| ||
L’ONU élit le régime génocidaire soudanais à sa plus haute instance des droits de l’homme UN Watch exhorte les États-Unis, l’Union européenne et le Secrétaire général de l’ONU à dénoncer ce choix. NEW YORK, 8 novembre - UN Watch, l’organisme non gouvernemental de droits de la personne sis à Genève, a exhorté le Secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, la Commissaire aux droits de l’homme Navi Pillay, à l'ambassadeur américaine Susan Rice et à Catherine Ashton de l’Union européenne à condamner l’élection, aujourd’hui à l’ONU, du Soudan « génocidaire, misogyne et tyrannique » au Conseil économique et social (ECOSOC) formé de 54 États-membres ». L’ECOSOC est une haute instance onusienne responsable de la régulation des groupes de défense des droits de l’homme, de la supervision des comités de l'ONU dédiés aux droits des femmes et de la formulation de résolutions allant de la liberté sur Internet jusqu’à la mutilation génitale féminine. « C'est un scandale », a déclaré Hillel Neuer, directeur général de UN Watch. « Le même jour où nous apprenons que le Soudan est en train de tuer des bébés et d’incendier des maisons au Darfour - précisément le genre de situation désastreuse dont l’ECOSOC devrait se préoccuper urgemment -, l'ONU rend la protection cruciale des droits de l’hommes moins probable que jamais ». « Il est inexplicable que 176 des 193 États membres de l'ONU aient voté en faveur du régime sanguinaire d'Omar el-Béchir et manquent de reconnaître que l'élection du Soudan génocidaire à un organisme mondial des droits de l'homme revient à choisir Jack l'Eventreur pour protéger un refuge pour femmes», a dit Neuer. «En accordant le sceau de la légitimité internationale à un meurtrier de masse, le système des droits humains des Nations Unies a aujourd'hui perdu de sa crédibilité et jeté une ombre sur la réputation de l'organisation dans son ensemble. » Bien que les Etats-Unis aient pris des mesures importantes en septembre dernier pour presser le Soudan de se retirer des élections de ce lundi au Conseil des droits de l'homme composé de 47 pays – avec le soutien d’une campagne massive menée par la vedette de cinéma Mia Farrow et UN Watch - l'administration Obama a été étonnamment silencieuse sur le vote d'aujourd'hui. En revanche, en 2004, l'ambassadeur américain avait notoirement quitté l'ECOSOC, après que le Soudan y fut élu. Selon des initiés, le silence de Washington sur le Soudan pourrait découler de la crainte de mécontenter les Etats africains et arabes en anticipation de la fragile candidature des Etats-Unis pour un siège au Conseil des droits de l’homme lors du vote du 12 novembre.
Des cinq candidats occidentaux en lice pour les trois sièges alloués, les Etats-Unis auraient obtenu le moins d’engagements de soutien, se situant derrière l'Allemagne, la Suède, l'Irlande et la Grèce, qui ont sollicité des appuis à l’échelle mondiale bien avant que Washington ne jette son chapeau dans l’arène. L'administration Obama a promis que lorsqu’un pays fait l’objet d’un embargo du Conseil de sécurité pour des violations massives des droits de l’homme, « des rôles de leadership comme la présidence des organes de l'ONU devraient lui être purement et simplement interdits. Ceux qui abusent du droit ou des normes internationaux ne devraient pas former le visage public de l'ONU ». Pourtant, même si le président soudanais el-Béchir a été inculpé par la Cour pénale internationale pour génocide, crimes de guerre et crimes contre l'humanité - en vertu d'un renvoi du Conseil de sécurité - la voix des Etats-Unis est restée muette, tout comme celle de l'Union européenne. Le régime d'el-Béchir va désormais contribuer à la sélection des membres de la Commission de la condition de la femme, du conseil d’administration d'ONU-Femmes et de celui de l'UNICEF qui protège les droits des enfants. En vertu de la Charte des Nations Unies, l'ECOSOC est le principal organe légiférant sur des questions liées à la promotion du «respect universel et effectif des droits de l'homme et des libertés fondamentales pour tous». Fait important, l'ECOSOC est également l'organisme qui accrédite et supervise la défense des droits humains à l'ONU et qui décide de qui peut participer au Conseil des droits de l'homme. L'influence dominante de tyrannies au sein des 19 membres du notoire "Comité sur les ONG» de l’ECOSOC a souvent conduit au rejet ou à l'expulsion de groupes de défense des droits humains qui osent critiquer la Chine, Cuba ou d'autres États répressifs membres de l'ONU, ou d’organismes qui parlent au nom de groupes minoritaires ethniques ou en faveur des droits des homosexuels. |