Gaza... comme du papier musique
Par Jacques Sayag
pour Aschkel.info et Lessakele
J’espère bien qu’il n’ait pas un seul ami d’Israël capable de se réjouir du drame qui vient de se dérouler aux larges des côtes gazaouies. Apprendre que des gens meurent sans s’en émouvoir est le propre de cultures rétrogrades et barbares qui nous sont étrangères.
Les israéliens ne sont pas montés sur leurs terrasses, que je sache, pour une danse du scalp avant l’apéritif !
D’ailleurs, il n’est pas impossible que ce soit de l’autre côté, du côté où l’on crie au crime, à la violation des lois élémentaires de l’humanité, que l’on y trouve quelque avantage : médiatique, politique, diplomatique et, même, pourquoi ne pas le dire, esthétique d’une certaine manière.
Une telle affirmation peut faire grincer les dents des bonnes âmes. Mais que voit-on d’autre, depuis, que le frénétique épanchement de la haine d’Israël d’un orchestre qui ne parvient jamais à masquer son désir le plus morbide de voir se créer, pour ses propres fins, de belles opportunités.
La flottille, avec ses “Allah Akbar” d’humanitaires d’une sobriété pour le moins tendancieuse, n’avait rien d’une croisière paisible décidée à rapprocher deux peuples qui se déchirent. Pourquoi le rappeler, chacun le sait.
Sous le prétexte fallacieux d’apporter à Gaza ce dont la ville regorge déjà, les bateaux n’avaient aucune autre ambition que d’amener l’Etat Hébreu à réagir. “ Quelle que soit la réaction des sionistes, cette opération est déjà une victoire”, disait Ismaël Haniyeh voilà quelques heures à peine. Son “quelle que soit” prouve que la préparation de l’événement avait tenu compte de tous les développements possibles. Décidément, le martyre a quelque chose d’insane, et la conception que se font ces messieurs de la politique un goût de perversion.
Quant à la Turquie d’Erdogan, elle demeure la Turquie d’Erdogan. Faut-il encore s’étonner que ce premier ministre continue de sermonner Israël avec aussi peu de référence au souvenir d’une alliance stratégique que l’on imaginait immuable ? Quoi qu’il en soit, les pauvres Kurdes de ses montagnes sauront qu’ils peuvent maintenant faire appel à des convois humanitaires.
Gageons qu’Erdogan ne bougera pas, ne serait-ce que pour donner l’exemple. Lui qui condamne, vocifère, insulte Israël comme s’il avait à tenir quelque honteuse promesse d’alcôve.
Ne bougeront pas, non plus, c’est évident, les armées occidentales, qui, à des milliers de kilomètres de chez elles, font régner paix et démocratie au pays des taliban. Les mères, les enfants, et tous les paysans qui soutiennent, souvent sans la moindre arme en main, leurs frères dans l’Islam, pourront aussi demander une aide d’urgence.
Ni Ban Ki Moon, ni Ashton, et encore moins Bernard Kouchner, ne trouveront rien à redire si des dizaines de camions bravaient les barrages de nos soldats aux frontières afghanes.
C’est donc ce 31 mai 2010 que les nations, dans leur quasi unanimité, décrètent qu’entre deux pays qui se font la guerre il en ait toujours un que l’on doit ménager. Autant que ce ne soit pas celui des Juifs.
Dans un récent article, j’écrivais qu’il ne fallait pas se tromper : ce n’est pas à une délégitimation d’Israël à laquelle on assiste mais à l’émergence d’un nouveau type de négationnisme.
Si l’on veut bien reconnaître à Israël le “droit” à l’existence, on lui nie celui d’une souveraineté non-concertée. Le pays doit rendre des comptes à tout le monde et à n’importe qui même lorsqu’il s’agit de se défendre.
Hier c’était des juifs de Diaspora qui voulaient lui donner des leçons de morale, aujourd’hui c’est la terre entière qui s’y met, voulant lui imposer d’ouvrir ses frontières et ses eaux à ceux qui appellent à sa disparition.
Rien ne dit que demain, on n’exigera pas du Peuple Israélien qu’il fabrique lui-même de la corde pour se prendre.
Jacques Sayag.