Il y a 3 semaines, c'est JF Copé qui se fendait d'un article dans Slate.fr, affirmant sans rougir que Gilo se tenait à Jérusalem-Est., et non à Jérusalem-Sud-Ouest, comme le veut la réalité topographique. Cette fois, il semble qu'ait été lancé en orbite le satellite Pierre Lellouche, dont il serait difficile de dire qu'il n'est pas un "ami d'Israël", à peine une à deux semaines après que Benyamin Netanyahou eût gelé la construction en Judée-Samarie, berceau du Peuple Juif.
Pas un mot sur le refus d'Abbas et Fayyad de reprendre les discussions à ce stade, suite à ce "geste fort" : on zappe et on exige, immédiatement, des conditions supplémentaires du seul Israël, en taxant la présence juive à Jérusalem de "colonisation" et le moindre aménagement de crèche comme étant un "bétonnage", (alors qu'il n'y a pas plus méticuleux que l'urbanisme israélien pour ne pas dénaturer la ville) ajoutant la caricature à la surenchère et à la méconnaissance historique dont on abuse savamment. On réduit par avance les résultats mêmes d'une négociation en poussant le camp palestinien à plus d'exigences encore et en lui offrant ce que doit être le "résultat" : donc, à quoi bon négocier?.
D'autre part, appartient-il à Israël de sauver Fayyad et Abbas de leurs propres appels à la démission ou à des déclarations unilatérales devant l'ONU?
De telles provocations mènent à l'impasse et sabordent toute discussion. Ne mériteraient-elles pas d'être fustigées avec autant de force? Le problème de cette Autorité n'est-elle pas son manque de légitimité et de courage aux yeux de la rue arabe à Ramallah même et surtout à Gaza face au Hamas. Et n'est-ce pas, là, la raison fondamentale de l'échec annoncé de tout accord futur? Si Netanyahou calme sa "droite", que fait Abbas pour en apporter au moins autant sur labalance, à l'égard de son propre Fatah et surtout du Hamas? Il se tourne les pouces?
La question n'est jamais : "je comprends la position israélienne, je comprends la position palestinienne et je propose une solution créative n'ayant jamais été posée jusqu'à présent. Car l'heure est sérieuse et il faut être inventif"... Mais "je ressors les vieilles recettes qui ont déjà échoué et je ravive le conflit par des prises de position unilatérales".
En encourageant la lâcheté et la flemme intellectuelle et politique, en niant par avance toutce que l'histoire récente du retrait de Gaza nous apprend, en usant de poncifs éculés, en tentant de pousser un gouvernement et un seul à l'implosion, en refusant notoirement toute prise de position progressive et équilibrée : à un geste devant en équivaloir un autre et ensuite, on verra, -ce qui est le propre d'une "feuille de route"- en insistant surtout sur le partage de Jérusalem comme une fatalité, malgré son utilisation symbolique pour nier toute légitimité à Israël, l'Europe perd tout rôle d'intermédiaire crédible.
La ville sainte n'a jamais été une capitale politique ou administrative arabe, sinon une "colonie" jordanienne annexée de 1947 à 1967, après l'expulsion des Juifs du coeur de la ville vers l'Ouest, à l'époque de guerres israélo-arabes qui n'ont plus cours. De plus, des avantages administratifs municipaux ou diplomatiques ne peuvent intervenir qu'à l'issue de la négociation et non être posés comme préalables. Le ton impératif de ce type d'Europe aux idées bien arrêtées, même si tronquées, n'aidera en rien à un progrès quelconque...
Il faut reconnaître que cette soif inextinguible de "concessions", de la part de l'Europe, décrédibilise et affaiblit Netanyahou, en croyant "renforcer Abbas", dans sa tentative de poser une première mesure permettant de discuter. La politique diplomatique de cette Europe-là est cousue de dénis successifs. L'électorat conçu en France comme "extrémiste" ne peut que s'en voir renforcé en démontrant avec la plus grande aisance que ce qu'a fait Israël ne suffira pas, jamais. l'Europe a manqué, à cause, principalement, de Chirac, donc de la France de l'époque que servait Lellouche, l'occasion de conseiller à Arafat d'accepter, malgré tout, le plan Barak de juillet 2000, en lui intimant à l'époque de ne pas accepter un "Bantoustan".Mais son seul jeu, sa seule marge de "manoeuvre", est de revenir un peu plus en arrière, à chaque fois, sur ses échecs précédents. Les Etats-Unis ont amené le Hamas au pouvoir à Gaza par leurs appels à la "démocratisation" sans institution pour la consolider. Ce que souhaite Netanyahou, aujourd'hui. La France de Lellouche résout les négociations par diktat avant qu'elles ne débutent et avant même qu'Abbas ne se soit assis à une table pour discuter, regardé Netanyahou droit dans les yeux! La France prohétique et hégelienne de Lellouche sait ce que doit être la "fin de l'histoire"!
Or, depuis, il y a eu une intifada, une prise de Gaza par les Islamistes du Hamas et demain, les Salafistes d'al Qaeda. Et donc, les conditions de tout accord accueilli avec des bombes et du sang ont dû être revues à la baisse. Mais cela, Monsieur Lellouche l'ignore d'un revers de manche. Le mépris pour la géopolitique d'autrui n'est pas un argument et ne le sera jamais, en simples termes de sécurité élémentaire et première liberté selon Sarkozy....
Il est vrai que lorsqu'on ordonne de ne rien faire lorsqu'on brûle le drapeau français à Toulouse ou qu'une insurrection se déroule sous la Tour Eiffel, on a beaucoup de leçons symboliques à donner à ceux qui savent encore ce que les notions "d'identité nationale" et de capitale souveraine veulent dire... A perdre le respect de soi-même, on ne gagne pas celui des autres.
Pierre Lellouche exhorte Israël à arrêter le « bétonnage de Jérusalem-Est » !!!
Le Figaro | AFP
http://www.desinfos.com/spip.php?page=article&id_article=16176
lundi 7 décembre 2009
Extraits : Le secrétaire d’Etat aux affaires européennes Pierre Lellouche a exhorté Israël à arrêter le "bétonnage" de Jérusalem-Est, se prononçant à titre personnel pour qu’elle devienne capitale du futur Etat palestinien, aujourd’hui sur Radio J.
"La poursuite de la colonisation, des constructions, ne facilite pas la survie du président Mahmoud Abbas, ...
" je crois que c’est dans l’intérêt de tous d’avoir un Etat palestinien le plus rapidement possible avec Jérusalem-est comme capitale", Il était interrogé sur un projet de texte de la présidence suédoise dans lequel l’UE se prononcerait en faveur "d’un Etat palestinien viable, comprenant la Cisjordanie et Gaza, avec Jérusalem-Est comme capitale".