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9 avril 2012 1 09 /04 /avril /2012 23:30

lundi 9 avril 2012

« Juifs et Arabes de France : dépasser la question israélo-palestinienne »
Par Véronique Chemla
Conf%C3%A9renciers+Sciences+Po.jpgLe 28 mars 2012, des étudiants de l’Institut d’Etudes Politiques de Paris (Sciences Po) membres du Forum pour la Paix ont organisé la conférence éponymeréunissant journalistes, chercheur et commissaire à la diversité et à l'égalité des chances auprès du Premier ministre dans ce prestigieux établissement privé d’enseignement supérieur. Une soirée animée au cours de laquelle, malgré des hors-sujets significatifs, des amalgames choquants et des tabous liés à l’islam, ont pu être évoquées la désinformation, la terminologie erronée et biaisée de chaines publiques, la responsabilité et la déontologie des médias, notamment dans l’affaire al-Dura. Compte-rendu, florilège et rétablissement de vérités historiques et juridiques.
Voilà un titre problématique : d’une part, il met en parallèle deux catégories dénaturalisées – les Juifs de France, sont sauf exceptions, Français - et distinctes - « Juifs » (peuple et fidèles du judaïsme)/« Arabes » (groupe composé de musulmans, chrétiens), et d’autre part, il cèle les Berbères.
S’agit-il vraiment d’une question « israélo-palestinienne » ?


Les Juifs français, oubliés ou fantasmésVictimes+Sandler+Monsonego+Toulouse.jpg
Curieusement, la plupart des orateurs ont usé de termes vagues pour désigner l’attentat antisémite, islamiste, contre l’école Ozar Hatorah de Toulouse le 19 mars 2012 – quatre morts franco-israéliens Juifs dont trois enfants.


