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2 mars 2012 5 02 /03 /mars /2012 15:10

 

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Entre “carte nord-coréenne” et nécessité ultime d’une frappe de l’Iran

 

 Les enjeux, à la veille du sommet Netanyahou/Obama


Par Marc Brzustowski.

 

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Les deux rencontres déterminantes de ce week-end, d’abord, devant l’AIPAC, dimanche 4 mars, puis en tête-à-tête, le lendemain, entre Binyamin Netanyahou et Barack Obama, se préparent : l’Amérique semble donner quelques gages d’apaisement aux inquiétudes du Premier Israélien.

 

Ce que nous ne mesurons pas, c’est la distance qui reste à parcourir, entre les plans élaborés au Pentagone et les gages qu’Obama saurait apporter à Israël, au cas où les choses ne se passeraient pas comme prévu, concernant les réactions iraniennes.  Comme on l’a déjà vu, lors de la préparation du Sommet de Tunis, la semaine passée, l’Etat-Major américain prépare, en toutes circonstances, des plans appropriés à chaque situation. Cela ne signifie, en aucun cas, que la décision politique d’agir suivra, à cause d’autres paramètres. C’est dans cet interstice que s’étire ou se rétracte la « zone de confiance » (ou de méfiance) entre les deux puissances : Israël et les Etats-Unis.


 Israel-Iranattack2.12 (Copier)

 

Parmi ces engagements de bonne volonté de la partie américaine : des responsables de la Maison Blanche, selon Bloomberg, auraient averti que les Etats-Unis pourraient se joindre à Israël, dans une attaque de l’Iran, si l’Iran ne donne pas la preuve que son programme ne poursuit pas (ou plus)  sa quête de l’arme nucléaire. Si ce message médiatique, émis de la Maison Blanche et non de l’Armée, se confirme, lors des rencontres entre les décideurs, on peut lire que l’Administration américaine est prête à consentir à l’idée de certaines « lignes rouges », qui tient tant à cœur au gouvernement Netanyahou : l’accès à la bombe et la poursuite des travaux en ce sens, deviendraient inacceptables pour les deux alliés. Pour confirmer ce message, au cours d'une interview à l'Atlantic Magazine, Barack Obama souhaite faire comprendre à Netanyahou qu'il "ne bluffe pas", lorsqu'il déclare qu'un Iran nucléaire est tout aussi intolérable à Israël qu'aux Etats-Unis, du fait de leurs engagements auprès de leurs autres alliés du Moyen-Orient : il reconnaît pleinement le risque de prolifération régionale, à travers, notamment les groupes terroristes affiliés à l'Iran. 

 

Mais, reste la question du désaccord stratégique sur la définition du « seuil critique», à partir duquel ils sont prêts à passer à l’action. Pour des raisons géographiques évidentes, le danger n’est pas le même pour Washington et Jérusalem. Ils ne disposent pas, non plus, d’un même matériel aéronautique furtif ni d’un volume de bombes identique, permettant, éventuellement, de retarder la prise d’une telle décision. Obama veut rester seul maître de « son » calendrier, et, autant que possible, pouvoir remettre des évènements aussi dramatiques après les élections de novembre. C’est exactement à quoi s’attend Téhéran qui va mettre à profit ce délai pour geler les négociations, les inspections de l’AIEA et poursuivre son programme à marche forcée, tout en renforçant son dispositif d'étranglement d'Israël, à sa périphérie : Liban, Syrie, Irak et, en partie, Gaza ou le Sinaï.  

 

Le Pentagone n’apporte, ensuite, que la partie technique qui renforcerait ce discours d’avertissement : il déclare que des options militaires sont en préparation pour commencer à fournir du carburant en vol aux avions israéliens, et, également, qu'il planifie des attaques dirigées contre le Corps des Gardiens de la révolution iranienne et ses Forces Al-Qods, des bases de l’armée régulières et le Ministère de la Sécurité et du renseignement. D’autre part, les planificateurs américains assurent de leur pleine confiance dans la capacité de leurs bombes anti-bunkers à percer sérieusement l’installation nucléaire de Fordow, bien enterrée dans les montagnes près de Qom. En matière d’éléments physiques et géographiques, Fordow s’avère demeurer bien plus vulnérable à ce type de bombardement intensif qu’on a voulu le faire croire jusqu’à présent, selon tous les recoupements d’actuels et d’anciens analystes du renseignement militaire américain.

