LE PRAGMATISME DANS LES NÉGOCIATIONS DE PAIX

Par Maître Ramas-Muhlbach

Pour 

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Le 1^er mars 2011, le Président américain Barak Obama a invité cinquante responsables juifs américains, membres de la Conférence des Présidents des Organisations Juives Américaines, à un débat portant sur les bouleversements actuels au Moyen orient, le véto américain au Conseil de Sécurité des Nations Unies au sujet d’une résolution condamnant les constructions dans les implantations en Cisjordanie, et les perspectives de paix israélo palestiniennes. Le Président américain a certes, rappelé son soutien inébranlable à la sécurité d’Israël, son opposition à toute tentative de délégitimation d’Israël, et son engagement à parvenir à une paix qui garantira l’avenir des arabes et d’Israël. Il s’est toutefois montré intransigeant à l’égard de l’Etat hébreu en indiquant que « les Palestiniens n’avaient pas l’impression que le gouvernement Netanyahou était réellement prêt à faire des concessions territoriales ». Il a donc demandé à Israël de prendre davantage en considération le « processus de paix », comme si la paralysie actuelle des négociations de paix, était uniquement imputable à l’Etat hébreu. Le Président américain semble, en réalité, faire preuve d’un manque certain de pragmatisme.

1° sur la nécessité d’abroger les Chartes de l’Olp et du Hamas

Le Statut de Rome, adopté le 17 juillet 1998, a créé la Cour Pénale Internationale, Première juridiction pénale internationale, compétente pour sanctionner les crimes les plus graves (touchant la communauté humaine) commis à compter du 1^er juillet 2002. Il en est notamment du crime de génocide, défini par l’article 6 du Statut comme étant « un acte commis dans l’intention de détruire, en tout ou partie, un groupe national ethnique racial ou religieux » (tel , le meurtre, l’atteinte à l’intégrité physique des membres du groupe, la soumission intentionnelle du groupe à des conditions d'existence de nature à entraîner sa destruction physique totale ou partielle)…Est également visé le « crime contre l’humanité » défini par l’article7 du Statut, comme « un certain nombre d’actes perpétrés dans le cadre d’une attaque généralisée ou systématique dirigée contre une action civile et en connaissance de cause »…

Depuis le 3 décembre 2003, la Justice Pénale Internationale sanctionne également « l’incitation » à commettre de tels crimes (affaire du Rwanda). Or, c’est précisément le cas des Chartes de l’Olp (Fatah) et du Hamas, qui constituent les seuls cadres de pensée, d’éducation, de philosophie et de fonctionnement des palestiniens, et qui conditionnent leur état d’esprit. Ces documents, exclusivement focalisés sur l’éviction des juifs de la terre d’Israël suggèrent divers moyens pour ce faire : meurtres, terrorisme, enlèvement…, c'est-à-dire incitent au génocide ou au crime (contre l’humanité) des juifs. D’ores et déjà, et en attendant une décision palestinienne visant à abroger ces documents, il est tout à fait loisible, pour le Président Barak Obama,  de saisir le Procureur de la Cour Pénale Internationale afin qu’elle l’ordonne. A défaut, toute négociation de paix est vouée à l’échec.

2° sur l’expression démocratique des palestiniens

Mahmoud Abbas (membre du Fatah) a souhaité organiser des élections démocratiques dans les territoires palestiniens en septembre 2011, avant de laisser planer un doute sur leur tenue, en raison du refus par le Hamas, de les organiser sur la bande de Gaza (Une précédente tentative avait été entreprise en janvier 2010, puis annulée pour le même motif). Il conviendrait donc de savoir si Mahmoud Abbas (qui n’a d’ailleurs plus aucun mandat depuis 2 ans) entend désormais respecter la volonté des palestiniens et la Loi palestinienne. En effet, le 17 juin 2007, il avait limogé Ismaïl Haniyeh (Hamas) de son poste de Premier ministre et nommé, en ses lieu et place, Salam Fayyad (du Fatah) bien que la loi palestinienne lui faisait obligation de désigner un membre de la majorité parlementaire, en l’occurrence émanant Hamas. Ce refus, par Mahmoud Abbas, d’appliquer la loi palestinienne, a été à l’origine de la scission de la Cisjordanie et de la bande de gaza. Aucun accord ne semble aujourd’hui en mesure d’être adopté tant que les palestiniens ne se seront pas individuellement prononcés sur le mandataire chargé de les représenter. A défaut, les accords passés pourraient être immédiatement dénoncés comme n’ayant pas été pris par une personne ayant qualité pour les passer. Sur ce point, il conviendrait pour le Président Obama, qu’il invite les palestiniens, avant toute négociation, à désigner un représentant (qui ne soit ni de l’Olp ni du Hamas).  

