formellement terminée entre le nord et le sud, devront riposter sous peine d’une perte totale de crédibilité.
Et cette réaction, aussi mesurée soit-elle [5], risque à son tout de provoquer une riposte du nord. D’où le risque d’escalade et d’embrasement généralisé. On a beau examiné le problème sous tous les sens, le problème de la région n’est pas tant le développement nucléaire du nord ou ses provocations, c’est le Régime nord-coréen en tant que tel…
Photo satellite de la nouvelle installation d’enrichissement d’uranium en Corée du Nord
[1] DPRK : Democratic People’s Republic ok Korea = Corée du Nord
[2] ROK : Republic Of Korea = Corée du Sud
[3] La riposte a été effectuée par des canons automoteurs d’un calibre de 155 mm
[4] lire Intelbriefing d’octobre 2010
[5] Cela pourrait consister à détruire l’unité DPRK qui serait à l’origine d’une nouvelle provocation ou bien à la frappe, par aviation ou missiles de croisières, d’une cible symbolique en Corée du Nord