L’insécurité menant au Jihad, le double-jeu du « printemps islamiste » et l’antisionisme sans frontières :
trois aspects de la France défigurée.
Par Marc Brzustowski
Les tragédies répétées, mais prévisibles, de Toulouse-Montauban-Toulouse et les ratés de la prévention sécuritaire, puis opérationnelle (DCRI et RAID mis, tour à tour, sur la sellette) agitent les débats, en France, face à la menace d’un nouveau prototype de terrorisme en Nike « made in France ».
Il est toujours facile de « refaire la guerre », une fois que les balles ont cessé de voler dans tous les coins. Mais il subsiste, dans cette affaire, un goût amer que l’homme était repérable, par bien des indices qu’il a laissé derrière lui. Les erreurs qu'il a commises : l'utilisation de l'ordinateur de sa mère, les questions de désactivation du GPS anti-vol du scooter Yamaha TMax 530, étaient, somme toute, bien infantiles.
Certes, l’assassin Mohammed Merah était un « loup solitaire » sujet à l’auto-allumage, chauffé à blanc par les harangues de son frère, Abdelkader, de son imam salafiste d’origine syrienne. Il a suivi un parcours « atypique » de formation au Jihad global, le menant du Waziristân, en Syrie, Jordanie, Irak et même Israël, où il a été interrogé par la police pour port de couteau. Néanmoins, il a bien été remis par les autorités afghanes aux Américains, qui ont pris soin de le notifier comme interdit de vol vers les Etats-Unis.
On peut, raisonnablement, croire que la question de la sécurité et de l’inflation jihadiste, depuis l’aide apportée, par l’OTAN, aux Islamistes libyens (au nom de leurs « frères » tunisiens et égyptiens), sous la houlette de Sarkozy et Cameron, avec l’appui d’Obama, seront au centre des questions intérieures et étrangères des années à venir, au-delà même de la Présidentielle française.
Mohammed Merah. Un "Djeun"
En facilitant l’avènement de la Chari’a à Tripoli, Tunis et au Caire, les deux anciens empires déclinants, la France et la Grande-Bretagne, croyant marchander, n’ont fait qu’accentuer et rapprocher la menace de leurs propres territoires, en jurant, pourtant, la tenir à bonne distance. Pire, ils ont donné un bien mauvais exemple à ceux, prêts à passer à l’acte, qui n’y voient que le déclenchement de « l’heure H », puisque des armées de « fidèles » ont réussi à tromper les « mécréants » sur leurs intentions réelles, lors des « révolutions » récupérées par les Salafistes, Frères Musulmans et autres incitateurs globaux.
C’est à la lumière de cette crédulité confondante qu’on peut lire la « labilité émotionnelle » attribuée à l’habile négociateur Mohammed Merah. Il est parvenu à tromper ses vis-à-vis, avant, pendant et jusqu’au dénouement des faits. Il s’est même payé le luxe d’appeler son propre contact à la DCRI, au cours du siège de son appartement. Il lui a fait croire qu’il ne voulait s’entretenir qu’avec lui, puis a conclu qu’il lui avait, précédemment, rendu visite, dans la seule intention « de le fumer ». Nous ne parlons pas là, de victimes désarmées et innocentes qui n’ont pas pu le voir venir, mais bien du rapport qu’il a entretenu avec les « experts en sécurité », ne jugeant pas utile de le hisser au top de leur liste des dangers imminents, ni même latents.
Nous sommes, désormais, confrontés à l’activation des techniques dites de Taqqyia, soit l’emploi systématique de la ruse envers le « mécréant », telles qu’elles sont enseignées par des invités « d’honneur » du Ministère de l’Intérieur français, au Bourget, le 6 avril : Youssouf Al Qaradawi, guide spirituel des Frères Musulmans, édicteur de Fatwas prônant l'attentat-suicide contre les civils, et Mahmoud al-Masri, prédicateur-vedette salafiste. Tous ces stratèges de l’avancée de l’islamisme sur le « Vieux Continent » ne partagent pas les mêmes projets, d’expression ultra-violente visant à terroriser leurs ennemis. Du moins, sans user de patience. Certains, comme les Frères Musulmans de l’UOIF préfèrent progresser par vagues de prédication et de persuasion, permettant de désarmer psychologiquement les cultures occidentales auxquelles ils s’attaquent. Il est, pour eux, plus payant, sur le long terme, qu’un Ministre de l’Intérieur comme Guéant, aujourd’hui,, ou son patron Sarkozy, au même poste en 2005, croit sincèrement en un système électoral où ils vont pouvoir truster toutes les places, à l’intérieur de la « bête » à dépecer, que de commettre des attentats. Mais, c’est pourtant bien la même idéologie qui est à l’origine du Hamas palestinien (offrant son modèle kamikaze clé-en-main à Merah), d’Al Qaeda, avec Ben Laden et aujourd’hui, l’Egyptien Ayman al Zawahiri. Et ce sont eux, aussi, que l’on convoque et sollicite, lorsqu’on veut « dialoguer », Place Beauvau ou à la Maison Blanche, avec des Islamistes « modérés ».
La vieille technique de la « cuisson du Homard » (décrite par M. Gurfinkiel, dès 2002) a échoué, face à Israël, au cours d’un « processus de paix » parsemé d’attentats-suicide, « compréhensibles », selon la presse occidentale et des Ministres socialistes comme Hubert Védrine. Mais elle est en train, tranquillement, de faire un tabac en Europe, rompue à la politique de « l’apaisement » de ses ennemis et qu’un seul individu isolé parvient à « mettre à genoux » (sic.) durant 32 heures, dans l’espoir (« raisonnable ») que sa mort « éclatante » fera des émules.
