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8 juillet 2013 1 08 /07 /juillet /2013 11:46

 

 

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Par Maître Bertrand Ramas-Mulhbach

 

 

Pour © 2013 lessakele


Le 3 juillet 2013, le Président Mohamed Morsi (issu des Frères Musulmans) a été destitué de ses fonctions, faute d’avoir trouvé un accord avec les opposants dans le délai (de 48 heures) imparti par l’armée. L’institution militaire, gage historique de stabilité en Egypte, a décrété la suspension de la Constitution, nommé  le président du Conseil constitutionnel Adly Mansour en qualité de président intérimaire et ce, dans l’attente de la tenue d’élections présidentielles anticipées. Le prix Nobel Elbaradai devrait occuper le poste de Premier Ministre de transition.

Ce tournant politique en Egypte n’est pas véritablement surprenant. Les islamistes ont séduit en proposant un modèle social vertueux coïncidant avec les valeurs religieuses, dans une représentation identitaire du monde arabe. Toutefois, le projet s’est vite révélé inadapté : l’islamisme n’a aucun programme politique, aucune ambition sociale, aucune volonté de progrès et se trouve dans l’incapacité de gouverner. Sa vision religieuse de la vie collective muselle le peuple et lui impose sa conception archaïque de la société nourrie de violence, de corruption, de barbarie et d’intolérance. Or, ce modèle social a précisément été rejeté par des millions de citoyens égyptiens (lors de la révolution de 2011), qui réclamaient liberté, justice et dignité. Le peuple égyptien refuse donc aujourd’hui de reconnaître la Charia comme unique source de Droit.

Lorsque le peuple égyptien s’est engagé dans le mécanisme démocratique, il entendait se choisir des représentants politiques, chargés d’agir dans l’intérêt du plus grand nombre, non de se voir imposer une organisation de la société qu’il ne se reconnaît pas. L’islamisme, dans ses ardeurs révolutionnaires, est convaincant lorsqu’il s’agit de critiquer le modèle occidental, mais sa conception du fonctionnement politique et sa constitution (inspirée par la Confrérie musulmane) sont dans l’incapacité d’appréhender la réalité économique, politique et sociale égyptienne, en particulier, et humaine, en général.

La partie n’est pas pour autant gagnée. La sensibilité islamiste est partagée par des centaines de milliers de personnes qui n’entendent pas aussi facilement renoncer à cet « acquis social ». C’est donc vers la guerre civile que les islamistes devraient tenter d’orienter le pays avec une série de turbulences pendant la période du nettoyage institutionnel.

Cette prise de conscience d’un peuple de l’Islam devrait être pédagogique pour l’ensemble des pays de la région qui se sont dotés d’institutions islamistes et qui le regrettent amèrement. Autrement dit, le « nettoyage de printemps » en Egypte devrait bientôt se propager dans les pays comme la Turquie, la Tunisie l’Iran, et bien évidemment dans la bande de Gaza, pour une raison de bon sens, par nécessité ou simplement par pragmatisme.

L’Egypte a toujours toléré le creusement de tunnels sous sa frontière la séparant de l’enclave contrôlée par la Hamas, favorisant la contrebande de produits alimentaires, de carburant et de matériaux de construction. Le gouvernement prochain ne devrait pas être si conciliant avec les palestiniens à qui ils reprochent d’avoir participé aux événements qui ont fait chuter l’ancien président Hosni Moubarak, et d’avoir aidé à faire évader de prison, des responsables des Frères musulmans et les membres du Hamas. Des tunnels ont déjà été détruits à l’explosif, d’autres ont été soit inondés par des eaux usées, soit rebouchés avec du béton. Le carburant égyptien n’arrive plus à Gaza, ce qui devrait provoquer un arrêt des générateurs électriques et les moyens de transports voire encore une paralysie des stations de traitement des eaux usées,  de distribution de l’eau potable (90% de l’eau puisée à Gaza est polluée) mais aussi des hôpitaux.

Le pragmatisme devraient conduire les palestiniens à réaliser que non seulement il ne sert à rien de détruire l’Etat juif mais qu’en outre, ils ne peuvent survivre que grâce à lui. Les dirigeants islamistes de la bande de Gaza ont coupé les palestiniens de tous les dirigeants  arabes limitrophes : l’Egypte pourchasse les Frères musulmans (dont le Hamas est issu), la Syrie n’a jamais caché son hostilité à l’idéologie des frères musulmans (tout comme le Hamas a suggéré à Bachar Al Assad de démissionner), le Hamas a pris position contre le Hezbollah dans la crise syrienne (se privant momentanément de l’appui iranien). Dès lors, Israël pourrait bien devenir à terme, le partenaire privilégié, lorsque les gaziotes auront entrepris leur propre révolution.