Kader+Abderrahim.jpgSur cette attaque, quels vocables ont été utilisés par Kader Abderrahim, modérateur, chercheur à l’IRIS(Institut de relations internationales et stratégiques) dirigé par Pascal Boniface, et « membre du Global Finder expertdes Nations Unies qui vise à faire des recommandations au secrétaire général de l'ONU sur le dialogue des civilisations » ? Il a évoqué une « tragédie »et s’est interrogé sur les raisons pour lesquelles un « individu commet des actes aussi odieux ».
Charles+Enderlin.jpgCharles Enderlin, correspondant de France 2 à Jérusalem, a loué « Samuel Sandler… un grand monsieur » qui, à son retour à Versailles, veut « parler avec l’imam de la mosquée ». Il a enchainé sur la couverture médiatique de « l’affaire de Toulouse… On ne couvre plus ce conflit [israélo-palestinien] pour un certain nombre de raisons : ça casse les pieds de la rédaction car il n’y a rien de neuf, il y a également des campagnes – cela a été le cas pour Un œilsur la planète…Les images du conflit existent uniquement sur les chaines satellitaires arabes…La situation a changé… Vous n’êtes pas informés », a déploré Charles Enderlin. D’autant que « la crise iranienne pointe à l’horizon ».
Yann+Moix.jpg« Ce qui s’est passé à Toulouse est un acte terroriste. Le terrorisme se résume à l’effet de surprise, la déloyauté et la force... Des innocents inoffensifs touchés avec haine et lâcheté », a affirmé l’écrivain Yann Moix. Et d’enchainer, perplexe : « Je voudrais comprendre pourquoi, souvent, quand un acte à caractère antisémite a lieu, on essaie d’effacer le caractère antisémite de cet acte en mettant en avant une réalité qui serait qu’idéologiquement il serait en rapport avec le conflit israélo-palestinien. Dans une société qui adore les« ismes », on adore voir l’antisémitisme partout, mais quand l’acte antisémite est là, on ne veut plus le voir ».
Audrey+Pulvar+Sciences+Po+2012.jpgLa journaliste Audrey Pulvar rencontre « souvent, en banlieues ou au cœur des villes, des jeunes qui se sentent abandonnés, sans pour autant que tous deviennent des terroristes ». Elle a insisté sur le« problème de l’éducation » de ces « jeunes Français, pro-palestiniens sans connaître la réalité du conflit ». A listé les stéréotypes antisémites véhiculés par ces jeunes : « Le 11 septembre, c’est un complot juif », « Le lobby juif », « Un complot mondial juif contre les Palestiniens, contre les musulmans »,« Israël tue les petits enfants avec une bombe. On est là, et on ne fait rien ! »A dénoncé la « ghettoïsation des esprits et géographique » de ces jeunes. A entendu une vingtaine d’individus entonner des chants antisémites à son égard et constaté que « 95% des réactions parmi les gens rencontrés et sur les réseaux sociaux lui ont dit « Mais tu n’es pas juive ! Alors quel est le problème ? » A conclu : « Il faut parler des problèmes réels, concrets des Français, des problèmes d’éducation, du vivre ensemble ». Quant à Mohamed Merah, il « est né en France. Il est français… Je ne suis pas dans la tête de ce terroriste ».
Ofer+Bronchtein.jpgTrois passeports : français, israélien, palestinien. Ces trois identités, Ofer Bronchtein, directeur du Forum pour la Paix [1], les aassumées avec fierté, sans y voir « la moindre contradiction ». Il a été « choqué par un acte terroriste inadmissible, antisémite et raciste. Il a regretté « que la plupart des Juifs de France… interprètent très souvent la critique au gouvernement israélien comme étant des critiques anti-israéliennes, antisionistes et parfois d’être antisémites » et que « beaucoup de Français d’origine musulmane d’origine arabe, sympathisants de la cause palestinienne, souvent critiquent tous les Israéliens, tous les Juifs [qui] contrôlent le monde, à la source de tous les maux sur Terre, et débordent sur l’antisémitisme ».Cet « optimiste pathologique » a espéré en une « dynamique de rapprochement, de dialogue serein » entre Israéliens et Palestiniens, entre communautés en France.
Samy+Cohen.jpgQuant à Samy Cohen, professeur à Sciences Po et chercheur au CERI(Centre d’études et de recherches internationales), il a évoqué le « côté fantasmatique de la vision du conflit israélo-palestinien vu de France et d’Europe », « les préjugés forts », « l’insuffisance de l’information sur ce qui se passe en Israël et en Palestine » par les médias ou les livres, l’association Other voice, qui regroupe des Israéliens vivant « près de la bande de Gaza, harcelés par les menaces des roquettes, des missiles et des mortiers » et ayant écrit « une lettre publique »,en 2011, au Premier ministre Benjamin Netanyahu pour exprimer leur refus d’une« deuxième opération Plomb durci car la solution est le dialogue »avec les Gazaouis, les messages d’amour via Internet d’Israéliens vers les Iraniens qui « ont répondu massivement » à l’identique, une « manifestation à Tel-Aviv le 24 mars au soir avec des centaines de manifestants » hostiles à un bombardement « en Iran. Les héros de l’avenir, ce sont ces gens-là ».Le « terrorisme déstabilise les démocraties » qui « doivent raison garder, ne pas riposter par les mêmes moyens ». Les solutions ? « Les moyens de défense, de solidarité, de mobilisation forte ».
