avec la vivacité qu'on ne présente plus d'Aschkel
Dure semaine pour le Hamas : Goldstone, Dirar Abu-Sisi, Assad en ballotage, frappe au Soudan, tunnels, cellule de kidnapping…
Par Marc Brzustowski
Pour © 2011 lessakele et © 2011 aschkel.info
Il y a des semaines comme celle-ci, où il ne doit pas faire bon être le comptable du Hamas chargé de rendre des comptes à ses commanditaires et financeurs à Téhéran. Après avoir été à l’offensive au cours du mois précédent, le groupe vient de subir une série de revers sous tous les aspects de cette guerre d’usure et d’anéantissement qu'il mène contre Israël :
- Planification et ingénierie balistique : les chefs d’accusation contre Dirar Abu Sisi, dit « le père des Qassam », sont publiés, dès lors qu’Israël ne se cache même plus de l’avoir exfiltré depuis Kiev. Aux dires de ceux qui l’ont consulté, le document judiciaire à ce sujet, est fascinant : non seulement, les détails apportés par l’inculpé démontrent sa pleine collaboration à l’enquête ; mais encore, il permet une excellente compréhension des modes opératoires et objectifs de moyen et long terme de la branche armée du Hamas : les Brigades Ez-al Din al Qassam.
- Logistique terroriste : une source militaire israélienne confie, jeudi, au Time-Magazine que l’état hébreu serait bien derrière l'élimination du chef des opérations de l’organisation terroriste au Soudan. Il était chargé d’acheminer des bombes chimiques vers Gaza et le Liban.
- Sur le terrain : une cellule terroriste, cherchant à kidnapper d’autres soldats que Guilad Shalit, est démantelée en Judée-Samarie. Des tunnels sont détruits, mais cela, c’est la routine.
- Samedi 2 avril au petit matin : 3 cadres de l’organisation sont éliminés par un missile, entre Khan Younès et Deir el-Balakh. Leur mission : fomenter le chaos des deux côtés de la « ligne verte » et dans le Sinaï, destination privilégiée des vacanciers israéliens de Pessah.
- Politique : il est plus sage pour Khaled Meshaal de se trouver rapidement une base de repli : son Quartier-Général à Damas est sous les feux croisés des manifestants contre la répression organisée par les gangs maffieux de son protecteur Bachar al-Assad. Il semble que le tapis rouge se déroule sous ses pieds au Caire, où de nombreux amis l’attendent, avec la bénédiction candide des Américains, dont les services sont payés pour de ne rien voir venir…
- Sécurité régionale : Ne soyons, cependant, pas excessivement sévères : pour la première fois, depuis le début des troubles dans le monde arabe, Robert Gates, Secrétaire à la Défense, s’est rendu à Riyad, où il a, enfin, pointé du doigt l’ingérence iranienne dans le Golfe. Jusqu’à présent, depuis qu’il a exhibé la tête de Moubarak aux foules, Washington souhaitait ignorer pudiquement toute trace de cette main invisible ainsi que celle du Hezbollah, notamment dans l’agitation chi’ite locale. L’Administration Obama commence t-elle à regretter de flatter, par démagogie, « le côté obscur de la force » ?
- Justice et diplomatie : Depuis 2 ans, le Hamas bénéficiait d’un bouclier juridique international lui valant la sympathie de foules en délire en Europe et dans le monde. Grâce à la couverture du rapport Goldstone, le Jihad pouvait poser en victime devant les caméras avec l’approbation de toutes les bonnes consciences, au Salon du livre : Stéphane Hessel, Jimmy Carter et les « Sages » de l’ICG de Soros, et tant d’autres cautions crypto-diplomatiques, intellectuelles dévoyées… Les dégâts sont difficilement réparables, mais l’image de vertu du groupe terroriste et de ses promoteurs internationaux s’écorne quelque peu. Le député Likoud Danny Danon, séjournant aux Etats-Unis, a déjà recruté des avocats américains, dans le but de poursuivre le Juge au motif de fausses accusations de crime rituel contre l’Etat hébreu.
Danny Danon
Il ne s’agit pas de se payer de satisfécits devant ces « trophées » de chasse, mais de bien comprendre, au contraire, la priorité qui pèse au-dessus de l’organisation. Si, comme disait, via Wikileaks, un certain monarque saoudien, il faut « écraser la tête du serpent », désignant par là le régime des Mollahs, la révolution égyptienne a fait du groupe gazaouï le fer de lance du Jihad, aux portes de Jérusalem.
