Appel à la mobilisation, par Ghassan Najjar
Le 5 février est décrété "Journée de la colère" en Syrie. Le mur de la peur est tombé, les appels à la mobilisation se multiplient
Facebook, relayé par des sites syriens à l’étranger, fait trembler le régime
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lundi 31 janvier 2011 - 00h05, par Mediarabe.info

Les appels à la mobilisation se multiplient en Syrie, avec un détail important : leurs auteurs ne s’en cachent plus. Ils n’ont plus peur d’avancer à visage découvert. Il faut dire qu’ils n’ont plus rien à perdre. Ils préfèrent mourir dans la dignité que continuer à vivre dans l’humiliation et l’esclavagisme, depuis 48 ans.
Cet appel au peuple syrien et à sa jeunesse, aux héros de Syrie, vient d’être lancé sur Facebook par l’ingénieur Ghassan Mohammed Yassine Najjar, le 30 janvier 2011, et relayé par le site de l’Observatoire syrien des droits de l’homme.
Najjar s’adresse au « peuple fier de Syrie, aux braves jeunes Syriens de toutes catégories et classes sociales, aux descendants de Youssef Al-Azmé et Ibrahim Hanano, aux héritiers d’Ibrahim Al-Ali et Sultan Pacha Al-Atrach, aux enfants de Mohamed Al-Ashmar et Fares Al-Khoury, aux fidèles de Saïd Al-Aas et Khalid al-Azm, Mustafa Sibai, Choukri Al-Kouatli et Issam Al-Attar (...), aux jeunes de Damas, de Homs, de Hama et Alep, aux jeunes de chaque ville et village de notre chère Syrie, pour les mobiliser ».
Selon Najjar, « il ne faut plus se taire ni tolérer la tyrannie et la répression. Celui qui tolère la violation du droit est un démon muet. La coupe a débordé. Ô jeunes Syriens, vous êtes le seul espoir pour une vie meilleure. Car, nous, les plus âgés, nous avons vécu dans l’humiliation, une vie digne des esclaves. Mobilisez-vous, portez les drapeaux pour arracher la dignité et assurer un avenir meilleur. Sur vos épaules repose le futur Etat constitutionnel et démocratique, sur vos épaules reposent la justice sociale et l’emploi. Vous devez arrêter le pillage des ressources du pays et des biens du peuple. Nous ne voulons pas une révolution chaotique, mais une intifada structurée. Haussez le ton de façon civilisée ».
Aux intellectuels du pays, Riad Seïf, Riad Turk, Hassan Abdel Azim, Fidaa Hourani, Abdelhamid Darwiche, Nawaf Al-Bachir, Aref Dalila, Michel Kilo, Akram Al-Bunni (...), l’auteur demande « pourquoi ils se taisent ? Le pays ne vous appartient plus ? Il les invite à s’exprimer, à ne pas abandonner leur combat historique. Le peuple vous attend. Formez un comité de gestion de crise ».
A Bachar Al-Assad, l’auteur rappelle que « rien n’arrêtera le soulèvement d’un peuple en colère, compressé et comprimé. Ne compte pas sur ton clan ni sur sa puissance. Adresse-toi à ton peuple, dès aujourd’hui, car demain ce sera peut-être trop tard, et annonce à ton peuple ce qui suit :
1- la dissolution du Conseil du peuple élu par la fraude, 2- le limogeage du gouvernement corrompu et la formation d’un gouvernement de salut national, avec la mission d’organiser des élections libres et transparentes, 3- la modification de la constitution et l’adoption du pluralisme politique, 4- une amnistie générale, la libération des prisonniers politiques et d’opinion, et le retour des exilés ».
A l’adresse de Bachar Al-Assad, l’auteur ajoute : « Nous ne sommes pas hostiles à ta personne, mais à ton mode de gouvernance, à ton pouvoir tyrannique personnel, à la corruption généralisée et à la concentration des richesses entre les mains de ta famille et de ton clan ».
Najjar invite les partisans du Baas à renverser les symboles de la corruption et leur demande de ne pas oublier qu’ils font partie du peuple syrien, avec lequel ils doivent se solidariser.
Aux membres des forces de l’ordre, l’auteur rappelle que « les jeunes avides de liberté sont vos frères dans la patrie, ne les réprimez pas pour satisfaire un tyran, protégez-les, car ce sont le capital du pays et les outils du futur ».
Najjar conclut que « les Syriens ne sont pas moins courageux que les Tunisiens et les Egyptiens. Ils les invitent à s’organiser et à se structurer, à communiquer et à mettre en place plusieurs plans d’action alternatifs. Ainsi nous avions renversé les gouvernements qui ont trahi la cause palestinienne, nous avions vaincu l’axe de Bagdad, comme nous avions battu le pouvoir militaire de Chichakli. Le combat nous a coûté très cher : des dizaines d’années de prison dans les geôles du régime pour avoir rêvé d’une vie digne. Aujourd’hui, c’est à vous de cous mobiliser. Ne décevez pas les espoirs de votre nation. Samedi prochain, le 5 février, rejoignez le rassemblement à Damas, mobilisez-vous dans chaque localité de Syrie. Décrétez cette journée la journée de la colère. Le régime ne peut plus modifier la trajectoire de l’Histoire ».
Ghassan Mohammed Yassine Najjar, Le 30/01/2011
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