Yazid+Sabeg.jpg« Ce qui s’est passé la semaine dernière, euh, il y a eu d’autres drames sociaux, euh, il y a forcément des racines sociales comme les [jeunes] fauchées sur l’autoroute. Il y a cet enfant qui a été assassiné par son père et qui avait deux ans. C’est le signe de l’échec d’actions de prévention », a considéré Yazid Sabeg,commissaire à la diversité et à l'égalité des chancesauprès du Premier ministre. Et d’enchainer sur la communauté « israélite [qui a une] vision fantasmée des quartiers, comme foyers extrêmement puissants d’antisémitisme. La réalité est plus complexe...[Il faut] examiner dans le détail la trajectoire de l’assassin des sept personnes qui ont trouvé la mort la semaine dernière, sa trajectoire sociale, ses motivations. Dire que cela résulte d’une islamisation rampante de la société française me parait une analyse un peu courte. Je crois que c’est plus grave hélas ». Et d’évoquer« l’islamophobie efficace », la manière dont on se sert des« origines de ce Français » pour « stigmatiser l’ensemble de la communauté musulmane de ce pays... On doit se poser la question de l’égalité de traitement, des discriminations ».
Yazid Sabeg est « frappé dans les quartiers par l’acuité dont le conflit israélo-palestinien est vécu, surtout la condition faite aux enfants. C’est vécu comme une injustice profonde… véhiculée au quotidien, de façon permanente, biaisée souvent sur les chaines arabes qu’écoutent de plus en plus les jeunes des quartiers même s’ils ne parlent pas l’arabe… La communauté israélite [a une] vision fantasmée des quartiers, comme foyers extrêmement puissants d’antisémitisme ».
SPCJ+Nombre+d'actes+antis%C3%A9mites+19-Privilégiant le facteur social, ces discours ont évacué toute interrogation sur les motifs religieux de Mohamed Merah qui avait motivé ses actes notamment en raison de la loi sur le foulard islamique. Ont aussi évité toute allusion à l’antisémitisme islamique, au rapport entre pratique religieuse islamique et antisémitisme [2], au lien entre l’islam et l’islamisme. Substitué souvent les musulmans aux victimes Juives de Toulouse, et plus généralement aux Juifs français. Omis d’évoquer la recrudescence d’agressions antisémites en France du 19 au 28 mars 2012 : 28 en 10 jours, soit environ trois agressions antijuives par jour dont un attentat ayant fait quatre morts. Inquiétant. Certains orateurs ont semblé en prendre conscience.
Yann Moix a alors refusé de « remplacer immédiatement l’antisémitisme, qui a muté, par l’islamophobie ». Le « terme « israélite »date du XIXe siècle », a raillé cet écrivain qui s’est interrogé sur l’enterrement des « victimes françaises » hors de France : « On ne peut pas redevenir Algérien et Israélien quand ça vous arrange ». Et de relever : un « sujet n’a pas été abordé ce soir : s’il n’y a pas en germe dans les textes sacrés de l’islam des propos qui pourraient paraître à certains absolument antisémites… Je me demande si l’islamisme n’a pas comme point de départ l’islam ».
Réponse de Kader Abderrahim : inviter à lire le Coran.
Pour Charles Enderlin, « l’extrémisme religieux trouvera toujours dans ses textes sacrés la confirmation, le prétexte de ses actes qu’ils soient juifs, musulmans ou autres. On ne censurera pas les textes religieux ». Le terrorisme ? C’est « un acte individuel pour terroriser une population civile ». Ce journaliste cite une recherche du Shin Beth et les Renseignements militaires selon laquelle les motivations de la majorité des « bombes humaines » palestiniennes, n’auraient pas eu de motifs religieux : « C’était individuel, parfois psychologique, liée à une volonté de vengeance, un problème familial ».
« Il ne s’agit pas de déresponsabiliser Mohamed Merah…Ces jeunes dans les quartiers sensibles se sentent abandonnés… Cela ne veut pas dire qu’ils se considèrent comme des victimes [ou qu’]ils vont devenir des terroristes… des fous furieux comme Mohamed Merah », a précisé Audrey Pulvar. Ces jeunes « ont l’impression de ne pas intéresser ceux qui pourraient régler leurs problèmes. Une maman dans une manifestation à Toulouse, à la mémoire des victimes de Mohamed Merah, [le 24 mars, a dit] :« Qui leur parle ? Les intégristes ! ». Audrey Pulvar s’est interrogée sur ces « gamins qui ont refusé de se lever pour la minute de silence à la mémoire des victimes de Mohamed Merah en disant : « Je ne vais pas me lever pour les Juifs parce qu’ils ne se lèvent pas pour les Palestiniens ».
« Pourquoi ceci s’est passé ? », a questionné Yazid Sabeg qui est « un grand républicain… Je suis français et je ne me sens pas tout à fait français… non pas parce que j’ai des racines en Algérie…On ne peut pas être fier d’un pays qui ne vous aime pas… Vous ne pouvez pas demander à ces jeunes d’être fiers d’un pays qui ne les célèbre pas, qui les marginalise, qui les traite d’une façon inégalitaire ». Et de regretter qu’on n’enseigne pas « la diversité du peuplement de la France, notamment depuis un demi-siècle… J’ai appris, parce que je suis un enfant de l’école républicaine, que mes ancêtres étaient des Gaulois. C’est vrai… J’ai d’autres ancêtres… Il faut que la république se réinvente et qu’elle traite de ces sujets objectivement ».


