L’Iran fête le 11 septembre 2001 :
Grads sur Israël et Scuds du Hezbollah irakien sur le Koweit.
Par Marc Brzustowski
Pour © 2011 lessakele et © 2011 aschkel.info
--
Les frappes chirurgicales israéliennes sur des cibles du Jihad Islamique ont, provisoirement, circonscrit la menace venue de Gaza, mais des roquettes sporadiques brisent encore ce calme incertain.
Une frappe a liquidé Ismaïl Zadi Ismaïl Azmar, responsable des cellules de lancement des Grads sur Israël et du financement du commando qui a perpétré les attentats complexes d’Eilat. Un raid sur un dépôt d’armes du gang terroriste pro-iranien, dans la nuit de mercredi à jeudi, a tué au moins deux de ses membres et blessé une vingtaine d’autres. Au total, le renvoi en enfer de dix membres du Jihad Islamique et dix autres des Comités populaires de la Résistance a aidé à brider l'offensive, en cours depuis le 18 août. Jeudi soir, le Jihad Islamique, pourtant très menaçant, la veille, prétendait s’en tenir à la trêve arrêtée, sous l’égide du Caire, entre les factions terroristes. L'accalmie reste précaire, soumise aux motivations de ces groupes et à l’agenda qu’ils se fixent.
Ces mouvements en marge du Hamas, lui servent généralement de prête-noms pour des missions qu’il ne compte pas endosser officiellement. Cette fois, ils ont, néanmoins, donné le sentiment de prendre de vitesse le groupe dominant à Gaza. Plusieurs indices précoces laissent penser que le gouvernement d’Haniyeh n’a fait que prendre le train en marche, mais qu’il n’est ni le point de départ de la tragédie d’Eilat, ni de la majorité des tirs de roquettes sur le Sud Israélien depuis lors. Si Jérusalem a adressé ses menaces de représailles au Hamas, ce sont, principalement, les deux groupes mentionnés qui en ont fait, concrètement, les frais. Ce n'est certes pas sans raison.
Cela ne constitue pas un changement politique à Gaza-City, mais plutôt un passage de main en main du fer de lance et des capacités de nuisance contre Israël. Le Hamas compte, à terme, sur l’appui des Frères Musulmans et leur influence au Parlement égyptien. Il négocie avec l’actuelle Junte militaire au Caire pour accroître sa marge de manœuvre par étapes. Le Jihad islamique suit les directives de l’Iran pour semer le trouble et accélérer le processus de décomposition du traité de paix israélo-égyptien. Les Comités populaires de la Résistance flirtent avec les Jihadistes du Sinaï et, comme eux, sont avides d'actions radicales. Mais tous trois hébergent les évadés des prisons de Moubarak et partagent le même intérêt à poursuivre la contrebande par les tunnels d’armes, de matériel et d’hommes. Le Hamas a donc négocié la trêve. L’accalmie sert essentiellement à ne pas fâcher les militaires égyptiens pour que le jeu des trafics reprenne, au stade où il en était à la veille du 18 août.
L’enclave compte sur l’agitation au Caire, à travers la mobilisation en cours d’un million d’antisionistes, devant l’Ambassade israélienne, pour exiger de la Junte l’annulation de tous les traités de 1979 avec Israël. C’est aussi ce que laisse entendre le Secrétaire-Général de la Ligue Arabe, Nabil Elarabi, affirmant que ces accords n’ont rien de "sacrés". Les preuves apportées par Tsahal que ses hommes n’étaient pas impliqués, au contraire, dans la mort de 3 policiers égyptiens, ne changent rien à l’affaire. Il s’agit de manipulation politique massive et d’une démagogie anti-israélienne usée jusqu’à la corde. Elle est sans rapport avec les intérêts rationnels de l’Egypte, à terme, eu égard à l’aide financière américaine pour sa remise à flots économique, après des mois de plongeon dans le rouge.
La Junte militaire va, sans doute, encaissé ces critiques, tout en poursuivant son renforcement militaire dans le Sinaï, avec la bénédiction de la Défense israélienne. Ce rehaussement égyptien s’accompagne, de l’autre côté de la frontière, d’un mouvement similaire, de la part de Jérusalem. La manœuvre est à double-tranchant, puisque si l’agitation continue, la rue y verra le moyen de venir en aide aux Islamistes de Gaza, et non, comme l’entend son Etat-Major, jusqu’à présent, de combattre Al Qaeda dans le Sinaï. Mais, en Israël, tout en se montrant dissuasif, on veut encore faire crédit à la « nouvelle Egypte », en lui accordant des aménagements, comme le droit de survol de la région par des hélicoptères. Ceux-ci doivent servir à frapper les nids terroristes, pas à violer l’espace aérien israélien. Des actes isolés hostiles ne sont, évidemment, pas à écarter.
