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1 avril 2012 7 01 /04 /avril /2012 20:13

 

 

La culture du déni, de l'irresponsabilité et des droits sans devoirs

 

 

logojusticebertrand

 

Par Maître Bertrand Ramas-Mulhbach

 

Pour © 2011 lessakele

 

Le 28 mars 2012, le père de Mohamed Merah, auteur de l'assassinat de 7 personnes (dont 3 enfants juifs de l'Ecole juive de Toulouse et un rabbin enseignant et père d’enfants assassinés), s'est exprimé sur les actes meurtriers commis par son fils. Il a, tout d'abord, laissé entendre qu'il subsisterait un doute sur sa culpabilité. Il a, par ailleurs, admis que si son fils était bien l'auteur du massacre, il n'en était pas pour autant responsable. Enfin, et c’est sa seule certitude, l'Etat français, lui, serait bien responsable de la mort de son fils en n’ayant pas cherché les moyens adaptés pour l’arrêter vivant.

S’agissant des doutes sur la responsabilité de son fils, Mohamed Benalel Mérah s’est permis d’avancer : « s'il a vraiment commis ces crimes, et tué des innocents, il a eu tort. (répétant) Si c'est vraiment lui ». A demi-mot, l’imputation des assassinats à son fils ne résulterait que de suppositions. Ce faisant, il illustre sa parfaite connaissance des principes en droit pénal concernant la présomption d'innocence, en vertu de laquelle une personne est considérée innocente tant que sa culpabilité n'a pas été définitivement reconnue par la justice.

En fin de compte, Mohamed Benalel Mérah ne s’attache pas à la réalité de la situation mais au principe théorique de l’imputabilité d’un acte. Il n’en demeure pas moins que son fils a, pour sa part, reconnu les meurtres, les a filmés, a refusé de se constituer prisonnier et a signé ses forfaits au nom d'Al-Qaeda en s’autoproclamant djihadiste, c'est-à-dire combattant d'Allah. Dans la vidéo de ses tueries, l'assassin a même associé les images à de la musique et à la récitation de versets du Coran, comme si l’opération s’était déroulée selon un processus quasi mystique. Aux policiers qui tentaient d'obtenir sa reddition, Mohamed Merah a également confié le plaisir qu'il avait éprouvé en commettant ses meurtres et n'avoir eu qu'un seul regret, celui d’avoir manqué la rentrée de l'école, ce qui l'a empêché de faire un plus grand nombre de victimes.

Pour autant, Mohamed Benalel Mérah n’a pas qualifié les actes de son fils d’assassinats monstrueux, d'horreurs innommables ou de carnage ignoble. Il s'est contenté d'avancer qu'il n’avait pas « à faire ca » (avant, d’interroger une nouvelle fois « si c'est vraiment lui »). En indiquant à deux reprises, que son fils avait « eu tort », le père de l’assassin laisse entendre que son fils s’est livré à un raisonnement et s’est posé un ensemble de questions avant de commettre ses meurtres (comme s’il s’agissait d’une réflexion intellectuelle poussée) du type « vais-je tuer ? Combien seront concernés ? Comment s’y prendre ? La motivation est elle la bonne ?… », et ce, avant de se rendre compte que la décision prise ne serait pas la bonne. En ayant «eu tort», ce n’est pas le meurtre qui est interdit, mais les circonstances de sa réalisation, comme si la décision de tuer pouvait être raisonnable ou raisonnée.  

Aussi, le père de Mohamed Merah s’est-il expliqué sur la raison pour laquelle il ne fallait pas faire cela : « c’était des enfants » (ce qui sous entend qu'à défaut, il n'y a pas de problème particulier), mais également « parce que les parachutistes avaient des parents » (la vie des intéressés est moins importante que la douleur des parents), Enfin « parce qu'il y avait des magrébins » (les personnes originaires d’autres contrées importeraient moins). Aucun mot, en revanche, pour le père et enseignant juif de l’école. Indirectement, le meurtre peut être cautionné dans certains cas, comme prévu en Islam en cas de légitime défense, ou d’apostasie.

S’agissant de la responsabilité de son fils, le père de Mohamed Merah la minimise comme s’il n’était pas responsable, ou éventuellement qu’un partage de responsabilité pouvait être recherché. Il a en effet posé la question de savoir « s'il a été poussé à commettre ses actes par d'autres, ces gens ont tort, ils l'ont aveuglé ». En d’autre terme, son fils était nécessairement sous influence et a été victime d'un aveuglement : ce n’est donc pas de sa faute.