Plus globalement, on peut dire que le monde de l’Islam a suivi un chemin parallèle à celui du monde occidental en associant historiquement « pouvoir et religion », mais en optant pour la dimension religieuse du monde alors que l’Europe a fait choix de sa dimension matérialiste. 

La société chrétienne s’est construite selon un mode de gouvernance autoritaire avec un Roi alors que dans le monde de l’Islam, le pouvoir est incarné par le Cheik, (chef de la tribu) ou l’Emir sur le plan national (c’est-à-dire le calife, le prince ou le sultan). Dans les deux cas, le pouvoir religieux a été utilisé comme instrument de domination des masses. Le Christianisme a alors essayé de s’imposer comme Vérité universelle avec une diffusion dans le monde avec les croisades et l'évangélisation des contrées sauvages. De son côté, l'Islam a organisé son propre prosélytisme avec sa doctrine relative à la conquête du monde et celle des âmes. Par la suite, le monde chrétien s’est entretué avec les guerres de religions fratricides entre catholiques et protestants. De la même manière, l’Islam se divise entre deux courants qui s’opposent et se font la guerre (le sunnisme et le chiisme). Dans les sociétés occidentales, le pouvoir politique est passé des mains du Roi à celui du peuple avec une division des pays entre ceux qui prônaient la conception matérialiste de l’univers avec le « le communisme », et sa contrepartie, la dictature, pour prévenir les dangers du communisme. De façon opposée, le monde de l’Islam se divise entre deux conceptions de l’organisation du pouvoir : un courant populaire religieux (l’islamisme) et une dictature militaire pour en prévenir ses dangers.

Le monde occidental a finalement trouvé sa mesure : un pays ne se gouverne ni à gauche, ni à droite mais au centre (sauf à souffrir d’hémiplégie). Comme par ailleurs, le monde est doté d’une double dimension, matérielle et spirituelle, il n’est possible d’admettre ni les politiques qui  reposent exclusivement sur la l'approche matérialiste de l'univers (comme le communiste marxiste), ni les systèmes d’organisation religieux du pouvoir qui conduisent à l’intolérance, l’intransigeance et au rejet de l’autre. Les communistes ont bataillé longtemps avant que les peuples ne réalisent le caractère inadapté de la doctrine matérialiste. Les islamistes devraient également lutter quelques temps avant que les peuples de l’Islam ne rejettent ce mode d’organisation sociale. Les égyptiens sont les premiers à en avoir pris conscience.

Le fonctionnement de l’humanité est un jeu particulier dont le but est d’amener les hommes à en retrouver la « règle » à force de tâtonnement, la nature humaine fournissant les handicaps et les atouts de la partie. Lorsque les règles du jeu seront parfaitement appréhendées, les hommes découvriront (avec surprise) qu’elles avaient été annoncées… dès l’origine.
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A tous nos chers lecteurs.

 

Ne vous est-il jamais venu à l'esprit d'en savoir un peu plus sur le titre de ce blog ?

Puisque nous nous sommes aujourd'hui habillés de bleu, il conviendrait de rentrer plus a fond dans l'explication du mot lessakel.

En fait Lessakel n'est que la façon française de dire le mot léhasskil.

L'hébreu est une langue qui fonctionne en déclinant des racines.

Racines, bilitères, trilitères et quadrilitères.

La majorité d'entre elle sont trilitères.

Aussi Si Gad a souhaité appeler son site Lessakel, c'est parce qu'il souhaitait rendre hommage à l'intelligence.

Celle qui nous est demandée chaque jour.

La racine de l'intelligence est sé'hel שכל qui signifie l'intelligence pure.

De cette racine découlent plusieurs mots

Sé'hel > intelligence, esprit, raison, bon sens, prudence, mais aussi croiser

Léhasskil > Etre intelligent, cultivé, déjouer les pièges

Sé'hli > intelligent, mental, spirituel

Léhistakel > agir prudemment, être retenu et raisonnable, chercher à comprendre

Si'hloute > appréhension et compréhension

Haskala >  Instruction, culture, éducation

Lessa'hlen > rationaliser, intellectualiser

Heschkel > moralité

Si'htanout > rationalisme

Si'hloul > Amélioration, perfectionnement

 

Gageons que ce site puisse nous apporter quelques lumières.

Aschkel pour Lessakel.

 

 

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