Le rôle réel de la Turquie durant la seconde guerre mondiale.
par Nina, pour http://lessakele.over-blog.fr et www.aschkel.info
On nous a souvent présenté la Turquie comme le pays qui sauva ses ressoritissants juifs durant la seconde guerre mondiale. Il y eut quelques diplomates qui tentèrent et réussirent à sauver des personnes du départ de quelques wagons vers les camps de la mort.
C'est louable bien sûr et il n'y a rien à redire sur ce point. Ce sont des Justes parmi les nations.
Toutefois, ces actions furent le fait de quelques hommes et non la volonté de l'Etat Turc comme certains aimeraient nous le faire croire.
Alexandre Adler, par exemple, ne cesse de nous vendre les bons côtés de l'histoire juive sous les différents régimes Ottomans.
Qui n'a pas été ébloui par l'incroyable saga des Mendès, originaires d'Espagne, passés au Portugal, aux Pays Bas puis par l'Italie ? Donna Gracia et ses neveux ont dû souvent déjouer la haine des Rois très catholiques et leur histoire serait digne d'un grand film.
Don Joseph Nasi, neveu de la veuve la plus riche d'Europe a dû prendre les rênes d'un empire financier, la banque Mendès et le sauver de l'avidité des monarques du 16è siècle. L'Eglise aussi convoitait le trésor. A défaut de n'avoir pu les éliminer physiquement ou en faire de bons chrétiens qui ne judaïseraient pas en secret, le Pape Pie III (tiens...encore un Pie), envoya force agents secrets afin de localiser la famille de Donna Gracia-Nassi-Mendes.
Il s'en est fallu de peu que toute cette famille qui, indépendamment d'être très riche, était fondamentalement juive, ne soit anéantie. Même si, au lendemain de l'arrêt d'expulsion des juifs d'Espagne (1492), ils durent s'enfuir au Portugal et se convertir au catholicisme, les Mendès-Nasi continuaient clandestinement à honorer la foi de leurs pères.
Les voilà donc à Venise, après tant de voyages, de fuites pour échapper au couroux des Rois et du Pape. La Sérénissime est assiègée par la flotte Turque et va bientôt tomber. C'est alors que Soliman accepte de recevoir Don Joseph Nasi et propose l'asile à sa famille ainsi qu'à tous les juifs qui en feront la demande.
Cela n'est pas gratuit, mais préserver sa vie et celle de ses frères est un commandement majeur.
Les Mendès-Nasi, une fois hors de danger, n'auront de cesse de sauver tous les juifs qui fuient l'horreur inquisitoriale. Ils rachèteront des bateaux entiers d'esclaves juifs en partance pour des pays où ils n'étaient pas sûrs d'arriver vivants et encore moins d'échapper à la pire des conditions.
Oui, les juifs avaient trouvé un endroit où, tout en payant l'impôt de l'infidèle, ils pouvaient cependant survivre dans des conditions relativement bonnes. Bien sûr, ils n'avaient pas le droit de prétendre à certains postes et devaient subir bien des humiliations, mais ils étaient vivants.
Ce n'est pas ce cours d'histoire que je voulais donner. J'en serais incapable mais l'extraordinaire épopée de la famille Mendès mérite d'être contée encore et toujours.
Ce que je tente de faire est de démêler le vrai du faux. Tous, nous avons en mémoire cette commémoration de 2005 à Auswchitz-Birkenau où furent cités les noms des 20 diplomates Turcs ayant contribué au sauvetage de nos frères juifs durant la seconde guerre mondiale.
Ils étaient des hommes, seuls, face à leur conscience et surtout face à leur pays : la Turquie.
Beaucoup d'entre vous serez comme moi, un peu renseignés sur le comportement de cette Turquie entre 1939 et 1945. La neutralité ? Vraiment ?
Il semblerait que non. Voici un livre paru en 2009 : "La Turquie, les Juifs et l'holocauste" par Corry Guttstadt (Verlag Assoziation A, Berlin).
L'historienne y présente un travail bien documenté, basé sur des archives turques et allemandes, concernant le comportement de la Turquie durant la seconde guerre mondiale. L'image d'Epinal en prend un coup.
On nous a trompé. Voici ce que dit en substance Corry Guttstadt, preuves à l'appui :
Les Juifs turcs ont été abandonnés au nazisme
En refusant de rapatrier les Juifs venus de Turquie, comme l’Allemagne nazie le lui avait demandé en octobre 1942, Ankara se serait rendu coupable d’un « refus d’assistance » à leur égard. Attitude qui aurait coûté la vie à 2 500 d’entre eux. Cette thèse est avancée par l’historienne allemande Corry Guttstadt, auteure de la première étude académique sur la question. Après la chute de l’Empire ottoman en 1923, quelque 70 000 Juifs de Turquie avaient choisi l’exil en Europe face à la montée d’un nationalisme qui déniait les droits des minorités. Pendant la Seconde Guerre mondiale, jusqu’en février 1945, l’Etat turc était resté neutre. « Il avait donc tout à fait la possibilité d’influencer le régime nazi ou d’intervenir pour sauver ses ressortissants », commente Martin Kroeger dans la Frankfurter Allgemeine Zeitung. « Mais au final, Ankara n’a rien fait, parce que son intérêt primordial était d’empêcher les Juifs turcs de revenir au pays ». Taxer la Turquie de passivité semble en-deçà de la vérité. Non seulement, elle n’a pas rapatrié ses citoyens Juifs mais elle les a déchus de leur nationalité, rappelle Corry Guttstadt, les privant de leur dernière protection face à la machine de mort nazie. Son étude n’est sans doute pas la dernière ; il reste d’autres archives à explorer. L’auteure a trouvé porte close devant celles du ministère des Affaires étrangères turc.
La vérité a besoin de respirer. On ne doit pas ignorer sous peine de revivre les même tourments, combien les juifs furent isolés.
Aujourd'hui, plus que jamais, sachons que nous et nous seuls sommes à même de nous entraider.
L'amour c'est la solidarité. Le judaïsme c'est sentir ce lien qui nous unit depuis des millénaires. C'est pleurer lorsqu'un soldat meurt en Israël, ressentir une fierté lorsqu'un savant juif fait des découvertes qui feront avancer l'humanité, avoir honte lorsqu'un juif aura trahi les siens, ne pas jouir pleinement de nos petits bonheurs quotidiens parce que tous nos frères ne sont pas à l'abri.
Dona Gracia hantait les quais de Constantinople tous les matins pour racheter ses Juifs enchaînés sur des bateaux. Elle, la noble femme riche n'a eu de cesse de déjouer tous les complots pour l'amour de la foi de ses pères, pour l'amour des Juifs.
Sachons nous souvenir de ses actions. Sachons nous souvenir qu'être juif c'est d'abord aider, protéger nos frères où qu'ils se trouvent. Sinon à quoi bon ?
Admettons une fois pour toute que nous ne sommes pas un peuple ordinaire.