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21 juillet 2010 3 21 /07 /juillet /2010 17:51

 

 

 

 

 

 

De la grève du Baazar téhéranais aux luttes ethniques, le régime pasdaran danse sur un baril de poudres.

 

- Suite logique de :

Quid des opérations de sabotage du programme nucléaire iranien?-


Par Marc Brzustowski

 

 

Pour © 2010 lessakele et  © 2010 aschkel.info

 

 

Les récents attentats-suicide de Zahedan (27 morts et plus de 300 blessés), dans le Baloutchistan iranien, ont seulement rappelé, de façon spectaculaire, que le Régime d'Ahmadinedjad est incapable de maîtriser son propre territoire et d'imposer son autoritarisme, au-delà du déploiement de forces des Pasdaran dans l'ensemble des provinces ethniques sensibles : cela concerne, aussi bien les Baloutches sunnites, que les Kurdes, populations du Khuzestan, ou les Azéris, là où, récemment, le pouvoir était contraint d'inventer une convergence de mystérieuses "forces israélo-américaines" à la frontière nord du pays, pour concentrer toujours plus de troupes. Le pari était hasardeux, puisqu'après la pendaison du chef mythique du Jundallah baloutche, AbdelMalek Rigi, Téhéran devait s'attendre à une réplique sismique à la mesure de sa prétention à domestiquer cette province rebelle. Mais au Sud-Ouest, et non au Nord....


C'est le jour de commémoration de l'Imam Hussein, 3ème imam chi'ite et le jour-anniversaire de la création du Corps des Gardiens de la Révolution, un mois, presque jour pour jour, après la pendaison de leur chef, que les islamikazes du Jundallah ont choisi de frapper le régime au coeur de la symbolique de sa domination : la Mosquée Jadeh, où se réunissaient les Pasdaran, en cette grande occasion.


Le procédé démontre l'influence croissante de l'islamisme radical en provenance du Pakistan pour combattre un autre islamisme révolutionnaire, centralisateur, autoritaire, rétif à céder toute autonomie culturelle :


- interdiction de s'exprimer en baloutche -kurde, azéri, etc-, dans les médias, les écrits ;


- mais, surtout, oppression religieuse à l'encontre du Sunnisme, par la destruction de mosquées, ou le refus, sous divers prétextes, d'en édifier la moindre, qui aurait été représentative d'une "diversité", notamment à Téhéran. Interdiction des séminaires et institutions sunnites, dénonciation des imams de Zahedan et Sanadaj, comme étant de vulgaires propagandistes wahhabites...


- centralisme bureaucratique et refus d'accorder le moindre pouvoir aux notables ou fonctionnaires locaux, entièrement sous la coupe des Pasdaran venus de Téhéran ;


- envoi massif  de forces répressives des Bassidjis, appendice en matière de sécurité intérieure, des Gardiens de la Révolution, pour contrôler les populations locales ; et des Pasdaran pour tenter de superviser les 1100 kms de frontière poreuse avec le Pakistan et l'Afghanistan et 300 autres avec le Golfe d'Oman.


- Comme si ces forces ne pouvaient se suffire à elles-mêmes, puisque cibles fréquentes des groupes qu'elles prétendent mettre au pas, Alaeddin Borujerdi, chef du Comité révolutionnaire des affaires étrangères et de la sécurité intérieure, menace régulièrement le Pakistan d'incursions, comme les Pasdarans s'en autorisent au Kurdistan irakien, contre le PJAK. Entre parenthèses, ce cumul de politique étrangère et de sécurité intérieure ne fait que traduire la paranoïa fondamentale, mais sûrement croissante du Régime, où le moindre remous devient l'expression d'un complot américano-britannique ou israélien, quand ce n'est pas saoudien ou pakistanais. 

 

Ne sachant pas répondre par des mesures politiques appropriées, l'Iran des Mollahs ne peut que s'enfoncer un peu plus, chaque jour, dans un maelström culturalo-sectaro-économico-diplomatique avec ses propres provinces, qu'aucune thèse conspirationniste ou complotiste ne pourra stopper.

Au contraire, ces éléments culturels, sociologiques sont à la portée de n'importe quel analyste extérieur qui en suivrait les péripéties au jour le jour sur 30 ans, pour évaluer la longévité ou la mortalité de ce type de régimes, sans se prétendre Nostradamus... 

Plutôt que de composer avec les éléments locaux moins hostiles (2,5 millions d'habitants), cette sorte d'expansion semi-coloniale et militaire n'a jamais fait que renforcer, au cours des 30 dernières années, et peut-être, surtout durant les 5 dernières, sous Ahmadinedjad, le sentiment d'extranéité et de dangerosité intrinsèque éprouvée par les résidents. L'arrogance de Téhéran y subit alors les coups les plus durs portés contre le pouvoir, alimentant les revendications diffuses, qui vont de la frustration culturelle aux désirs de séparatisme, à l'horizon plus lointain et à la faisabilité problématique, en dehors du recours aux trafics....

