Pour gagner du temps, le régime syrien a demandé un délai pour examiner la demande de la chargé des missions humanitaires des Nations Unies, Valérie Amos, consistant à faciliter l’introduction d’aides aux populations sinistrées. Mais selon plusieurs sources, Damas s’apprête à rejeter cette demande, accusée de violer la souveraineté nationale.
Le rejet de la proposition onusienne d’aider 1,5 million de Syriens équivaudrait ainsi à affamer les opposants pour les soumettre, après les avoir chassés de chez eux, détruit leurs maisons et leurs récoltes... La dictature syrienne est en effet consciente que sa survie dépend de deux facteurs : une adhésion populaire par conviction, ou par peur. Les manifestations de plus en plus nombreuses prouvent à la fois que les Syriens rejettent le régime par conviction, et n’ont plus peur de l’exprimer. Reste ainsi à Assad de chasser ses opposants de chez eux, de les affamer afin de les éliminer.
Dans la même stratégie de gagner du temps, la Syrie se réjouit de la nomination de Kofi Annan comme émissaire des Nations unies et de la Ligue arabe. Avant d’arriver à Damas, l’ancien secrétaire général de l’ONU a multiplié les concertations, pour lancer, en fin de compte, un appel à l’opposition l’invitant à dialoguer avec le régime. Les opposants refusent toute négociation avec le régime criminel. « Aucun dialogue n’est possible avant le départ de Bachar Al-Assad et de son clan », affirme le CNS. Burhan Ghalioun insiste : « aucun dialogue n’est pas envisageable avant que le bras sécuritaire du régime ne soit brisé »
Au-delà de l’échec de la mission de Kofi Annan, les opposants syriens s’interrogent sur le choix de l’émissaire des Nations unies. « Qu’il s’agisse d’un acte prémédité ou d’une maladresse, le résultat est le même. Non seulement Kofi Annan s’engage, désarmé, dans un combat contre un régime des plus manœuvriers et des plus mafieux, mais surtout, Kofi Annan est handicapé par son passé », affirment en effet certains observateurs. Car, ajoutent-ils, « le régime syrien mafieux, qui avait contribué à la mise en place du protocole “Pétrole contre nourriture” entre l’Irak et les Nations Unies, et qui en avait profité pour s’enrichir, effacer ses dettes auprès de la Russie, acquérir de nouvelles armes et constituer un trésor de guerre, n’est pas sans savoir que Kofi Annan était, d’une façon ou d’une autre, impliqué dans cet arrangement ».
Bien que l’ancien secrétaire général des Nations unies ait été innocenté, il ne reste pas moins que son fils Kojo Annan, dont l’implication dans le trafic de Saddam Hussein est établie, constitue un handicap sérieux pour lui. Kofi Annan se rend ainsi en Syrie sans armes. Il sera à la merci de Damas et ne peut lui imposer la moindre solution contraignante. Selon les médias turcs, Annan devrait en effet renouveler à Assad une solution inspirée de l’exemple yéménite, déjà rejetée par Damas ! Pour les opposants, c’est le contraire qui se produit : « Kofi Annan proroge le permis de tuer du régime syrien ». « Désormais, le peuple syrien est condamné à lutter contre le régime, mais également contre ses alliés régionaux et ses complices internationaux, ainsi que contre la Ligue arabe impuissante et l’ONU indécise. Mais n’ayant plus rien à perdre, il est décidé à les vaincre tous réunis » affirment les activistes.
Dario S.