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23 janvier 2011 7 23 /01 /janvier /2011 08:37

 

 


 

Par MEIR ZAMIR 

 

Adapté par : Marc Brzustowski,

 

Pour © 2010 lessakele et  © 2010 aschkel.info

 
19/01/2011 00:41



http://www.jpost.com/Opinion/Op-EdContributors/Article.aspx?id=204242

 

 

Des documents, récemment mis en lumière, révèlent que les services secrets de Sa Majesté se sont assurés de l'entière collaboration des dirigeants arabes.

 

Charles De Gaulle et David Ben Gourion ont, chacun leur tour, accusé la Grande Bretagne de mener une politique d’intrigues et de conspiration au Moyen-Orient. De Gaulle, qui conduisait le gouvernement provisoire de la France à l’issue de la Seconde Guerre Mondiale, accusait Winston Churchill d’avoir délibérément fomenté la crise syrienne, à l’été 1945, afin d’évincer la France de sa position stratégique au Levant et de placer ainsi la Syrie sous l’hégémonie tacite de la Grande-Bretagne. Ben Gourion affirmait, aussi bien avant qu’après la déclaration d’indépendance de mai 1948, que la Grande-Bretagne travaillait ardemment au seul objectif d’empêcher l’établissement d’un Etat Juif, ou à tout le moins, de réduire autant que possible son territoire, et qu’elle avait secrètement encouragé les états arabes à l’envahir.  


En tout état de cause, en l’absence de preuves documentaires, les historiens se reposaient sur l'interprétation psychologique pour expliquer le mécanisme des accusations des deux dirigeants qui, soutenaient-ils, découlaient de leur “Anglophobie”, de leur “paranoïa » et de leur « obsession » quant au rôle joué par la Grande-Bretagne. On alléguait également que les mises en cause de Ben-Gourion étaient destinées à magnifier les réalisations héroïques des Sionistes, à partir de 1948.

 

Dans les années 1980, deux historiens britanniques, David Dilks et Christopher Andrew, mirent en garde leurs collègues contre le fait d’ignorer (ou sous-estimer) le rôle du renseignement dans les relations internationales – qu’ils définissaient comme la « dimension cachée », ou manquante – susceptible de déformer le sens de l’historiographie. Leur thèse a récemment été illustrée dans un article de cet auteur [MEIR ZAMIR] (« La dimension occultée », La Guerre Secrète Britannique contre la France en Syrie et au Liban, 1942-1945, Etudes Moyennes –Orientales, 46, 6, 791-899), qui examine le rôle des services secrets britanniques, spécifiquement du MI 6, au cœur des politiques arabes, durant et après la Seconde Guerre Mondiale.



L’article fournit plus de cent documents, antérieurement syriens et britanniques, tombés entre les mains des services secrets français à Beyrouth. Les documents, découverts dans les archives françaises, donnent corps aux allégations de De Gaulle, et jettent un nouvel éclairage sur les activités sous couverture des Britanniques au Moyen-Orient. Ils révèlent que les services secrets britanniques ont joué un rôle-clé dans le renforcement de la politique anglaise en s’assurant de la collaboration tacite de dirigeants nationalistes arabes de tout premier plan, en Syrie et au Liban, contre le fait de les avoir aidés à s’emparer du pouvoir.

 
Ils dévoilent aussi que les agents secrets britanniques étaient à l’origine de projets d’intégration de la Syrie au sein d’une confédération irakienne conduite par les Hachémites, ou encore, consistant à fondre la Transjordanie dans une confédération Grande-Syrienne plus vaste, en y intégrant la “Palestine”. Ces documents comprennent un accord secret du 29 mai 1945, révélant que le Président syrien Shukri al-Qwatli a été contraint d’offrir une position stratégique prédominante et une situation économique confortable à la Grande-Bretagne en Syrie, en retour de l’aide [qu'il avait] reçue contre l’attaque de l’armée française sur Damas (provoquée par les agents anglais eux-mêmes).



Les revendications des Syriens, selon lesquelles leur pays fut le premier état arabe à garantir sa complète indépendance à l’égard des régimes coloniaux sont, par conséquent, éminemment sujettes à caution. Dans cette perspective, il est hautement préférable de citer un télégramme du 5 novembre 1945, émanant du Ministre délégué syrien à Washington et envoyé à son Ministre des Affaires étrangères, qui fait référence aux déclarations faites par des diplomates américains :

 

« Aussi loin que l’influence britannique est concernée, le gouvernement américain pose la question suivante : « Devrions-nous reconnaître votre indépendance, juste parce que vous vous précipitez  dans les bras de la Grande-Bretagne ? » Leur ayant rappelé que la Grande-Bretagne nous avait délivré de l’oppression française, ils m’ont rétorqué : « Est-ce là une libération ? S’ils vous ont libérés, c’est tout simplement dans le but de vous utiliser pour leur propre compte. La Grande-Bretagne, sous prétexte de vous délivrer des Français, veut vous annexer, purement et simplement ! Nous ne permettrons pas à des Syriens à la mentalité féodale de vendre leur pays à la Grande-Bretagne ».