Nous avons longuement parlé du « pacte de Khartoum pour la libération d’al Qods », tacitement signé, le 6 mars, entre Meshaal, Mohammed Sayyed, du Hezbollah et l’Imam Youssouf al Qaradawi, dont la "3è Intifada" Internet est un avatar médiatique. Il n’y avait pas, non plus, mystère sur les préparatifs de guerre associés à la saisie de navires, comme le Victoria, d’avions en Turquie ou de convois à la frontière soudanaise.
Lorsque la menace est pressante, elle peut se solder préventivement par une élimination ciblée dans l’espace aérien d’un pays-tiers. Dans ces deux cas, nous constatons que l’étape du transit soudanais apparaît comme la queue du scorpion venu d’Iran (Androctonus crassicauda).
Le gouvernement d’El Béchir est au centre de la toile terroriste, tissée, au fil des années, par les réseaux clandestins des Gardiens de la Révolution, au bénéfice de leurs associés, Hamas et Hezbollah. Les installations portuaires de Port-Soudan leur servent de quartier-général et de zone de chalandise pour matériaux sensibles : ce serait, actuellement, le cas en préparation, du stockage de ces fameux missiles dotés de gaz chimique et troqués auprès d’autres nouveaux « amis » de l’Occident : les chefs rebelles libyens.
La tête de l’animal, elle, s’était profondément enfouie, non dans le sable désertique, mais les neiges d’Ukraine, en espérant se faire oublier. Nous ne reviendrons pas sur les circonstances rocambolesques de la « disparition » à Kiev de Dirar-Abu-Sisi et sa réapparition à la prison d’Ashkelon, réputée la plus drastique du pays. C’est le statut de l’ingénieur qui explique cet emballage express et précautionneux, à la Houdini (né Ehrich Weiss ) :
Selon Ron Ben-Yishaï, correspondant d’Ynet, il ne s’agit pas d’un simple technicien mettant ses compétences au service d’une cause, mais bien d’un homme qui a grimpé, à force de volonté, vers le sommet pyramidal de la branche militaire du Hamas. L’objectif de cette entreprise était destiné à offrir aux brigades Ez-al-Din al Qassam, de nouvelles capacités, améliorées pour leur haute valeur stratégique contre Israël (tirs contre Ashkelon, Ashdod, BeerSheva, Rishon le Tzion, etc.).
L’acte d’accusation contre Dirar Abu Sisi comporte plusieurs enseignements intéressants : d’abord, les éliminations ciblées contre des maillons importants de la chaîne sont un moyen très efficace de mettre les projets terroristes en suspens : la liquidation d’Adnan al Ghoul, un personnage très important dans la hiérarchie du Hamas, en 2004, a permis de différer l’avancée des travaux sur les qassams et Grad améliorés, d’environ un an et demi, selon les estimations.
La seconde leçon, c’est la présence significative des services de renseignement israéliens, sur les lieux mêmes de production de la terreur contre Israël. La première comparution de Sisi devant la Justice israélienne suit de quelques jours la nomination officielle d’un nouveau chef à la tête des services intérieurs, Yoram Cohen. Il est connu pour son haut degré de coordination avec Yoav Galant, alors responsable militaire de la région Sud. Surtout, il est persuadé qu’Israël avait les moyens d’anéantir totalement l’infrastructure du Hamas à Gaza, lors de l’opération « Oferet Yetsuka » (« Plomb Durci »). Cette désignation souligne assez l’orientation que pourrait prendre la politique de la Maison Israël à l’encontre du groupe terroriste. D'autant que le bouclier-Goldstone, n'est plus aussi fiable pour le Hamas.
En ne faisant pas de réels efforts pour dissimuler trop longtemps la présence de l’ingénieur sur le territoire israélien, en lui permettant de dire à son épouse Véronika, en Ukraine, ce qui lui était arrivé, Tsahal et ses collègues du renseignement, ont délivré un message clair aux dirigeants du Hamas : il n’est pas exclu que l’un ou l’autre d’entre eux disparaisse dans des conditions toutes aussi mystérieuses, chaque chose en son temps. Et ceux-ci savent que le niveau d’information sur leur mouvement et leurs commanditaires, remis à jour par Dirar Abu Sisi, peut, d’autant faciliter l’exécution de ce type d'opération, pour autant qu’elle apparaisse pertinente et requise par les circonstances, voulues par le Hamas.
A n’en pas douter, l’initiative a changé de camp, en un peu moins d’une semaine.