« Faux-tos »et affaire al-Dura
Khulood+Badawi+Tweet+mars+2012.jpgPremière question d’un spectateur : « Mohamed Merah a déclaré : « J’ai voulu venger les enfants palestiniens, victimes d’Israël donc. Est-ce que c’est une réalité ou un fantasme ? Est-ce que les Israéliens assassinent délibérément des enfants palestiniens pour le plaisir, par sadisme pur ? Il y a là la responsabilité de la presse. Y a-t-il une propagande malveillante qui oblige les jeunes à se remplir de haine ? » Et de citer la photo d’une petite Gazaouie tweetée le 10 mars 2012 par Khulood Badawi, employée à l’OCHA (Bureau onusien pour la coordination des questions humanitaires), puis le 11 mars 2012 par la journaliste Diana Alzeer : toutes deux ont présenté cette enfant ensanglantée comme ayant été tuée par la frappe israélienne aérienne lors de la nuit précédente. Or, cette photo, qui remonte à 2006, concerne une Gazaouie victime d’un accident de balançoire [3] ! (Applaudissements).
Isra%C3%ABl+carte+Jud%C3%A9e+Samarie.jpgJ’ai alors pris la parole, ma voix étant souvent couverte par le brouhaha des réactions du public divisé : « France 2 et France 3 sont des chaines du service public. Le service public est astreint au devoir de neutralité. Es-ce qu’il vous serait possible en tant que journalistes, et je suis journaliste, d’utiliser des mots neutres et des mots adéquats pour décrire la réalité en Israël ? Je prends deux exemples. Vous avez parlé de« colonisation », des territoires que vous appelez Cisjordanie. Or, ces territoires sont appelés Judée et Samarie ». (huées, rires, « On en a marre »). « Le traité de San Remo en 1920 a dit que ces territoires font parties de l’Etat d’Israël, de l’Etat Juif. Donc il ne s’agit pas de « territoires occupés » mais de « territoires disputés ». (Applaudissements).
Landes+Carte+positions+Titres+fran%C3%A7J’ai ensuite interpelé sur l’affaire al-Dura : « Le30 septembre 2000, la chaine publique France 2 adiffusé un reportage de son correspondant Charles Enderlin sur des images de son cameraman palestinien ». (Huées. « Ce n’est pas normal ».« C’est une honte »). « Charles Enderlin a indiqué que les tirs provenaient de la position israélienne. Son cameraman a dit la même chose, puis il a dit : « Je n’ai jamais dit cela ».Ensuite, Arlette Chabot, alors directrice de l’information de France 2, a dit » (huées, sifflets) : « On ne saura jamais quelle est l’origine des tirs. Venaient-ils de la positon israélienne ou palestinienne ? » (Huées.« On n’est pas là pour ça, Madame ». Brouhaha. « Provocation à la haine »). J’ai demandé « à chaque orateur de prendre position dans l’affaire al-Dura et à Audrey Pulvar pour quelles raisons elle avait signé la pétition Pour Charles Enderlin en 2008 ».
J’ai aussi ajouté que des Palestiniens désignaient les Israéliens comme des « Yaoud » (Juifs en arabe), donc les téléspectateurs arabophones en France assimilent les Juifs qu’ils rencontrent aux Israéliens, et certains les agressent. « Votre comportement est indigne », m’a chuchoté un spectateur.
« Respectez ceux qui veulent poser des questions », a asséné Ofer Bronchtein pour ramener le calme.
« Je sais que c’est un sujet sensible, mais on n’est pas là pour faire le procès de Charles Enderlin »,a affirmé Kader Abderrahim.
« Vous êtes là pour noyer le poisson », lui a rétorqué un spectateur.
Puis un autre spectateur s'est enquis :« Yann Moix a dit que l’antisémitisme avait évolué » en parlant d’un« antisémitisme géopolitique. Considérez-vous qu’être contre ce qui s’est passé entre Israéliens et Palestiniens, est-ce que c’est être contre le peuple israélien ? Est-ce que cela a des répercussions sur le peuple aujourd’hui en France ? »
Pour Yann Moix, « on n’a pas vocation à être pro-israélien ou pro-palestinien… Au sein de l’antisionisme, il y a de l’antisémitisme. [Je refuse de] renvoyer un camp contre l’autre et de choisir un camp ».
« On choisit la vérité », a protesté une spectatrice.
Kader Abderrahim a invité Charles Enderlin et Audrey Pulvar à me répondre. J’ai insisté pour que tous les orateurs répondent. Les autres ont gardé le silence.
