Hassan Nasrallah en dira un peu plus ce soir, mais l’étau se resserre sur ses commanditaires syriens
samedi 2 juillet 2011 - 12h38, par

Le Tribunal International pour le Liban a adressé, jeudi, l’acte d’accusation aux autorités libanaises, avec une première vague de mandats d’arrêt à l’encontre de quatre responsables du Hezbollah. Au lieu de coopérer pour faire la lumière sur les assassinats et tentatives d’assassinats commis au Liban depuis fin 2004, le gouvernement libanais entièrement contrôlé par le Hezbollah et ses alliés, tente de faire diversion. Mais jusqu’où le Hezbollah supporte-t-il le rôle de fusible pour protéger le régime chancelant de Bachar Al-Assad ?


Pour la majorité des Libanais, il ne fait pas de doute que la Syrie faisait la pluie et le beau temps au Liban durant les années d’occupation. De ce fait, aucun acte terroriste de l’ampleur de l’assassinat de Rafic Hariri et de la vingtaine d’autres responsables politiques, de journalistes et d’intellectuels, ne pouvait être commis sans, au moins, le feu vert de la force d’occupation, sinon, avec sa complicité. Dans tous les cas, la responsabilité morale de la Syrie est engagée, comme le fut celle du gouvernement israélien en 1982 au lendemain des massacres de Sabra et Chatila commis sous l’occupation israélienne de Beyrouth.
Si la première vague de mandats d’arrêt lancée par le Tribunal international à l’encontre de quatre personnes proches ou membres du Hezbollah (Mustapha Badreddine, Salim Ayyache, Hassan Issa et Assad Sabra), d’autres mandats devraient rapidement élargir le cercle des personnes soupçonnées, et prendraient à juste titre la direction de Damas. Selon plusieurs médias, le cercle proche de Bachar Al-Assad serait visé, dont son frère Maher et son beau-frère Assef Chawkate. Pour plusieurs observateurs, le régime syrien ne peut plus aujourd’hui démentir les faits qui lui sont reprochés, puisque sa politique sur le terrain confirme son caractère sanguinaire. En effet, un régime qui tuent 1.600 civils de son propre peuple, et passible de la Cour Pénale Internationale, ne peut plus crier son innocence dans le meurtre d’un peuple voisin et de ses dirigeants qu’il a toujours cherché à soumettre et à annexer.
Pour l’instant, les premiers accusés présumés, mais qui restent innocents jusqu’à la fin du procès, appartiennent au Hezbollah. Plusieurs responsables du courant du Futur (de Hariri) estiment que les accusés n’auraient jamais pu commettre leurs crimes de leur propre chef, mais ils auraient logiquement exécuté des ordres venus de plus haut. Ce qui revient à dire que le Hezbollah a servi d’outil à la Syrie et ou à l’Iran. Reste à savoir si le parti de Dieu accepte aujourd’hui de servir de fusible pour protéger ses commanditaires syriens et ou iraniens, ou au contraire, s’il va dénoncer ses commanditaires pour sauver sa tête. Cette dernière hypothèse est de plus en plus plausible, car Assad est chancelant et rien ne semble le protéger face à la contestation.
En attendant la sortie télévisée de Hassan Nasrallah, attendue ce samedi soir, 2 juillet, les spéculations vont bon train pour tenter de prévoir la réaction du Hezbollah. Le parti de Dieu et ses alliés (Berri, Aoun, Baas, PNSS, Frangieh...), qui contrôlent désormais le gouvernement libanais, tentent de détourner la question en s’interrogeant sur le timing de l’acte d’accusation. Autrement dit, au lieu de chercher les responsables des crimes, de les arrêter et de les juger, le gouvernement dénonce le Tribunal international et reconnaît son incapacité à exécuter ses mandats d’arrêt ! Certains craignent une fuite en avant du Hezbollah, tenté par un coup de force pour contrôler, en plus du gouvernement, l’ensemble des institutions militaires et sécuritaires, afin de les empêcher d’exécuter les mandats d’arrêt, et pour intimider une population, de plus en plus méfiante à son égard.
Le Liban aborde ainsi une phase d’incertitude et risque de se retrouver en quarantaine s’il persiste à s’opposer à la justice internationale au nom de l’unité nationale et de la stabilité, alors que la justice n’a jamais été un facteur d’instabilité, bien au contraire.
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