Elles sont des citoyennes de seconde zone : elles ne peuvent pas voyager à l’étranger sans la permission d’un homme, ne peuvent pas prendre le volant, ou encore occuper un emploi en contact direct avec des hommes. Comble de l’ironie : elles sont également considérées comme des sous-fifres sur le terrain du terrorisme. C’est en tout cas la conclusion des autorités saoudiennes après l’arrestation de 13 femmes, le 27 novembre dernier, membres d’Al-Qaïda. La justice du royaume saoudien a décidé de limiter leur implication à une simple aide logistique.
Conclusion difficilement compréhensible quand on sait que justement les femmes occupent de plus en plus un rôle de premier plan sur le terrain du terrorisme. Les services de sécurité mondiaux sont aux aguets: le phénomène des « veuves noires » est en plein essor. En Russie, les terroristes suicidaires de sexe féminin ont fait leur apparition en 2003, et sont responsables de la mort de 35 personnes dans le métro de Moscou en 2009.
Israël a croisé douloureusement leur chemin dès le début des années 2000. Wafa Idris est la première femme palestinienne à se faire exploser dans une rue de Jérusalem en 2002. Le chef « spirituel » du mouvement terroriste du Hamas, cheikh Ahmed Yassine, est même allé jusqu’à donner le « feu vert » aux femmes pour prendre en charge, elle-même, des attaques.
De son côté, Al-Qaïda concentre ses efforts dans le recrutement des femmes pour répandre la terreur en Afghanistan et à travers le monde. Et en Arabie Saoudite, pas moins qu’ailleurs, les femmes sont de plus en plus attirées par les idéologies extrêmes qu’elles voient comme un moyen d’affranchissement : « Elles ont le temps, l’argent, l’accès à Internet et l’éducation pour être gangrénées par les idéologies les plus violentes », explique Thomas Lippman, expert sur le royaume saoudien. Ainsi les 13 femmes récemment arrêtées font partie de 19 cellules terroristes affiliées à Al-Qaïda, démantelées ces huit derniers mois. Et elles ne sont pas les dernières. Il serait temps que le royaume se mette à la page.