Parole à Charles Enderlin :« Le gouvernement israélien a décidé de manière totalement unilatérale que, au contraire de l’usage fait par les Nations unies et euh la, les chancelleries européennes, la Cisjordanie s’appelle la Cisjordanie. Lorsque dans un reportage, quelqu’un dit la Judée-Samarie, je passe ses paroles et j’explique qu’il s’agit de la Cisjordanie. Que vous ayez décidé que ce sont des territoires disputés comme le voudrait le gouvernement israélien, je veux bien, mais euh aussi bien les Nations unies, euh les Etats-Unis, l’Amérique que l’Europe considèrent que ce sont des territoires occupés. Et ce n’est pas en essayant de faire pression sur le service public que vous nous obligerez à changer de langage ». (Applaudissements).
Et de proclamer sur un ton particulièrement ferme : « Je vous garantis d’une chose : si les services de sécurité israéliens avaient le moindre indication qu’il y avait mise en scène ou autre, croyez-bien qu’ils l’auraient sortie. Je vais vous dire également la chose suivante : Talal Abu Rahma, le cameraman de France 2 à Gaza, est autorisé régulièrement à sortir pour se rendre en territoire israélien. Point. Que cette campagne ait lieu en France, cela a lieu en France. M. Karsenty qui en est à l’origine, est aujourd’hui sur le coup d’une condamnation pour diffamation. On verra ce que le nouveau jugement en Cour d’appel dira. Pour le moment, je n’ai aucune intention d’en reparler. J’ai écrit un livre là-dessus. Je vous conseille de le lire. Effectivement, tous les arguments y sont. Et je ne discuterai pas encore une fois… »
« Talal Abu Rahma n’a plus sa carte de presse de journaliste. Il n’est plus accrédité », lui ai-je répliqué sous les applaudissements.
« Ça, c’est vraiment déplacé », a protesté un spectateur. Brouhaha.
Sur un ton calme, Audrey Pulvar a admis : « Effectivement, je fais partie des signataires de lapétition de soutien à Charles Enderlin parce que je considère que le procès en sorcellerie qui lui est fait est un procès indigne. Je considère que, sa modestie dut-elle en souffrir, Charles Enderlin est un exemple pour les journalistes en France et d’autres parties du monde, que c’est quelqu’un quiœuvre à son niveau à la paix entre Israël et les Palestiniens. Et par ailleurs, puisque vous avez noté que j’étais parmi les signataires de la pétition de soutien à Charles Enderlin, vous auriez pu noter aussi les nombreux éditos que j’ai pu faire, puisque j’en fais tous les matins sur France Inter, les prises de position que j’ai pu avoir pour condamner avec la plus grande énergie, avec le plus grand dégoût pour les faits qui avaient été commis, pour condamner l’agression, la torture et la mort d’Ilan Halimi. Vous auriez pu aussi noter à quel point, par exemple, quand j’ai reçu Morgan Sportès pour son livre Tout, tout de suite,j’ai dénoncél’atrocité des actes commis, dénoncé la propagation de l’antisémitisme dans ces quartiers… »
« Tout journaliste peut se tromper. Moi la première, Charles Enderlin aussi et vous aussi », ai-je dit en l’interrompant. Brouhaha.
24+jours+La+v%C3%A9rit%C3%A9+sur+la+mort« J’ai personnellement, de façon discrète et sans ameuter qui que ce soit, participé à la marche qui avait été organisée après la mort d’Ilan Halimi. J’ai plusieurs fois pris position…au moment de l’agression de la flottille de la paix, j’ai… »
« Mais répondez à ma question, madame. Sur quels éléments, vous… (bruits) Vous avez pris position en faveur de…
« Mais je vous ai répondu… »
« Non, non. C’est hors sujet, madame. Sur quels éléments… »
« C’est hors sujet !? » Rires.
« Je vous ai posé une question : sur quels éléments vous vous êtes fondée pour soutenir Charles Enderlin ? Même France 2, même Arlette Chabot ne soutient pas la position de Charles Enderlin ! », ai-je relancé. Brouhaha.
« Au moment de l’attaque de la fameuse flottille de la paix qui a généré des commentaires encore une fois hyper-caricaturaux en France, je pense que j’ai été la seule journaliste ayant interviewé l’ambassadeur d’Israël en France à l’époque, à donner une parole large dans la petite émission de deux heures que j’animais quotidiennement sur I Télé à l’époque, à donner une version un peu plus raisonnée des évènements. Voilà. C’est tout ce que je voulais dire », a conclu Audrey Pulvar. Applaudissements.
« Répondez à ma question : sur quels éléments vous vous êtes fondée pour soutenir Charles Enderlin ? », ai-je répété. En vain.