 

On se rend compte que, sur le plan militaire, ces déclarations américaines viennent appuyer celles, préalables, du Ministre israélien des affaires stratégiques, Moshé « Boogie » Yaalon, affirmant des choses assez similaires, quant au fait que Fordow, ou toute autre installation souterraine, n’avait rien d’immunisée. Mais, d’autre part, disant cela, les deux parties affirment que la fameuse « zone d’immunité », érigée en ligne rouge par Ehud Barak, à partir de laquelle il ne serait plus possible de frapper l’Iran, devient une fiction, et, de fait, qu’une telle frappe peut être reportée (indéfiniment ?).

 

Dans la balance, Washington dépose aussi quelques réussites intermédiaires du train des dernières sanctions décidées contre l’Iran : le Département du Trésor a interrompu les transactions financières de la Banque Islamique Noor, située à Dubaï, qui permettait à l’Iran de contourner les sanctions et de rapatrier l’argent indirectement perçu pour ses livraisons de pétrole. Jusqu’à présent, ce type de procédés a permis à l’Iran de poursuivre au moins jusqu'à 60% de ses ventes pétrolières.

 

Les compagnies d’assurances américaines et européennes ont, pour la plupart, refusé d’assurer les livraisons de pétrole iranien, avant même l’entrée en vigueur des sanctions elles-mêmes. Le Japon, la Corée du Sud, dans une moindre mesure, la Chine et l’Inde, conviennent de réduire leurs importations, d’au moins 10% pour ces deux derniers principaux clients de l’Iran. Le Secrétaire américain à l’énergie, Steven Chu, a fait savoir que la production mondiale d’or noir, sans l’Iran, était suffisante pour assurer la stabilité du prix du baril. Selon le Sénateur Joe Lieberman, les pays tiers n’ont, par conséquent, aucune excuse pour se soustraire aux sanctions. En représailles, les agences de presse iraniennes font courir le bruit de "sabotages" non-vérifiés, des pipe-lines saoudiens dans les régions pétrolfères chi'ites du Royaume Wahhabite. Le résultat immédiat est une hausse de 10% de ce même tarif du brut...

 

Petite surprise, ce vendredi 02 mars, une banque russe, VTB, contrôlée par l’Etat, a purement et simplement, fermé les comptes du personnel de l’Ambassade d’Iran à Moscou. L’Ambassadeur Mahmoud-Reza Sajjadi a aussitôt, accusé Moscou de se soumettre aux injonctions américaines. Sa carte de crédit aurait, en effet, été bloquée. Cela ne prouve pas que d’autres mécanismes, moins visibles, continuent, ou non, de fonctionner, à l’insu du régime de sanction, via la Russie, la Chine et le Pakistan, notamment. Ce ne sont là que quelques signes de coopération minimale, de la part de certains pays censés, jusqu'à présent, soutenir l’Iran.

 

Ainsi, certaines « fuites » organisées par Wikileaks, selon lesquelles Moscou aurait fourni à Israël les codes des systèmes anti-missiles russes vendus à l’Iran, peuvent être considérés avec un certain sérieux. Néanmoins, Téhéran continue ardemment à rechercher en Russie, les moyens d’opposer un bouclier stratégique, en cas de frappe israélienne et/ou américaine…

 

Sur la foi de ces quelques nouvelles, que les sanctions ont une certaine efficacité à réévaluer, certains observateurs, en Israël comme aux Etats-Unis, en sont venus à évoquer « la carte nord-coréenne », dont Obama disposerait dans sa manche pour sanctionner l’Iran. De quoi s’agit-il ? A chaque fois que Pyongyang s’accorde à interrompre son programme nucléaire, il peut bénéficier d’un allègement des sanctions et recevoir une aide alimentaire, pour un peuple affamé par son régime. Il pourrait en aller de même pour Téhéran. Le problème qui n’est pas surmonté par ce système, survient du fait qu’à chaque allègement de sanction, le pays concerné reprend ses travaux et redevient progressivement menaçant. A ce rythme, Israël pourrait se voir, rapidement, menacé de transfert de certains composants nucléaires à des sous-traitants libanais de l’Iran, comme le Hezbollah. La plaque tournante syrienne, sous le coup d'une insurrection, devient là, un enjeu stratégique déterminant. 



 IRGC poster (Copier)

 

A la veille de ces discussions de Washington, la télévision « Al-Arabiya » aurait eu vent de rencontres à Beyrouth, entre une délégation iranienne de haut-rang, conduite par Qassem Souleimani, le chef des Pasdaran, et les dirigeants du Hezbollah iranien, pour mettre en place les procédures de répliques à toute frappe du territoire iranien et faire le point sur la situation en Syrie.


maj-gen-qassem-suleimani (Copier)

Qassem Souleimani.