 

Du fait de la désorganisation qui y règne, en effet, et des traditions clandestines de tribus vivant à la charnière entre les pays, avec leurs propres foi et lois, la région est une vraie plaque tournante pour toutes sortes de trafics transfrontaliers : banditisme, trafics d'armes et de drogues, kidnappings...

 

Téhéran rencontre là un véritable défi à sa conception de la "révolution", qui se traduit par un rapport de plus en plus troublé, sur 3 axes vite hors de contrôle, selon Behruz Khaliq, de Radio Farda :

- national/ethnique

- sunnite/chi'ite

- centre/périphérie.

Un régime islamique sous l'influence d'un guide suprême et d'écoles doctrinaires du ch'isme est incapable de fournir la moindre réponse à ces menaces d'implosion, en termes d'équité entre les groupes qui composent les restes de l'Empire perse, sans renoncer à sa vocation hégémonique. 

 

(Accuser l'étranger ne résoudra pas les problèmes du Baloutchistan iranien : http://planet-iran.com/index.php/news/19507 ).

 

Comme si cela ne suffisait pas, un autre groupe ethnique se rappelle épisodiquement aux bons souvenirs des Mollahs de Qom et Téhéran. Les Kurdes ont longtemps été utilisés comme gardiens des frontières de l'empire ottoman contre l'influence perse, toujours menaçante. 

Désormais sous la férule d'un régime, seulement en apparence, plus "modéré", mais tout aussi islamiste, la Turquie est aux prises avec une rébellion qui dure depuis au moins 20 ans et n'a aucune raison valable de s'arrêter dans un avenir proche : l'insurrection kurde, que les trois dominants locaux : Turquie, Iran et Syrie tentent régulièrement d'écraser dans le sang.

Actuellement, l'armée syrienne, avec l'aide des généraux et du matériel turcs, détourné des fournitures de l'OTAN ou d'Israël, massacre allègrement les populations kurdes et pourchasse les rebelles jusqu'au Liban ou en Irak. Plus de 300 personnes auraient été tuées, au moins 1000 autres blessées. C'est un bilan toujours provisoire...

 

Pour montrer ses bonnes dispositions envers Ahmadinedjad, Obama, nouvellement élu, a commencé par faire inscrire le groupe kurde du PJAK sur la liste des groupes terroristes. Mais, plus que tout, il s'agissait de couper une retraite possible au PKK turc et de satisfaire les exigences d'Erdogan, lancé dans la répression, puis l'offre de négociations, jusqu'aux récentes escalades de début juin.

 

De concert avec les autres caciques de la région, Ahmadinedjad lance fréquemment ses Pasdaran et surtout son artillerie lourde, moins contre les poches rebelles que contre les villages censés leur servir d'abri ou de sanctuaire, avec pour résultat, de renforcer la cohésion interne des populations et des "activistes", pour les mêmes motifs diffus que ceux observés dans les autres provinces.

 

Comme toujours, les Kurdes subiront de nombreuses pertes, mais, à moins d'un "génocide" plus ou moins concerté, comme l'annonce Erdogan ("Je noierai les Kurdes dans leur sang"), aucun de ces pouvoirs ne parviendra à mettre un terme militairement à l'agitation, par l'oppression, les brimades et jusqu'aux massacres.

 

Les mêmes causes ayant les mêmes effets, il s'agit là de "guérillas de cent ans"

 


 

 

 

Pour une vidéo de Willem Marx, en exploration chez les Kurdes du PJAK : 

http://www.hd.net/worldreport

Date Time Description

 

 

 

L'empire chi'ite d'Ahmadinedjad, celui rêvé par les apocalyptiques de la secte Ojjatieh, qui semble maîtriser l'agitation politique du "mouvement vert" de Karoubi et Moussawi, plus discret, ces derniers mois, n'est pas sur la brèche uniquement à cause des failles qui se creusent avec les provinces. Il est à la veille de connaître des troubles sporadiques, cette fois, au centre économique même des affaires téhéranaises.

Depuis toujours, le Baazar de Téhéran est le baromètre du bien-être ou des malaises sociaux qui agitent le pays. Il a été à l'origine des premiers remous sous la férule du Shah, durant les années 74 à 79, jusqu'à ouvrir des voies de passage pour la révolution, d'abord populaire et partagée par diverses obédiences, jusqu'à l'élimination des branches les unes par l'autre, celle de l'ordre mollachique de l'Imam Khomeiny (au moins 100 000 morts).

Le Baazar a perdu de son influence économique, depuis que les cadres des Pasdaran ont repris en main ses rouages, pour confisquer de plus en plus de secteurs juteux, en lien avec leurs ambitions régionales : banques, industries, import-export, nouvelles technologies et matériaux sensibles.

Les Baazaris supportent mal ces réquisitions, mais surtout considèrent que la nouvelle classe arriviste, issue de la Révolution, est faite de hors-la-loi, ou se considérant au-dessus des lois qu'eux-mêmes imposent aux autres couches de la population. Et qu'elle mène le pays à la ruine, à plus ou moins longue échéance. Ils sont conservateurs, surtout animés par le sens des affaires.