Bien évidemment, si son fils est irréprochable ou éventuellement excusable, ce n’est pas le cas de la France qui est pleinement responsable de ses actes. Il a ainsi chargé une avocate de poursuivre l’Etat français qu’il considère responsable de la mort de son fils. Eu égard à l'indécence de ses propos, le Ministre des Affaires Etrangères Alain Juppé lui a demandé de se taire : «Si j'étais le père d'un tel monstre, je me tairais» mais pour Benalel Merah : «aucun responsable français n'a le droit de me demander de me taire». Il connait ses droits : « je suis un citoyen algérien libre dans mon pays, je m'exprime comme je veux, c'est mon droit de défendre mon fils et mon pays. Comment un responsable de ce niveau qui se vante de la démocratie et de la liberté d'expression peut-il demander à un père meurtri par la perte de son fils de se taire ? Moi, je n'ai peur que d'Allah».

En fait, s’il connait ses droits, il n’en est pas de même de ses devoirs. Le père de Mohamed Merah a été condamné a plusieurs années d’emprisonnement par la justice française pour sa participation à des trafics de produits stupéfiants. Il n’en reste pas moins un donneur de leçons : «Ils auraient pu l'assommer avec des gaz. Ils ont les moyens pour le prendre endormi comme un enfant, l'arrêter vivant. Pourquoi ont-ils fait ça ?...» (Sans le dire, le père de l’assassin aurait certainement aimé que les membres du RAID lui chantent une berceuse avant de s’endormir…).

Cet état d’esprit n'est pas sans rappeler celui auquel l’Etat juif est confronté, à savoir le mode de pensée, de comportement et de raisonnement palestinien. De la même manière, les palestiniens ne sont responsables de rien : s’ils tuent c’est qu’ils y ont été forcés. En revanche, les palestiniens ont des droits et ne se privent pas de les faire valoir devant les instances internationales. Inversement et tout comme Mohamed Merah, les palestiniens n’ont pas les moindres devoirs à l’égard de l’autre ou de la collectivité et grâce à l’Islam (qui autorise le meurtre dans certaines circonstances), les palestiniens restent cohérents avec leur mode de foi.

Une fois encore, c’est le modèle religieux islamique qui pose problème. le Dîn, en Islam, est le système qui est à la fois politique, religieux, militaire, économique, social, juridique dans un mécanisme de soumission à Allah et à son prophète Mahomet. Il n’existe pas de « libre arbitre » en dehors du mode de pensée islamique, et chacun agit, non en fonction de la justesse de ses actes mais de ce qu’il peut : « Allah n'impose à chaque âme que ce qu'elle peut porter, elle sera rétribuée selon se qu'elle peut porter, elle sera rétribuée selon ce qu'elle aura accompli et elle sera punie selon le mal qu'elle aura fait. » (Sourate 2 Verset 286). C’est tout le problème. Tant que les autorités religieuses islamiques n’admettront pas qu’il existe d’autres systèmes que le système islamique, et n’établiront pas de doctrine de la pensée religieuse dans un cadre plus global, les musulmans (soumis à Allah) resteront dans le déni, l’irresponsabilité et continueront d’invoquer les droits que leur confère le système démocratique, sans avoir à en supporter les contraintes, puisqu’issues d’un cadre philosophique qui ne les concerne pas.

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A tous nos chers lecteurs.

 

Ne vous est-il jamais venu à l'esprit d'en savoir un peu plus sur le titre de ce blog ?

Puisque nous nous sommes aujourd'hui habillés de bleu, il conviendrait de rentrer plus a fond dans l'explication du mot lessakel.

En fait Lessakel n'est que la façon française de dire le mot léhasskil.

L'hébreu est une langue qui fonctionne en déclinant des racines.

Racines, bilitères, trilitères et quadrilitères.

La majorité d'entre elle sont trilitères.

Aussi Si Gad a souhaité appeler son site Lessakel, c'est parce qu'il souhaitait rendre hommage à l'intelligence.

Celle qui nous est demandée chaque jour.

La racine de l'intelligence est sé'hel שכל qui signifie l'intelligence pure.

De cette racine découlent plusieurs mots

Sé'hel > intelligence, esprit, raison, bon sens, prudence, mais aussi croiser

Léhasskil > Etre intelligent, cultivé, déjouer les pièges

Sé'hli > intelligent, mental, spirituel

Léhistakel > agir prudemment, être retenu et raisonnable, chercher à comprendre

Si'hloute > appréhension et compréhension

Haskala >  Instruction, culture, éducation

Lessa'hlen > rationaliser, intellectualiser

Heschkel > moralité

Si'htanout > rationalisme

Si'hloul > Amélioration, perfectionnement

 

Gageons que ce site puisse nous apporter quelques lumières.

Aschkel pour Lessakel.

 

 

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