On peut croire qu'au centre-droit, la défection au profit de Philippe Karsenty de l'essentiel de l'appareil romain de l'UMP signe que "la messe est dite" : hors contexte israélien stricto-sensu, il n'y a pas, actuellement, de candidat qui puisse logiquement s'aligner ni s'opposer, de façon crédible. Il est très rare qu'un candidat râfle une partie des suffrages et soutiens dédiés à sa concurrente directe, avant même un premier tour, normalement propice aux ralliements. C'est, en soi, une fin de partie et un gros "échec et mat", si on s'en tient à droite, pour le moment. Ce retournement de situation indique aussi la rage de vaincre de ceux qui se reconnaissent au centre-droit, comparée aux petits calculs des camps alternatifs ou adverses... C'est de très bonne augure (romaine) pour le défenseur pugnace de l'honneur d'Israël face aux médias.
Exclusif JSSNews : Dominique Sicouri est la vice-présidente de l’UMP en Italie et la responsable à Rome de Génération France, le groupe de réflexion de Jean-François Copé. Avec les élections législatives qui approchent et les diverses polémiques entourant la candidate officielle de l’UMP, Valérie Hoffenberg, Madame Sicouri a accepté de répondre à nos questions. Une interview sans tabou ni langue de bois, qui met un terme à une semaine mouvementée. Le 5 mars nous publiions des révélations concernant les tensions entre elle et son équipe italienne. Le lendemain, Alexandre Bezardin, son suppléant… Le lendemain, celui-ci s’exprimait dans une tribune libre ou il appelait les Français à l’union du centre-droit, sans vraiment soutenir la candidate UMP.
Ce qui suit semble prouver que son appel est entendu.
JSSNews : Dominique, Sicouri, pourriez-vous nous dire vous êtes ?
Dominique Sicouri : Je suis une Française installée à Rome depuis 1968. Mes parents, nés en Egypte, sont arrivés en France en 1948. J’ai exercé différentes activités dans le domaine culturel, artistique, chargée d’études et d’échanges entre la France et l’Italie, de coproductions cinématographiques, d’organisation de forums de réflexion divers, etc. Fortement impliquée dans la vie romaine, mais toujours attachée à mon pays, la France, j’ai naturellement constitué un réseau étendu de relations italiennes et françaises en Italie. J’ai aussi pu contribuer à défendre les idées auxquelles je croyais pour la France en devenant responsable de la communication et des rapports institutionnels de l’UMP en Italie.
JSSNews : Pourquoi ne faites-vous plus campagne pour Valérie Hoffenberg ?
D.S. : Jean-François Copé m’a chargée de créer l’antenne italienne de Génération France, son groupe de réflexion. Dans ce cadre là, j’ai récemment organisé le premier forum de réflexion sur le statut de l’auto-entrepreneur pour lequel Valérie Hoffenberg est venue à Rome. Elle a ainsi pu participer aux rencontres que nous avions organisées. Je dois reconnaître qu’elle est très habile, qu’elle s’exprime bien et qu’elle est charmante. Elle est aussi intelligente et persévérante. Mais, sans des valeurs fortes, il me semble que cela ne suffit pas.
Pour s’imposer, il faut aussi écouter, travailler et convaincre.
La greffe Hoffenberg n’a pas pris en Italie. Par ses attitudes « parisiennes », elle est même parvenue à démobiliser la plupart des gens que nous avions réunis afin de travailler à sa candidature. Son absence de compréhension de la situation des Français d’Italie a fini par décourager les plus militants d’entre nous.
Comme vous l’avez récemment publié, nous lui avons suggéré de se retirer car sa candidature sombrait en Italie, mais aussi commençait à peser sur la campagne du Président de la République. En vain. J’ai alors pris les devants en lui annonçant, la semaine dernière, que je renonçais à faire campagne pour elle.
JSSNews : Allez-vous continuer à vous engager dans cette campagne ?
D. S. : Je vous avoue qu’après la déception et la désaffection provoquées par la candidature de Valérie Hoffenberg, j’ai pensé m’éloigner de cette campagne. Puis, j’ai eu la chance de rencontrer Philippe Karsenty lors d’un de ses séjours à Rome. En effet, dans une attitude républicaine, il a pris la peine de me convier à une de ses soirées de campagne où j’ai pu apprécier ses qualités relationnelles, d’écoute, son dynamisme et sa capacité de conviction.
JSSNews : Etes-vous en train de nous dire que vous allez soutenir Philippe Karsenty ?
D. S. : Exactement ! Je ne le connaissais pas auparavant et ce que j’avais entendu de lui ne m’avait pas donné envie de le connaître. La semaine dernière, j’ai aussi été choquée d’entendre Valérie Hoffenberg se réjouir de la cassation de l’arrêt qui avait relaxé Philippe Karsenty dans le cadre de l’affaire al Dura. Je me suis alors documentée.
Finalement, j’ai découvert que Philippe Karsenty est un homme intelligent, déterminé et franc. J’ai compris ce qu’était le sens de son engagement politique tourné vers la défense de valeurs du centre-droit et par dessus tout, de la vérité. Je dois dire que c’est cet aspect de sa personnalité qui m’a le plus convaincue. C’est un homme cultivé, pragmatique et, qualité indispensable pour un candidat, Philippe est à l’écoute des préoccupations des Français d’Italie. J’en ai parlé autour de moi et j’ai entendu le même constat unanime : « Il dit vrai. »
JSSNews : Les critiques acerbes qu’il a portées contre la politique étrangère du Président de la République ne vous paraissent-elles pas être en contradiction avec vos engagements nationaux au sein de l’UMP ?
D. S. : Je ne le pense pas. Philipe Karsenty est un homme franc et direct. Il dit ce qu’il pense et parfois, même souvent, il touche juste. Certaines de ses formules ne me paraissaient pas totalement adaptées mais je peux comprendre son point de vue.
En tant que vice-présidente de l’UMP en Italie, je fais campagne pour le Président de la République alors que sa campagne locale risquait d’être plombée par les événements liés à la campagne législative de la 8ème circonscription.
Pour ce qui concerne l’élection de notre député des Français qui résident hors de France où se trouvent notamment l’Italie et Israël, je ferai campagne pour Philippe Karsenty sans états d’âme.
Je veux voir élu chez nous un député de la droite républicaine. Je pense par conséquent, et je ne suis pas la seule en Italie, qu’il est de notre responsabilité de voter efficace et de tous se rassembler derrière Philippe Karsenty.
JSSNews : Cela signifie-t-il que Philippe Karsenty va rejoindre l’UMP ?
D. S. : Je ne le sais pas. Il faut le lui demander. Je constate simplement que Philipe Karsenty a été élu à la mairie de Neuilly en 2008 au sein d’une équipe qui n’a jamais fait allégeance au chef de l’Etat tout en restant au centre-droit. J’observe que cette équipe est restée indépendante et qu’elle n’a jamais été investie par l’UMP, même si l’UMP l’a soutenue.
Interview réalisée par Véronique Moncoutier – JSSNews