Le Conseil militaire de Damas, celui de Rif Damas, celui de Homs (les Brigades Al-Farouk), ainsi que les « Brigades des Petits-fils du Prophète » (actif dans la capitale) affirment à l’instant avoir mené une opération d’envergure, ce matin à Damas, en étroite coopération entre les différentes composantes de l’opposition armée.
Si, politiquement, cette coopération est très médiatisée, c’est qu’elle vise à démentir les informations relayées, amplifiées et exploitées par le régime, faisant état d’émiettement de l’opposition. Mais sur le terrain, l’attentat est d’une portée stratégique, car il a visé un rassemblement des forces du régime (officiers, militaires et miliciens), dans une école (école des Chouhada, les Martyrs), transformée en centre de commandement qui supervisait les opérations du régime contre les quartiers sud de Damas. L’importance de l’opération tient aussi au fait que l’école visée se situe à proximité du siège de la fameuse « Section Palestine », relevant des Renseignements, où se pratiquent les pires exactions et la torture systématique, dénoncée par les ONG et par l’émissaire de l’ONU et de la Ligue arabe en Syrie, Lakhdar Brahimi.
Selon les opposants syriens, « l’attentat de ce matin a été préparé avec la complicité de chabbiha, moyennant financement ». Sept charges explosives ont été placées contre des réservoirs de carburants, dans le sous-sol du bâtiment, et deux autres dans le deuxième étage qui abritait la réunion de ce matin. Celle-ci regroupait plus de 200 militaires. Au moins un général (Othman), trois colonels (dont Ali Assaf) et des dizaines d’autres officiers - dont trois femmes au rang de lieutenant - auraient été tués et des dizaines d’autres ont été blessés.
Cette opération intervient au lendemain de la mise en ligne d’une vidéo particulièrement violente, tournée dans un centre de torture. Les partisans de Bachar Al-Assad se déchaînaient contre des jeunes soupçonnés de sympathie pour l’opposition. Là aussi, la diffusion de cette vidéo est accablante pour le régime, pour plusieurs raisons : d’abord, elle sème la suspicion au seins des miliciens du régime, qui seraient infiltrés par l’opposition ; ensuite, elle prouve que les miliciens sont susceptibles de travailler avec celui qui paie le mieux, et auraient ainsi vendu cette bande ; enfin, elle confirme la pratique systématique de la torture par le régime, qui se présente, faussement, comme le protecteur des minorités et qui accuse les insurgés d’être des terroristes. Cette vidéo décline l’identité du véritable terroriste.
Cette vidéo, qui a fait le tour du monde, est interdite aux âmes sensibles. Paradoxalement, elle est indispensable pour la compréhension du conflit syrien. Il s’agit d’un peuple qui s’est soulevé contre 48 années de la pire dictature. Les Syriens sont littéralement exterminés. Plus de 27.000 morts sont tombés en 18 mois, et plus de 120.000 autres sont portés disparus, parmi lesquels des dizaines de milliers sont parqués dans des centres de détention et de torture. D’autres ont tout simplement été éliminés sans procès ni jugement (certains ont été enterrés vivants). Des méthodes inspirées des pratiques staliniennes que seule la Syrie - après la Corée du Nord - les a développées et institutionnalisées, dans l’indifférence totale de la communauté internationale.
Mediarabe.info