Un panorama inquiétant
Isra%C3%ABl+menaces.jpgLors de cette conférence, les Juifs français apparaissaient fantasmés dans des clichés antisémites de « jeunes de banlieues »,parfois dans leur perception des « banlieues » présentée par Yazid Sabeg, rarement dans leur relation au conflit, leurs liens avec l’Etat d’Israël ou leurs inquiétudes face à l’antisionisme, la « politique arabe » de la France ou la propagande palestinienne comme carburant de l’antisémitisme, et jamais comme des êtres humains multidimensionnels : leurs appréhensions de devenir des boucs-émissaires, leur dialogue ardu avec des « Arabes » sur ce conflit car l’Etat d’Israël clive tout comme l’image « al-Dura ».
Paradoxe : Audrey Pulvar a évoqué le cas d’un antisémitisme en France visant des non-Juifs.
Les discours de cette conférence ont donc accordé une place majoritaire, voire quasi-essentielle, aux « jeunes des banlieues »,voire à « la manière dont la république doit permettre l’émergence d’un islam en France » (Kader Abderrahim) !
Curieusement, aucun Français Juif rompant le« palestiniennement correct » n’y était invité comme orateur.
Le terrorisme islamiste ainsi que le refus de l’Etat Juif par le monde musulman, obstacles à toute paix, demeurent généralement tabous, surtout par les orateurs musulmans.
Avec assurance, ces orateurs s’en sont généralement tenus à des faits connus, des platitudes – hormis Yann Moix citant Le Léviathan d’Hobbes -, parfois naïves, en les parsemant de rares analyses et d’inexactitudes factuelles et terminologiques, et ont semblé ignorer la recrudescence d’actes antisémites en France depuis le 19 mars 2012.
Brouard+Tiberj+Fran%C3%A7ais+comme+les+a« Fou » ou « terroriste » selon Audrey Pulvar, Mohamed Merah s’était réislamisé en prison. Quel étonnant silence de ces orateurs sur le lien entre pratique de l’islam et antisémitisme. Pourtant, une étude de Sylvain Brouard et Vincent Tiberj, chercheurs du CEVIPOF(Centre de recherches politiques de Sciences Po, associé au CNRS depuis 1968), et intitulée « Français comme les autres ? Enquête sur les citoyens d’origine maghrébine, africaine et turque » (2005) a porté sur 1 003 personnes de plus de 18 ans de l’échantillon représentatif. Elle a révélé unecorrélation inquiétante entre le degré de pratique de l’islam et les préjugés,notamment antisémites. « 46% des musulmans pratiquants de l'échantillon, 40% des musulmans pratiquants occasionnels et 30% des musulmans non pratiquants manifestent des sentiments antisémites » [4]. « Pour l’antisionisme… plus les personnes interrogées sont jeunes, plus elles sont négatives à l’égard d’Israël »,soit 62% des 18-24 ans, 52% des 25-31 ans, 53% des 32-41 ans et 39% des plus de 42 ans [5].
C’était donc une table-ronde plutôt consensuelle, jusque dans son mutisme face aux propos choquants de Yazid Sabeg. Comment leCommissaire à la diversité et à l'égalité des chances a-t-il pu dresser un parallèle entre les victimes Juives ciblées par le djihadiste Mohamed Merah, membre revendiqué d’al-Qaïda, avec des « drames sociaux » :mort d’un enfant battu par l’ex-compagnon de sa mère et accident mortel de trois jeunes sœurs issues de la communauté des Gens du voyage et heurtées par une voiture qui ne pouvait pas les voir sur l’autoroute A7, dans la nuit du 16 au 17 mars 2012, dans la Drôme ?! Quel est le « drame social » de ce moudjahidinfranco-algérien qui a mené grand train de vie, amassé un impressionnant arsenal militaire, combattu contre les Infidèles aux confins du Pakistan et de l’Afghanistan, sans que la généreuse France ne s’en aperçoive et ne lui retire les aides sociales qu’elle lui avait allouées ?
Est-il justifié de culpabiliser la France et d’alléguer« On ne peut pas être fier d’un pays qui ne vous aime pas… Il faut que la république se réinvente » ?
Malgré l’affaire Dreyfus, malgré le régime de Vichy, malgré la Shoah, malgré ce rapatriement d’Algérie en 1962, les Juifs, français ou non, ont toujours aimé la France sans rien exiger d’elle en contrepartie, en ont partagé les valeurs, se sont reconnus dans le récit historique national auquel ils ont grandement contribué, et n’ont jamais contraint la République à se « réinventer ».
