Le Synode des Evêques pour le Moyen Orient contre Vatican II ?
(Chronique de Radio J du 24 octobre 2010, publiée ici avec l'autorisation de l'auteur)
Raphael Draï
Tant qu’elles ne seront pas désapprouvées par Benoît XVI, les dernières déclarations du synode des Evêques pour le Moyen Orient donneront de l’Eglise romaine une image calamiteuse.
Passons sur le ton de ces déclarations qui relèvent purement et simplement du pogrom verbal1. Il faut s’attacher plutôt au fond de celles-ci et à la mentalité soi-disant apostolique qu’elles révèlent. En 2010, en ce début du XXIème siècle, il nous aura donc été donné d’entendre des responsables d’une religion- en l’occurrence la religion catholique- juger du haut de l’on ne sait quelle sur-éminence prophétique, de la validité théologique d’une autre religion : la religion juive.
Outre la véritable agression confessionnelle que cette attitude recouvre, on relèvera le mépris total du dit Synode pour la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme et pour la Convention Européenne des Droits de l’Homme qui prohibent les conduites insensées de cette nature.
Imaginons une seule seconde ce que seraient les relations entre chrétiens et Juifs si une assemblée de rabbins déclarait Urbi et Orbi que le christianisme n’est qu’un néo -paganisme ayant transformé un être de chair et de sang en divinité assyro- babylonienne !
Il faut que les inspirateurs et les rédacteurs de cette déclaration synodale le comprennent bien : l’existence juive, ne leur en déplaise, est fondée sur une Alliance qu’ils n’ont pas le pouvoir de délier ou d’abroger sans ruiner au passage les fondements de leur propre foi.
Le peuple juif est et demeure le peuple de l’Alliance avec un Dieu qui lui, ne passe pas son temps à se déjuger. La terre qu’il lui a attribuée est sa terre avec pour capitale une cité indivisible nommée en hébreu Yerouchalaïm et Sion.
En vérité cette déclaration est mue par l’un des affects les plus glauques : la lâcheté. Car ces chrétiens là, sont contraints de montrer patte blanche dans les pays arabes où ils tentent de se survivre.
Mais il est non moins vrai que cette chrétienté préfère mourir en terre d’Islam plutôt que de vivre avec Israël. On verra bien où la conduira ce choix morbide. En attendant, il va de soi que le Grand rabbinat de France fasse entendre au plus tôt dans ce domaine la plus nette des condamnations.
Raphaël Draï
(Chronique de Radio J du 24 octobre 2010)
1 Entre autres assertions médiévales : l’arrivée du Christ a mis un terme au concept biblique de Terre promise .