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LE RETOUR AUX RELENTS ANTI-ISRAELIENS DU QUAI D’ORSAY
Par Jacques BENILLOUCHE
Hervé Marie-Joseph de Charette de La Contrie cherche à exister. Complètement oublié des français, il s’attendait à revenir au devant de l’actualité à l’occasion des élections régionales mais il n’a pas supporté que le parti UMP, auquel il appartenait, ait préféré renouveler ses militants pour laisser la place aux jeunes en ne lui attribuant aucune place sur ses listes. Profondément vexé, il a préféré tourner sa veste en quittant son mouvement pour rejoindre le parti croupion du Nouveau Centre où là, plus ancien dans le grade le plus élevé, il arrive à faire entendre sa voix lors des questions au gouvernement.
Volonté d’exister
Le 24 mars, Hervé de Charrette s’en est pris à Bernard Kouchner à l’Assemblée Nationale à l’occasion des questions au gouvernement. Son réquisitoire contre Israël a été jugé excessif selon les propres termes du ministre des affaires étrangères qui faisait implicitement référence à Talleyrand qui avait dit : « Tout ce qui est excessif est insignifiant ». Il a commencé son interpellation par : « jusqu’à quand l’Europe et avec elle la France vont-elles continuer de supporter sans réagir la politique réactionnaire du gouvernement israélien à l’égard du peuple palestinien ». Le député donnait le ton ensuite en faisant suivre son texte d’une série de vérités et contre-vérités qu’il avait décidé d’égrener tandis que le ministre réagissait par des moues et des mimiques, laissant apparaitre son agacement.
Un député français a bien sûr le droit de fustiger l’Etat d’Israël mais le jeu de la démocratie n’autorise pas les excès ou un parti-pris car les critiques perdent toujours de leur force exemplaire si elles ne sont pas accompagnées de solutions originales pour résoudre le problème israélo-arabe. Bernard Kouchner a d’ailleurs soulevé ce point en faisant comprendre à son collègue que les condamnations, déversées dans la haine et non justifiées de propositions, étaient stériles.
Pourtant Hervé de Charrette aurait pu faire preuve de pragmatisme lorsqu’il a été ministre des affaires étrangères du gouvernement Juppé de 1995 à 1997. Or il ne semble pas avoir laissé un souvenir impérissable dans une fonction où il avait autorité pour faire avancer le débat israélo-arabe. L’Histoire, ou plutôt le Parlement, n’a aucune trace d’une quelconque initiative dans ce domaine. Le journal Libération n’avait pas été tendre en mars 1997 lorsqu’il avait mis le doigt sur son incompétence. « Depuis qu'il s'est trouvé parachuté à la tête du Quai d'Orsay après l'élection de Jacques Chirac, ce protégé de Valéry Giscard d'Estaing sait qu'il doit affronter les railleries de ses pairs, dont certains trouvent incongrue la présence de ce néophyte à la tête de la diplomatie française. Une présence qui, il est vrai, doit plus aux subtils accommodements au sein de la droite qu'à un génie particulier pour gérer les affaires du monde. ». Dont acte.
Lobby pro-arabe
Il faut dire que ce soudain intérêt pour une région où même les Grands se sont cassé les dents s’explique par la nouvelle fonction de président de la Chambre de Commerce franco-arabe qu’il occupe depuis juin 2008. Il était important de mentionner ce statut pour expliquer que son intervention perd de sa neutralité et surtout de sa crédibilité puisqu’elle peut être interprétée comme une activité de lobbying pro-arabe développée en France.
Dans sa démarche Hervé de Charrette ne fait que reprendre la tradition du Quai d’Orsay, dont il fut l’animateur pendant deux ans, qui à toutes les époques et sous différents régimes, a entretenu à l’égard d’Israël une haine permanente. On se souvient peu, en effet, que le ministère des affaires étrangères français s’était opposé à la création d’un Etat juif en 1947 en proposant au gouvernement l’abstention lors du vote historique à l’ONU du 29 novembre. Nous devons à Léon Blum d’avoir fait infléchir la décision finale. Mais, alors que les Etats-Unis et l’URSS avait reconnu l’Etat d’Israël dès le 15 mai 1948, le ministère français avait attendu le 29 janvier 1949 pour envoyer une missive officielle de reconnaissance. Cette carence sélective n’avait pas empêché l’avènement d’une période idyllique, s’étendant de 1956 à 1967, entre la France et Israël malgré l’animosité qui imprégnait les sentiments du Quai d’Orsay. Les relations se sont cependant aggravées à l’arrivée au pouvoir du Général de Gaulle. Son ministre Couve de Murville décida de vider le Quai des amis d’Israël et il recruta des diplomates, issus de la vieille aristocratie catholique à particule, profondément pro-arabes, qui réussirent à défaire en quelques mois les liens amicaux tissés avec l’Etat juif pendant dix ans.