Ce n’est pas à la République de « se réinventer »en fonction de la diversité de son immigration : c’est aux migrants qu’elle accueille et à leurs (petits-)enfants à accepter cette forme démocratique de gouvernement acquise de la Révolution française (1792) ainsi que l’histoire de la France sans la réduire à la colonisation, et à assimiler ses principes. Ce qu’ont fait les immigrants de Pologne, d’Italie, de Russie, de Belgique, de Hongrie, d’Asie du sud-est, d’Afrique du Nord, Juifs, chrétiens et parfois musulmans, qui se sont reconnus dans cette phrase fondatrice d’un terreau historique commun, « nos ancêtres, les Gaulois ».
Hitler+Mufti+J%C3%A9rusalem+al-Husseini.Les manuels scolaires français ont éjecté les grands personnages historiques de France (Louis XIV, Napoléon 1er) au profit de civilisations géographiquement éloignées, minoré la dhimmitude, gommé la collaboration avec Hitler de dirigeants musulmans, dont le grand mufti de Jérusalem al-Husseini, le combat de centaines de milliers de musulmans au côté des forces de l’Axe pendant la Seconde Guerre mondiale, la lutte de la Légion ou Brigade nord-africaine (LNA ou BNA) contre les résistants en France, celé l’exode, généralement contraint et dans des circonstances dramatiques, d’environ un million de Juifs des pays arabes, de Turquie et d’Iran au XXe siècle... Ce n’est pas assez ? Lesmanuels scolaires des Etats d’Afrique du Nord abordent-ils la contribution majeure desJuifs et chrétiens à ces pays ? Sur les hommages rendus par la France à son Outre-mer pour son rôle dans la Seconde Guerre mondiale, on peut voir l’exposition aumusée du Général Leclerc de Hauteclocque(Paris).
Il serait utile que le gouvernement dresse le bilan des politiques de discrimination positive en faveur de la diversité, dans tous les secteurs et à tous les niveaux, menées au moins depuis les Présidences de Jacques Chirac. Le CV anonyme, rendu obligatoire par une loi (2006) et promu par Yazid Sabeg, commissaire à la diversité et à l'égalité des chances ? Il a été jugé peu efficace par une étude de Pôle-Emploi(août 2011) et relégué alors par Yazid Sabeg en une « faculté parmi d’autres ».La suppression de l’épreuve de culture générale decertains concours administratifs(2008), de Sciences Po](2011) ? Selon un intervenant à une table-ronde prélude à la signature par septmédias de la presse écrite(15 000 salariés) de la Charte de la diversité en entreprise (1ermars 2011), cette disparition n’a pas induit une augmentation du nombre de candidats issus de la diversité reçus. Mais le niveau d’exigence a baissé…Devant le Tribunal de Grande instance de Paris (7-8 février 2007), Me Richard Malka avait ironisé devant les organisations musulmanes – UOIF (Union des organisations islamiques de France), Grande mosqué de Paris - qui à la fois poursuivaient Charlie Hebdo pour la publication de caricatures de Mahomet tout en réclamant que l’islam soit traité comme les autres religions en France : il avait exhibé les Unes choquantes que cet hebdomadaire avait publié sur des Papes, le catholicisme, des Juifs religieux, etc. Sous-entendu : « Acceptez un égal traitement par les dessinateurs de presse ! »
« La communauté israélite [a une] vision fantasmée des quartiers, comme foyers extrêmement puissants d’antisémitisme » selon Yazid Sebag. Cependant, la description de l’antisémitisme de jeunes de ces quartiers par Audrey Pulvar démontre que cette vision est fondée. Ce que corroborent de nombreux livres (Les territoires perdus de la république), études (rapport Obin en 2004), l’enlèvement, la séquestration, les tortures et l’assassinat d’Ilan Halimi par le gang des Barbares dans le silence d’une centaine de personnes au courant du rapt et de cette séquestration à Bagneux, etc.
J’ai interrogé le Premier ministre et le Président de la République, qui avait nommé Yazid Sabeg, sur ces déclarations peu conformes aux leurs et je publierai leurs réponses dès réception.
A suivre...  
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A tous nos chers lecteurs.