Récemment, le 6 juillet, le gouvernement a annoncé une augmentation de 70% sur les taxes imposées aux commerçants. Les Baazaris se sont immédiatement mis en grève et le gouvernement a aussitôt reculé : il a besoin d'eux, à un moment où des réformes sont prévues pour septembre, notamment : la fin de mesures de subventions, alimentées par les revenus énergétiques, en direction des couches pauvres de la population, qui garantissaient l'accès aux produits de base à des prix défiant toute concurrence, dans le cadre d'une économie "artificielle", de type "révolutionnaire".

Ainsi, le pouvoir se trouvait-il une assise chez les plus démunis. L'Iran veut désormais, pour soutenir la concurrence externe, se rapprocher des critères d'une économie auto-régulée.... Mais "Robin des bois" volant les riches pour redistribuer aux pauvres, se trouve à cours de moyens pour entreprendre une sorte de mini-révolution libérale dans le cadre d'une dictature religieuse. Il y va pourtant de sa survie économique, dans le contexte des sanctions contre son programme nucléaire.

 

En dépit de cette reculade du régime, plutôt qu'une dispersion du mouvement de grêve et de défiance, celui-ci s'est étendu à Ispahan et Tabriz. Pour faire diversion, le Régime a déclaré "des vacances générales", comme pour masquer la fermeture des rideaux de fer! Le baazar est le coeur des villes, à partir duquel se répandent les nouvelles ou rumeurs, les velléités de démontrer son mécontentement, susceptible de stopper les manufactures et raffineries, voire de susciter des débordements violents dans les rues adjacentes... Des contre-espaces idéaux pour l'organisation de ces fameux "complots" que redoute tant le pouvoir, par manque d'emprise sue le peuple lui-même, qui ne peut subsister que par l'adhésion des masses et surtout des "leaders d'opinion", au nombre desquels les Baazaris, évidemment...

 

A la fin de juin, une raffinerie aurait été incendiée, dans la ville d'Abadan, au Sud. En mai, un apparatchik des Pasdaran, agent de liaison du Hezbollah en Syrie, était assassiné en plein quartier sécurisé de Damas. Récemment, des incendies localisés et des explosions auraient été entendues au coeur de la fameuse prison d'Evin, laissant supposer des mouvements de mutinerie des prisonniers politiques ; à l'extérieur encore, les Emirats déclaraient leur volonté d'appliquer les sanctions, alors que, jusqu'à présent elles étaient largement contournées, au plein profit de Téhéran....


Malgré la soudaine "atonie" du mouvement politique ("vert", dit "réformateur"), on comprend que la répression qu'il a subi depuis les élections de juin 2009 n'a, en rien, servi d'exemple pour imposer une poigne de fer à tous les secteurs internes ou frontaliers de la société iranienne. 

Au contraire, la garde noire des Pasdaran, rompue aux ordres de la secte Ojjatiyeh, ressemble de plus en plus furieusement, à ces pompiers-pyromanes qui ne savent plus par quel bout ralentir le mouvement d'une chute annoncée et toujours remise au lendemain... Jusqu'à maintenant. Le mois de septembre et les suivants seront déterminants pour évaluer les effets conjugués de la mise en application des premières sanctions et des "réformes" envisagées par le régime, qui semblent recueillir aussi peu de "suffrage" : on peut truquer les scrutins longtemps, vient un moment où rendre des comptes...


Images du Baazar en grève : 

http://planet-iran.com/index.php/news/19318

 

 

 Alef: http://alef.ir/1388/content/view/77823/

A view of the textile traders’ section:

Jewelery and gold traders:

The jewelry and gold bazaar:

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A tous nos chers lecteurs.

 

Ne vous est-il jamais venu à l'esprit d'en savoir un peu plus sur le titre de ce blog ?

Puisque nous nous sommes aujourd'hui habillés de bleu, il conviendrait de rentrer plus a fond dans l'explication du mot lessakel.

En fait Lessakel n'est que la façon française de dire le mot léhasskil.

L'hébreu est une langue qui fonctionne en déclinant des racines.

Racines, bilitères, trilitères et quadrilitères.

La majorité d'entre elle sont trilitères.

Aussi Si Gad a souhaité appeler son site Lessakel, c'est parce qu'il souhaitait rendre hommage à l'intelligence.

Celle qui nous est demandée chaque jour.

La racine de l'intelligence est sé'hel שכל qui signifie l'intelligence pure.

De cette racine découlent plusieurs mots

Sé'hel > intelligence, esprit, raison, bon sens, prudence, mais aussi croiser

Léhasskil > Etre intelligent, cultivé, déjouer les pièges

Sé'hli > intelligent, mental, spirituel

Léhistakel > agir prudemment, être retenu et raisonnable, chercher à comprendre

Si'hloute > appréhension et compréhension

Haskala >  Instruction, culture, éducation

Lessa'hlen > rationaliser, intellectualiser

Heschkel > moralité

Si'htanout > rationalisme

Si'hloul > Amélioration, perfectionnement

 

Gageons que ce site puisse nous apporter quelques lumières.

Aschkel pour Lessakel.

 

 

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