Depuis un certain temps déjà Marine le Pen cherche à se rapprocher de la Communauté Juive et pour relancer sa campagne qui patine depuis l’entrée en lice de Nicolas Sarkozy, elle voulait un acte fort pour sortir de l’isolement dans lequel son père a enfermé le Front National.
On savait déjà qu’elle avait en janvier 2012 approché des responsables communautaires du 93, pour déposer avec eux une gerbe devant la stèle en forme de Shine (lettre hébraïque traditionnellement gravée sur la mézouzah fixée sur les portes des maisons juives) se trouvant au Mémorial du Camp de Drancy . Ces derniers avaient refusé de l’accompagner, mais avaient signifié que si une telle initiative devait se concrétiser, ils n’y feraient pas obstacle, sous réserve bien sur que cela soit accompagné d’une déclaration solennelle condamnant les crimes nazis, et l’idéologie criminelle qui a conduit à la monstruosité de la Shoah.
Une première tentative avait échoué en 2011, après la rencontre qui a eu lieu le jeudi 3 novembre entre Marine le Pen et l’ambassadeur d’Israël aux Nations-Unies Ron Prosor. Ce dernier dans un premier temps avait fait une déclaration très controversée, avant qu’une mise au point ferme de Jérusalem vienne affirmer que tout cela était un piège, ce que Marine le Pen avait aussitôt contesté.
Rappelons que maître Collard a de nombreux amis dans la communauté. Il a donc grâce à ses talents et ses relations voulu désamorcer la véhémence de l’UEJF à l’égard du FN, en leur rappelant sans doute que la grande majorité des actes antisémites recensés ces dernières années, n’était pas le fruit de l’extrême droite, mais bien de quelques fanatiques proches de l’islam radical, sous la bienveillance d’une partie de la gauche. Les agressions contre les synagogues de Garges les Gonesse, Trappes, Goussainville, le Kremlin Bicêtre ou celles contre des rabbins ou des juifs portant la kipa ou non, faisant partie des actes antisémites recensés, sont autant de démonstrations que les agresseurs qui empoisonnent la vie des juifs de France ne proviennent pas de l’extrême droite, alors que celle-ci est dénoncée en permanence par certaines organisations juives.
Inutile de dire que la révélation de cette rencontre est assez embarrassante pour certains. Bien que le nombre de participants soit réduit à six, (côté Front National : maître Collard, Marine le Pen et Bruno Bilde chef de cabinet de la Présidente, et côté UEJF : Jonathan Hayoun, Président de l’UEJF, Elie Petit, Vice-Président et bizarrement Meyer HABBIB Vice Président du Crif) la confidentialité de cette réunion n’a pu être assurée.
Marine le Pen pourra se réjouir de cette rencontre, mais il est fort à parier que cela ne changera pas grandement les choses par rapport aux prochaines échéances. Elle démontrera que le Front national ne pourra sortir de sa diabolisation, qu’à condition de renoncer à ses fondamentaux et d’agir concrètement pour se séparer de l’ancienne garde du FN.
P. Latson.