 

Ne vous est-il jamais venu à l'esprit d'en savoir un peu plus sur le titre de ce blog ?

Puisque nous nous sommes aujourd'hui habillés de bleu, il conviendrait de rentrer plus a fond dans l'explication du mot lessakel.

En fait Lessakel n'est que la façon française de dire le mot léhasskil.

L'hébreu est une langue qui fonctionne en déclinant des racines.

Racines, bilitères, trilitères et quadrilitères.

La majorité d'entre elle sont trilitères.

Aussi Si Gad a souhaité appeler son site Lessakel, c'est parce qu'il souhaitait rendre hommage à l'intelligence.

Celle qui nous est demandée chaque jour.

La racine de l'intelligence est sé'hel שכל qui signifie l'intelligence pure.

De cette racine découlent plusieurs mots

Sé'hel > intelligence, esprit, raison, bon sens, prudence, mais aussi croiser

Léhasskil > Etre intelligent, cultivé, déjouer les pièges

Sé'hli > intelligent, mental, spirituel

Léhistakel > agir prudemment, être retenu et raisonnable, chercher à comprendre

Si'hloute > appréhension et compréhension

Haskala >  Instruction, culture, éducation

Lessa'hlen > rationaliser, intellectualiser

Heschkel > moralité

Si'htanout > rationalisme

Si'hloul > Amélioration, perfectionnement

 

Gageons que ce site puisse nous apporter quelques lumières.

Aschkel pour Lessakel.

 

 

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