 

De fait, selon le Général de Brigade Hussan Awak, de l’Armée Syrienne Libre, au Caire, une brigade blindée entière des Pasdaran serait présente, aux côtés des troupes fidèles à Assad et participerait directement à la répression de la rébellion. En plusieurs occasions, l’ASL a réussi à capturer des officiers et des conseillers militaires, des experts iraniens sur le champ de Bataille. Cette brigade serait basée dans les camps du groupe terroriste FPLP du Palestinien Ahmed Jibril, dans la région de Deir al-Ashayar. Elle y serait présente depuis 2007, soit en renfort, juste après la guerre du Liban 2, entre le Hezbollah et Israël. Egalement présentes en Syrie, les Brigades 101, 102, 103 du Hezbollah libanais. La 103ème est  spécialisée dans les assassinats et les attentats à l’explosif et la 101 ème, dans les batailles de rue, la guérilla urbaine et les attaques de snipers, notamment, depuis les toits des villes. Les Brigades chi’ites irakiennes du Jaysh al Mahdi, de Moqtada Sadr, tentent également de franchir la frontière Est, pour leur prêter main forte dans leur tentative d’écrasement définitif de la rébellion.

 

Dans le cadre de ses pourparlers avec Obama, Bibi Netanyahou ne peut ignorer l’imbrication totale des deux situations en Syrie, en Iran et, par ricochet, à sa frontière nord avec le Liban. Ce que Souleimani et ses complices sont en train de reformer, c’est bien ce fameux « Arc Chi’ite » Téhéran-Bagdad-Damas-Beyrouth, profitant de la totale inertie occidentalo-arabe pour venir en aide aux insurgés. Les Iraniens veulent avoir accompli ce saut qualitatif de l’écrasement syrien avant d’entamer le moindre « dialogue » avec les puissances nucléaires et entrer en position de force, par la menace directe contre Israël. Ils pourraient ainsi, monter en puissance, dans leurs prétentions à lancer une attaque préventive contre Israël, à partir du terrain reconquis en Syrie et, par conséquence directe, au Liban-Sud. Téhéran s'est ouvert un véritable "boulevard" par l'Irak, une Syrie bientôt exsangue, un Liban qui s'alignera, alors que les opposants à cet axe, de Riyad ou d'Amman, s'en tenaient à de simples conférences désordonnées de la Ligue Arabe. 

 

La situation est urgente, autant à cause du renforcement des souterrains et tunnels atomiques de l’Iran que du fait de l’abandon de la région à l’axe irano-syrien, au moment-même où il aurait pu sembler le plus faible, à cause du soulèvement contre Assad. La frappe contre les installations nucléaires reste un composante dominante de la menace globale, mais ne suffira pas à rétablir la dissuasion nécessaire à la stabilité, dans l’ensemble de la région. Les Etats-Unis, trop timorés, ont manqué plus d'une opportunité d'affirmer leur présence aux côtés de leurs alliés naturels et, de fait, affaibli leurs potentiels de répliques, au cours de cette dernière année. 

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C
Blog(fermaton.over-blog.com),No-19: PLAN NORD - L'AVENIR DU PLAN NORD DE CHAREST
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A tous nos chers lecteurs.

 

Ne vous est-il jamais venu à l'esprit d'en savoir un peu plus sur le titre de ce blog ?

Puisque nous nous sommes aujourd'hui habillés de bleu, il conviendrait de rentrer plus a fond dans l'explication du mot lessakel.

En fait Lessakel n'est que la façon française de dire le mot léhasskil.

L'hébreu est une langue qui fonctionne en déclinant des racines.

Racines, bilitères, trilitères et quadrilitères.

La majorité d'entre elle sont trilitères.

Aussi Si Gad a souhaité appeler son site Lessakel, c'est parce qu'il souhaitait rendre hommage à l'intelligence.

Celle qui nous est demandée chaque jour.

La racine de l'intelligence est sé'hel שכל qui signifie l'intelligence pure.

De cette racine découlent plusieurs mots

Sé'hel > intelligence, esprit, raison, bon sens, prudence, mais aussi croiser

Léhasskil > Etre intelligent, cultivé, déjouer les pièges

Sé'hli > intelligent, mental, spirituel

Léhistakel > agir prudemment, être retenu et raisonnable, chercher à comprendre

Si'hloute > appréhension et compréhension

Haskala >  Instruction, culture, éducation

Lessa'hlen > rationaliser, intellectualiser

Heschkel > moralité

Si'htanout > rationalisme

Si'hloul > Amélioration, perfectionnement

 

Gageons que ce site puisse nous apporter quelques lumières.

Aschkel pour Lessakel.

 

 

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