D.G Meyers, dans la revue « Commentary » va plus loin en énonçant « le verdict de Toulouse : l’Incompétence française ». Il y a ces témoignages dérangeants de cette voisine qui clame à qui veut l’entendre, les signalements à la police qu’elle a fait, lorsque Merah tentait d’endoctriner son fils, en lui passant des vidéos de décapitation, ou violentait sa fille, la dénudant, lorsqu’elle cherchait à défendre son frère de l’emprise du futur tueur fanatisé. Les dysfonctionnements sécuritaires français ne sont pas seulement au cœur de la campagne présidentielle franco-française, mais font la une des journaux étrangers, comme le pourtant très « soft » et compromis Haaretz, qui donne la parole à cette femme qu’aucun commissariat n’a souhaité entendre « avant qu’il ne soit trop tard ». Le Telegraph britannique y va de son couplet sur la fausse mort en direct d’Al Qaeda, une fois neutralisé Ben Laden, son chef historique ; et le fait que la mouvance mise, désormais sur des agents atomisés, sachant lire les implicites, faire preuve d’initiative et de « créativité » criminelle. Con Coughlin y voit l’émergence d’une nouvelle vague de « loups solitaires » élevés au beau milieu de la bergerie. D’autres cybergazettes, comme Debkafile, à l’instar du fondateur du GIGN, s’interrogent sur les méthodes employées par le RAID, durant le siège. Peu comprennent l’absence de recours à des techniques éprouvées, depuis longtemps, par les services français, comme toute une panoplie de gaz assourdissants ou paralysants, dont ils sont tenus pour spécialistes, depuis au moins la fin des années 1970 (« Libération » de la Qa’aba de la Mecque, à la demande du Royaume saoudien, confronté à des rebelles). Christian Prouteau regrette qu'on n'ait pas mutualisé les tactiques des divers services disponibles.
Si, pour pallier les déficiences du renseignement en amont, il était urgent d’arrêter vivant Mohammed Merah, il le devenait d’autant plus, au motif de simplement, briser le mythe naissant, avant qu’il ne fasse d’autres ravages. Si, comme l’escomptaient ses assaillants, il se rendait, le « martyre » se serait « dégonflé », ses propres failles auraient été exposées devant un tribunal et il aurait prouvé, plus que tout, tenir à la vie, préférer composer avec le système répressif et judiciaire, que d’opter pour la fin qu’il est parvenu à se donner, malgré toutes les précautions prises. Sa double-face de petit délinquant en recherche de modèle paternel et de Jihadiste éprouvé a pu, impunément, rouler dans la farine les meilleurs profilers..
On commence, tout juste, à établir le listing des principales questions qui vont se poser à l’avenir. L’échec à interpeler Merah révèle quelques « maillons faibles » d’une relative immunité française aux diverses manifestations du terrorisme, depuis 1996. Cette semi-réussite jusqu’auboutiste est un véritable appel à tentatives de récidives. Bien sûr, tout service doit s’adapter et tirer partie de ses erreurs. C’est sûrement ce qu’ils s'emploient à faire.
Les deux causes principales revendiquées par le tueur sont celles « des enfants de Gaza » et de la lutte contre la présence française en Afghanistan. Les brandissant comme son étendard, l’assassin savait bénéficier d’un « crédit illimité », grâce à l’inscription en profondeur du message antisioniste dans l’opinion publique et de la frilosité ambiante quant à l’engagement français auprès de ses soldats, précisément, contre les Jihadistes tels que lui. Pourquoi ne pas marquer le coup en lançant une frappe ciblée d'avions "Rafale" contre les nids terroristes afghans? Cette absence de compréhension française des tenants et aboutissants de la lutte anti-terroriste a creusé un vrai boulevard à la nouvelle figure du « Just Do It ».
Au lieu de s’en tenir à ses promesses de « rupture », l’actuelle présidence a promulgué la cause palestinienne comme une de ses priorités, à l’UNESCO, remis la légion d’honneur au très controversé Enderlin pour son « exploit journalistique » du 30 septembre 2000 –qui a coûté la vie à tant de gens, dont Daniel Pearl z’l jusqu'à ces enfants d'Ozar Hatorah à Toulouse-, a continuellement condamné Israël pour sa politique de défense de ses citoyens comme « disproportionnée » (Liban, Sud d'Israël, Plomb Durci, Goldstone, Mavi Marmara...), la croissance naturelle des implantations. Elle a vanté les mérites de la réconciliation du Fatah et du Hamas, sous l’égide des Frères Musulmans, au Caire, tu les meurtres d’Itamar, fait la « leçon » à Israël, devant le CRIF, en mettant l’immobilisme des pourparlers sur le compte de son homologue israélien… Elle a omis de penser que ces encouragements implicites à ceux qui embrigadent « les enfants palestiniens » ou toulousains, étaient autant de « feux verts » au massacre planifié de Juifs et de soldats désarmés sur son propre territoire.
Un examen approfondi de cette « politique arabe » unilatérale, à quelques discours d’amitié consolatrice près, non pas tant en ce qu’elle porterait préjudice à Israël, mais bien en ce qu’elle affaiblit la voix de la France, sa rusticité et sa résilience au mal absolu, donc sa fidélité à ses propres valeurs fondamentales, s’impose, désormais, avec la dernière urgence. Quant à « négocier, négocier, négocier », qu’il s’agisse du dossier palestinien, iranien, syrien, libyen… ou des bavardages indéfinis sur le « profil » d’un terroriste, la tactique vient, rudement, d’éprouver ses limites. Toute la copie est à revoir, si la France veut encore être prise au sérieux, dans le concert des nations conscientes d’elles-mêmes et qui se défendent… les armes à la main, avant que les larmes ne découvrent une barbarie dont on voudrait croire le visage humain, trop humain…