3° la configuration géopolitique contemporaine

Le 3 mars 2011, le Président Abbas a rappelé sa vive opposition à la création d’un Etat palestinien dans des frontières provisoires. Aussi, maintient-il sa position concernant les frontières (imaginaires) de 1967 afin de pouvoir établir la capitale de la Palestine à Jérusalem Est, ce vers quoi semblent également s’orienter l’Union européenne, la Russie et les Nations-Unies,(susceptibles de formuler prochainement  une déclaration sur ce point). Une fois encore, la configuration géopolitique n’est ni le résultat de la méthode Coué, ni fonction d’une situation fantasmée, mais exclusivement le résultat d’une reconnaissance de la réalité géopolitique. Mahmoud Abbas qui aimerait bien conserver son nom dans l’histoire comme étant celui qui a permis l’émergence de l’Etat palestinien, doit donc s’en tenir à la stricte réalité. Il existe un Etat palestinien de gaza (sur la bande de Gaza), un Etat palestinien de Cisjordanie (avec Ramallah comme capitale) sur les terres de Cisjordanie non annexées par Israël et en dehors des implantations qu’il contrôle. Restera simplement à créer aux côtés d’Israël et des deux Etats palestiniens, un « Etat binational Judéo-Palestinien d’Hébron », avec une souveraineté partagée, juive et palestinienne. Hébron est, en effet, la ville d’Abraham qui a donné naissance à Isaac et Ismaël, dont les lignées respectives ont adopté le judaïsme et l’Islam. La Mosquée d’Abraham, dans la ville d’Hébron, comprend d’ailleurs une mosquée à côté de la synagogue où les croyants juifs et musulmans priaient (il y a quelques années), dans un esprit bon enfant. Barak Obama serait bien inspiré d’encourager la consécration de cette configuration qui traduit fidèlement les souverainetés respectives actuelles.

4° l’introspection de l’Islam   

Les juifs, en Europe, ont été discriminés, massacrés et persécutés, pendant deux mille ans, réputés collectivement responsables de la mort de Jésus (voir notamment l’Evangile selon Matthieu (27,25)  « son sang sur nous et sur nos enfants »). Cette thèse est désormais abandonnée et le premier Ministre Benjamin Netanyahou a, le 3 mars 2011, félicité le pape Benoit XVI, pour son dernier ouvrage, dans lequel il a, une nouvelle fois, rejeté toute culpabilité des juifs dans cet évènement. De la même manière, il conviendrait pour l’Islam de faire sa propre introspection et d’examiner, d’analyser et de méditer les sourates qui affirment que les juifs sont un peuple maudit par le Ciel (Coran 5,78), qu’ils doivent être dominés par les arabes (7,167), qu’ils ont supprimé des écritures l’annonce de la venue de Muhamad (4,46), qu’il s’agit d’un peuple d’impies (5,26)… Barak Obama ne doit en effet, pas négliger l’influence de la religion, qui, dans le monde de l’Islam, est le seul moyen d’accéder à la connaissance. Sur ce terrain également, un peu de pragmatisme pourrait conduire à une autonomie des systèmes religieux et à leur coexistence harmonieuse, sans que l’un d’eux ne cherche à détruire celui (ceux) qui l’a (l’ont) précédé (s).