Des documents en voie de publication, des années 1945-1947 indiquent qu’après leur succès contre la France en Syrie, les services secrets britanniques, qui jouissaient même d’une plus grande liberté d’action au Moyen-Orient sous le gouvernement travailliste (anglais), ont employé des tactiques similaires contre le Mouvement Sioniste.


En fait, la “carte sioniste” devint vite un atout-maître utilisé par les agents britanniques pour conforter l’influence de leur pays dans le monde arabe, en jouant sur la peur de l’aspiration sioniste à un Etat Juif chez les Arabes.

 

Elle était également utilisée pour détourner l’hostilité des nationalistes arabes à l’égard de la Grande-Bretagne tout en justifiant, du même coup, la perpétuation de l’influence britannique dans le monde arabe.



Constantine Zurieq, un diplomate, membre de la délégation syrienne à Washington, qui, plus tard, devint un intellectuel très en vue du nationalisme arabe, et qui, le premier, a employé le terme de “Naqba”, à propos de la défaite arabe de 1948, a cité, dans un télégramme à Damas, le 7 novembre 1945, les avertissements d’un responsable américain du Département d’Etat :

« La Grande-Bretagne fait tout pour exploiter le conflit arabo-juif, parce que c’est le seul moyen pour elle de rester en Palestine, et de dominer tous les pays arabes. Le gouvernement américain désire vivement trouver une résolution à l’amiable entre les Arabes et les Juifs. Mais, il est convaincu que les autorités coloniales britanniques feront tout ce qui est en leur pouvoir pour empêcher cela, puisque la Grande-Bretagne prie pour que des incidents éclatent afin d’envenimer les choses en Palestine, d’y semer le chaos et que le sang soit répandu, de façon à y conserver sa place. »


Ces documents découverts dans les archives françaises obligeront les historiens, et, plus spécifiquement, ici (en Israël), à réexaminer les déclarations de Ben-Gourion au sujet du rôle de la Grande-Bretagne dans la guerre de 1948. Les historiens devraient prendre note d’avertissements récurrents, d’après lesquels : “l’absence de preuve n’est pas la preuve d’une absence ».



.

L’auteur enseigne l’histoire du Moyen-Orient à l’Université Ben-Gourion du Neguev (Beer-Sheva).


Son article, “La dimension cachée : la guerre secrète britannique contre la France en Syrie et au Liban, 1942-1945”, a été publié en novembre 2010, dans le cadre des études moyen-orientales et a été mis à disposition pour être téléchargé gratuitement à partir du site internet de la revue. Un article précédent, étudiant les actions secrètes de la France durant la guerre de 1948, est paru dans le même journal en janvier 2010. 

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A tous nos chers lecteurs.

 

Ne vous est-il jamais venu à l'esprit d'en savoir un peu plus sur le titre de ce blog ?

Puisque nous nous sommes aujourd'hui habillés de bleu, il conviendrait de rentrer plus a fond dans l'explication du mot lessakel.

En fait Lessakel n'est que la façon française de dire le mot léhasskil.

L'hébreu est une langue qui fonctionne en déclinant des racines.

Racines, bilitères, trilitères et quadrilitères.

La majorité d'entre elle sont trilitères.

Aussi Si Gad a souhaité appeler son site Lessakel, c'est parce qu'il souhaitait rendre hommage à l'intelligence.

Celle qui nous est demandée chaque jour.

La racine de l'intelligence est sé'hel שכל qui signifie l'intelligence pure.

De cette racine découlent plusieurs mots

Sé'hel > intelligence, esprit, raison, bon sens, prudence, mais aussi croiser

Léhasskil > Etre intelligent, cultivé, déjouer les pièges

Sé'hli > intelligent, mental, spirituel

Léhistakel > agir prudemment, être retenu et raisonnable, chercher à comprendre

Si'hloute > appréhension et compréhension

Haskala >  Instruction, culture, éducation

Lessa'hlen > rationaliser, intellectualiser

Heschkel > moralité

Si'htanout > rationalisme

Si'hloul > Amélioration, perfectionnement

 

Gageons que ce site puisse nous apporter quelques lumières.

Aschkel pour Lessakel.

 

 

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