L’absence problématique de condamnation du meurtre des infidèles en Islam
Par Maître Bertrand Ramas-Mulhbach
Pour © 2011 lessakele
Le 18 juillet 2012 à Bourgas (Bulgarie), le kamikaze Mehdi Mohammed Ghazali a fait exploser une charge installée dans un bus navette acheminant des touristes israéliens vers le terminal de l’aéroport, d’où ils devaient rejoindre une station balnéaire au bord de la Mer Noire. Bilan : 6 morts dont 5 israéliens et trente deux israéliens blessés. L’acte a immédiatement été condamné par les autorités bulgares, le Président des Etats-Unis Barack Obama, les 15 membres du Conseil de sécurité de l'ONU, la représentante de la diplomatie européenne, Catherine Ashton et de nombreux chef d’Etats dont le Président François Hollande qui a exprimé son indignation, sa compassion et a assuré les autorités bulgares et israéliennes de la solidarité de la France.
Bien que l’enquête se soit rapidement orientée vers la piste du Hezbollah libanais téléguidé depuis l’Iran, Téhéran a immédiatement démenti avec une (hypocrite) condamnation venue du porte-parole du Ministère des affaires étrangères iranien :« La République islamique d'Iran, qui est la plus grande victime du terrorisme, estime que mettre en danger la vie d'innocents est un acte inhumain et le condamne vigoureusement ».
En réalité, que les condamnations soient sincères ou non, et que l’Iran soit ou non derrière cet attentat ne résout pas un problème d’ordre manifestement plus fondamental. La question centrale qu’il convient de se poser est de savoir pourquoi les attentats dans le monde sont quasi systématiquement commis par des personnes qui se disent musulmanes et qui le font généralement au nom de l’Islam. La religion de Mahomet ne serait elle pas à même d’appréhender l'interdiction morale du meurtre au point du voir jaillir chaque jour de nouveaux adeptes prêts à se faire exploser au nom d’Allah ? Le principal mufti des musulmans bulgares, Moustafa Hadji, a certes affirmé que « La terreur est un acte barbare qu'aucune religion ne peut approuver». Ce faisant, il tente d’exonérer l’Islam de toute responsabilité alors que le la clé du problème se trouve en son sein : l’Islam en tant qu’idéologie doté d’un corpus de règles ne condamne pas le meurtre de façon définitive mais tolère des circonstances dans lesquelles il peut être commis. Hélas, personne ne s’atèle à cette difficulté pour ne pas froisser les musulmans ou pour éviter de se faire taxer de raciste. Le problème ne tient donc pas aux musulmans qui appliquent les principes de leur foi, mais aux principes de la foi eux-mêmes qui mériteraient une réflexion d’ensemble voire une refonte.
Le meurtre des infidèles trouve sa source dans la sourate 2, verset 193 et (8,39) du Coran aux termes desquels : «Quiconque a reçu l'appel du Messager (Muhammad) et n'y a pas répondu doit être combattu jusqu'à ce qu'il n'y ait plus d'association et que la religion soit entièrement à Allah ». En d’autres termes, il faut mener le Jihad contre les infidèles (c'est-à-dire les personnes qui sont soit non musulmanes soit musulmanes non croyantes) pour pouvoir accéder au paradis. Ainsi, l’ensemble des adorateurs d’Allah doivent obéir au commandement de tuer quiconque n’appartiendrait pas à cette religion, afin de gagner une place au paradis…
C’est d’ailleurs sur le fondement de cette obligation religieuse de tuer les infidèles que s’est développée la théorie islamiste visant à conquérir le monde au moyen de la guerre sainte. Le point de départ de la théorie repose sur le fait qu’à l’origine, l’islam s’est propagé au moyen de la guerre et de conquêtes territoriales. Mahomet était lui-même un guerrier (sanguinaire) qui a conquis le monde par l’épée afin d’intégrer les terres non musulmanes dans le Daral-Islam, ou encore la maison de la soumission c'est-à-dire sous gouvernement musulman. Notons également que le meurtre de juif n’est pas spécialement interdit en référence à Mahomet qui avait lui-même tué la tribu juive de Banou quayza.
Pour les islamistes, la guerre contre les infidèles est une obligation divine, et tous les hommes doivent l’embrasser l’Islam de gré ou de force. La souveraineté de l’Islam spirituelle et temporelle doit conduire au pouvoir religieux et politique sur la terre. C’est d’ailleurs les principes des Frères musulmans qui considèrent : «c’est obligatoire pour nous (musulmans) de se battre contre eux (les infidèles) après leur avoir transmis l'invitation (d'adhérer à l'islam) et ce, même s'ils ne se battent pas contre nous.». De même les islamistes considèrent que l’Islam doit détruire tous les Etats et les gouvernements qui sont opposés à son idéologie c’est à dire non islamiques. Ils estiment que c’est par le Jihad que l’Islam doit s’établir, que la parole d’Allah est amenée à dominer et que la religion doit triompher. Aussi, la destinée du musulman est-il de mener le jihad peu importe où il se trouve et jusqu’à son dernier souffle.
S’agissant de la dialectique d’islamisation du monde, Recep Tavyip Erdogan a déjà annoncé : « les mosquées sont nos casernes, les minarets nos baïonnettes, les dômes nos casques et les croyants nos soldats ». Pour sa part, Muammar Khadafi avait la certitude que « les cinquante millions de musulmans vivant en Europe vont en faire un continent islamique d’ici quelques décennies ». De même, Tariq ramadan a affirmé « ça devrait être nous avec notre compréhension de l’islam avec nos principes qui coloniserons positivement les Etats-Unis ». Enfin Mahmoud al zahhar, fondateur du Hamas a confirmé : « notre plan ne se limite pas à la libération de la Palestine mais vise à guérir les maux de la civilisation occidentale ».
Voila qui est grandement problématique car il sera toujours possible d’inciter des personnes influençables, crédules, manipulables ou naturellement chargées de haine à tuer, si l’acte est de nature à les valoriser avec en prime une récompense dans l’au delà. Tant que les dignitaires musulmans n’auront pas unanimement posé de façon définitive que le meurtre est proscrit et que la notion d’infidèle est insensée, le problème se reproduira sans cesse et les meurtres au nom d’Allah se poursuivront dans quelque endroit du monde.
Le problème ne tient donc pas aux musulmans mais bien à l’Islam qui doit évoluer par l’entremise des dignitaires de l’Islam, à même de réviser la doctrine religieuse sur ce point pour en terminer une bonne fois pour toute avec le principe de l’obligation de tuer les soit disant « infidèles ». Ainsi, et à l’instar de la révision de la doctrine entreprise par l’Eglise avec Vatican II qui a abandonné la thèse chrétienne du peuple juif déicide, l’Islam doit abandonner cette obligation religieuse de tuer l’infidèle en la condamnant et en l’interdisant, tout en repensant le concept d’infidèle. A défaut, il pourrait être reconnu comme consentant à la théorie.
De très nombreux musulmans attendent des dignitaires religieux qu’ils procèdent à ce revirement dans la mesure où la prévision du meurtre d’infidèles est un dogme qui salit la religion. Lorsque ce point sera réglé, il sera possible d’envisager une relation harmonieuse entre les nations, et les israéliens ne craindront plus de voyager dans le monde ni ne risqueront leur vie en l’abandonnant aux mains d’illuminés. Il ne s’agit plus maintenant de déplorer les attentats ou encore de les condamner : il faut traiter le mal à la racine.