Peut-on, alors compter sur une coopération anti-terroriste implicite, à l’écart du regard des foules, entre les deux pays ? La supervision d’une tierce-puissance d’arbitrage, venue des Etats-Unis, devra vraisemblablement y veiller. Comme elle s’y est, parfois, employée, au sujet des patrouilles conjointes israélo-palestiniennes, par le passé.
Ces failles creusées entre les deux parties peuvent donc, momentanément, suffire aux radicaux, au sortir de leur campagne d’environ une semaine. Ils ont fait mouche, l’objectif provisoire est atteint. Mais c’est, vraisemblablement une autre puissance qui entend tirer les marrons du feu, à long terme : l’Iran et son bras armé international, le Hezbollah.
Alors que ce tohu-bohu se poursuit, dans le Sinaï, les mêmes forces ont déclenché une autre salve, ce vendredi 26 août : c’est le Koweit, cette fois, qui fait les frais des tirs de 3 Scud, ce matin, en direction du Grand Port Moubarak qu’il édifie, sur l’île disputée de Boubiyan, face au rivage d’Irak. Ils ont atterri dans un terrain vague. C’est aussi la première fois, depuis l’invasion américaine que ces engins, détournés des stocks de Saddam Hussein, sont utilisés par le Hezbollah Kataïeb (le petit frère irakien de la milice chi’ite libanaise). 250 spécimens seraient en circulation entre les mains des séides pro-iraniens. Ce même groupe avait fait parlé de lui en piratant (Hacking) les communications et vidéos de drones américains, fait d'armes dont il se vante depuis 2008.
Le Grand Port Moubarak en construction
Le Koweit a récemment massé des troupes, unités de police et de renseignement, 6è Brigade, 35è compagnie et unités navales pour défendre cet édifice. L’Irak a exigé des éclaircissements pour s’assurer que ces travaux n’entraveraient pas ses propres projets, dans le golfe de Bassora, ni le trafic pétrolier, depuis le Shatt al-Arb.
L’action déclenchée par le bras irakien des Gardiens de la Révolution iranienne est motivée par le fait que le port koweitien accueillera aussi les flottes américaine, saoudienne et des pays du Golfe. L’installation fera donc barrage à l’extension iranienne dans la région et ces tirs valent pour avertissement. D’autre part, l’éviction de Kadhafi, sur un autre théâtre d’opération, scelle le réchauffement de l’alliance entre l’OTAN et les armées du Golfe qui ont participé, même modestement, aux opérations libyennes.
Cette agitation aux frontières de la Perse coïncide aussi avec les derniers développements de l’enquête sur les attentats du 11 septembre 2001 : deux anciens chefs de la CIA témoignent des contacts entre Imad Moughniyeh, Ben Laden et Al Zawahiri au Soudan. Dès 1993, Al Qaeda a été formé en Iran et Afghanistan, aux détournements d’avions. Le cerveau terroriste libanais, agissant pour le compte des Mollahs, a fourni des visas américains en bonne et due forme aux pirates de l’air. Ces agents américains ont également recueilli le témoignage d’anciens membres du renseignement iranien passés à l’Ouest. Ceux-ci affirment que l’Iran avait une connaissance approfondie de ce qui se préparait. 4 mois avant les évènements, un message en provenance du haut-commandement iranien donne le feu vert et le plein "soutien à tous les plans futurs d’Al Qaeda ».
Ces publications tardives de ce dont on se doutait déjà depuis longtemps ne font qu’accroître la pression sur le gang d’Ahmadinedjad. Qui peut le plus peut le moins : les gardiens de la révolution représentent l’organisation terroriste la plus sophistiquée de la planète et une menace concrète pour tous les hommes libres. Téhéran est le centre nerveux d’où partent toutes les impulsions terroristes. Il ne saurait y avoir de stabilité, ni à la frontière égyptienne, ni dans le Golfe, ni dans les consciences des parents des victimes du 11 Septembre, de Bali, Mumbaï ou d’Eilat, tant que cette menace n’aura pas été traitée à la racine.